Pyongyang attire l’attention de la communauté internationale par les annonces qui se succèdent depuis l’ouverture, le 5 janvier dernier, du VIIIe Congrès du Parti du travail. Le 10 janvier, Kim Jong-un a ainsi été promu à l’unanimité secrétaire général du Parti, d’après le journal nord-coréen Rodong Sinmun, ajoutant que cette nouvelle fonction “équivaut à celle de Grand Leader”, “moteur de la révolution, pilier de la cohésion et du leadership”. Il en avait d’abord été le premier secrétaire quand il était arrivé au pouvoir en 2012 après la mort de son père, Kim Jong-il, puis avait été nommé président en 2016, rappelle le journal sud-coréen Daily NK, en faisant remarquer que “secrétaire général” était également le titre officiel de son père et de son grand-père Kim Il-sung. “Kim Jong-un, qui a réussi à asseoir son pouvoir depuis qu’il l’a pris il y a neuf ans, entérine ainsi son statut de dirigeant suprême”, analyse le journal.

La presse sud-coréenne observe par ailleurs que la sœur du dirigeant, Kim Yo-jong, très médiatisée depuis sa visite en Corée du Sud à l’occasion des Jeux olympiques de Pyeonchang, en février 2018, n’a pas fait l’objet d’une promotion particulière.

Dans son allocution lors de l’ouverture du congrès, Kim Jong-un a reconnu que “les objectifs économiques du dernier quinquennat n’avaient pas été atteints”, surprenant ainsi la communauté internationale par “un franc-parler et un leadership pragmatique qui sont devenus ses marques”, selon les termes de Hankyoreh. Le quotidien coréen attire l’attention sur le fait qu’“il n’a pas usé de la rhétorique traditionnelle qui consiste à attribuer les échecs à la ‘politique hostile des États-Unis impérialistes et de la Corée du Sud visant à isoler et à anéantir la République’, mais a préféré évoquer ‘toutes sortes de tentatives extérieures et intérieures pour freiner les progrès’”.

Ce qui n’a pas empêché le dirigeant suprême d’affirmer le 9 janvier qu’il faut concentrer les efforts pour vaincre les Américains, les principaux ennemis du pays”, et d’officialiser l’existence du programme de construction d’un sous-marin nucléaire lanceur d’engins (SSBN). “Trois ans après les négociations pour la dénucléarisation, Pyongyang réaffirme ainsi son statut de ‘pays possesseur de nucléaire’ et affiche sa volonté de fabriquer d’autres armes nucléaires qui changent la donne actuelle en visant directement la Corée du Sud et les États-Unis”, constate Donga Ilbo. Hankook Ilbo analyse : “À l’approche de l’investiture de Joe Biden prévue le 20 janvier prochain, les Nord-Coréens veulent montrer que ce sont eux qui mènent la danse et qu’ils sont capables de nouvelles provocations si la nouvelle administration américaine ne met pas fin à la politique américaine d’hostilité à leur égard.”