Fondateur et responsable du Massilia Socios Club, Julien Scarella travaille depuis près de cinq ans pour faire émerger un système « socios » au sein du club phocéen. Pour Le Zéphyr, il revient sur les dernières sorties médiatiques du président de l’OM, avec un constat choc : Jacques-Henri Eyraud n’aime pas son club.

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Le Zéphyr : Il y a quelques heures, La Provence évoquait les critiques acerbes formulées par le président de l’Olympique de Marseille à l’encontre de ses supporters et, notamment, de René Malleville. Qu’en avez-vous pensé ?

Julien Scarella : Pour être tout à fait franc, cela fait plusieurs jours que je voulais intervenir à propos de ces sorties médiatiques. Je me demande quel est le problème de notre cher président. J’ai l’impression qu’il ne peut pas s’empêcher de parler et de nuire à son image. Il creuse, à chaque sortie, le désamour qui le sépare de Marseille. De l’extérieur, on pourrait facilement imaginer que Jacques-Henri Eyraud est un imbécile.

Ce n’est pas le cas. Il ne partage tout simplement pas notre vision du football et notre amour de Marseille. Je ne pense même pas qu’il aime le foot. A contrario, Eyraud aime le monde de l’entreprise, les bilans de fin d’année, les courbes de croissance et le chiffre d’affaires.

« Eyraud méprise les supporters »

Est-ce si mauvais que cela d’augmenter le chiffre d’affaires d’un club comme l’OM ?

Absolument pas. En revanche, Eyraud essaie de l’accroître en laissant de côté ses premiers partenaires : les supporters. On le voit dans les services qu’il développe avec son équipe. Il se tourne vers un nouveau public de consommateurs lambda et, peut-être, plus rentables à court terme. Je pense qu’il est en croisade pour le foot business. Ses sorties médiatiques s’adressent directement à ces nouveaux consommateurs et aux sponsors qu’il tente de draguer. Et cela, contre les valeurs, l’histoire, et l’intérêt du club.

Comment le président de l’OM a-t-il exposé son plan et sa vision quand le Massilia Socios Club l’a rencontré en 2017 ?

Nous l’avons rencontré à une époque où il était en phase d’observation et de compréhension de l’environnement marseillais. C’est d’ailleurs l’époque où il ne tarissait pas d’éloges à propos de supporters comme René. Mais, à travers nos discussions, nous avons vite compris qu’il voulait faire bouger les lignes. C’est d’ailleurs dans son champ lexical, quand il dit vouloir « renverser la table » et lorsqu’il présente Netflix et le jeu vidéo FIFA comme étant les vrais concurrents de l’OM. En vérité, Eyraud méprise totalement les supporters. Il cherche à s’en détourner.

C’est-à-dire ?

Son but ultime, c’est le chiffre d’affaires. C’est pourquoi il tente d’aller chercher des footix (supporters d’apparat n’ayant, en réalité, aucune attache avec le club, ndlr) en leur vendant des services et des abonnements de toutes sortes. Il est à contre-emploi de la mission qu’on lui a confié et qui devrait être la sienne. En tant que supporter, je suis extrêmement triste de voir mon club représenté par un ennemi du football.

« Il travestit l’essence du sport »

Le développement économique n’est pas antinomique avec les valeurs d’un club…

Il faut cependant que ce développement se fasse par le sportif et qu’il génère un engouement populaire. Vouloir dépassionner les débats et la gestion du club est une erreur.

Je pense que le président Eyraud est en croisade pour le foot business

Julien Scarella, fondateur du Massilia Socios Club

Quelle est la vision du Massilia Socios Club à ce propos ?

Nous voulons un football par et pour le peuple, un football passionné qui correspond à la manière dont les gens vivent ce sport. Eyraud est un arriviste qui a perçu une manne financière énormissime à Marseille. Il a pensé pouvoir s’en servir. Et, pour ce faire, il travestit l’essence de ce sport.

les couvertures du Zéphyr

Quel regard portez-vous sur les derniers propos du président de l’Olympique de Marseille ?

Je le vis comme une absurdité et une agression. Le football est synonyme de territoire, d’identité, de culture. On défend un quartier, une ville, un pays. On défend une part de soi. On peut attirer des talents venus d’horizons différents. C’est un fait. Mais ce qui meut les gens, c’est la passion et l’engagement. Et si on doit se référer aux meilleurs clubs du monde que sont le Réal Madrid, le FC Barcelone, la Juventus Turin ou le Bayern Munich, on constate qu’ils ont bâti leur succès sur une histoire et sur le respect de leur culture. Le tout, en s’appuyant sur la présence de glorieux anciens dans leurs organigrammes.

Le football est synonyme de territoire, d’identité, de culture.

Julien Scarella, Fondateur du Massilia Socios Club

Au-delà, c’est la compétence des supporters qui est niée, non ?

Tout à fait. Quand le Massilia Socios Club se lance, il rassemble des entrepreneurs, des communicants, des juristes, des étudiants, des journalistes. Il mise avant tout sur l’intelligence collective et prouve que les supporters peuvent s’engager, travailler en grands professionnels et faire de belles choses.

Que voudriez-vous dire au président Eyraud ?

Merci pour ce moment (Rires) ! Je trouve dingue qu’un homme comme lui s’autorise à donner des leçons à tout Marseille quand on voit son bilan économique. / Propos recueillis par Jérémy Felkowski