Trump privé de réseaux sociaux, merci mais c’est un peu tard

L’HUMEUR DU JOUR – À la suite de messages ayant débouché sur les violences de mercredi 6 janvier au soir à Washington, Twitter, Facebook et YouTube ont suspendu les comptes du président américain. Ce sont ces mêmes platerformes qui, depuis quatre ans, ont laissé s’installer un climat délétère.

Par Jérémie Maire

Publié le 07 janvier 2021 à 15h40

Mis à jour le 07 janvier 2021 à 15h41

Le tweet d’un militant pro-démocratie, perdu dans l’océan des messages postés hier soir pour commenter l’invasion du Capitole à Washington par des militants d’extrême droite, sonne comme une blague douce-amère : « Dommage qu’organiser un coup d’État ne soit pas considéré comme une violation des conditions d’utilisation de Twitter :(. » Il aura fallu attendre ce 6 janvier au soir pour que Donald Trump, qui avait appelé ses partisans à se rassembler devant les lieux de pouvoir de la capitale américaine, soit finalement privé de parole par les différents réseaux sociaux. Sur Twitter, trois messages ont été retirés et la plateforme a suspendu le président pour une durée de douze heures, et plus s’il n’efface pas lui-même les messages incriminés. Son compte sera supprimé de manière permanente à la prochaine infraction. Sur Facebook, sa page est bloquée pour vingt-quatre heures.

Ces actions sont de grandes premières. Doit-on pour autant se réjouir de voir le président des États-Unis réduit ainsi au silence ? D’autant que c’est ironiquement la vidéo appelant – très modérément – les émeutiers au calme qui a d’abord sauté. On pourrait plutôt constater qu’il est bien tard pour agir : voilà plus de quatre ans que le président tweete sans garde-fou ni sanction (hormis quelques messages masqués ou affublés d’un avertissement) ses provocations, théories du complot, messages racistes et, dernièrement donc, appel à la sédition (par ailleurs considéré comme un crime aux États-Unis). Ce n’est pas un silence contraint de quelques heures qui effacera le mal fait par le laxisme de ces plateformes, qui ont largement contribué à préparer le terrain à ce genre d’actions au Capitole. Et à alimenter le climat délétère que connaissent les États-Unis et d’autres démocraties à travers le monde.

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