États-Unis : Lisa Montgomery, première femme exécutée par les autorités fédérales depuis 70 ans

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États-Unis : Lisa Montgomery, première femme exécutée par les autorités fédérales depuis 70 ans

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Les exécutions fédérales ont lieu à Terre-Haute, dans l'Indiana
Les exécutions fédérales ont lieu à Terre-Haute, dans l'Indiana
© Getty - Sopa Images

MISE À JOUR - Lisa Montgomery, 52 ans, a subi ce mercredi une injection létale, après avoir bénéficié mardi d'un court sursis, accordé à la dernière minute par un juge, afin d'évaluer son état mental. Le rythme des exécutions fédérales a subitement augmenté sous la présidence Trump.

La dernière fois, c'était en 1953. Bonnie Heady était exécutée dans une chambre à gaz du Missouri pour l'enlèvement et le meurtre d'un garçon de 6 ans. Près de 70 ans plus tard, Lisa Montgomery est devenue mercredi la première femme exécutée par injection létale en près de 70 ans, sur décision de la justice fédérale

Alors qu'elle devait être exécutée mardi, un juge avait ordonné in extremis de sursoir à son exécution, le temps de permettre une évaluation de son état mental. Mais une cour d'appel saisie par le ministère de la Justice a annulé cette décision, et la Cour suprême a validé cette annulation. Ces six derniers mois, l'administration Trump a planifié plus d'exécutions que sous n'importe quel autre président des États-Unis depuis le début du 20e siècle. 

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Vol de foetus

Agée de 52 ans, Lisa Montgomery a été condamnée à la peine capitale pour avoir tué une femme enceinte de huit mois dans le but de lui voler son bébé, en 2004. Ne pouvant pas avoir d'enfant elle-même, elle avait repéré sa proie sur un forum de discussion et s'était présentée à son domicile sous le prétexte de lui acheter un chien. La victime avait été retrouvée étranglée, l'utérus découpé au couteau de cuisine. La petite fille, elle, a survécu. 

Seule femme dans les couloirs de la mort de la justice fédérale américaine, Lisa Montgomery a adressé une demande de clémence à Donald Trump, mettant en avant un parcours de vie marqué du sceau de l'horreur. Violée en réunion par son beau-père et les amis de celui-ci, prostituée par sa mère, mariée à son demi-frère et de nouveau violée, la condamnée à mort souffre par ailleurs de graves problèmes mentaux. Autant d'éléments sur lesquels ses avocats s'appuient pour demander que sa peine soit transformée en prison à perpétuité.

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Aucun autre président que Trump n'a approuvé autant d'exécutions

Mais jusqu'ici, Donald Trump, fervent défenseur de la peine capitale, n'a accepté aucune demande de clémence. Surtout, sous sa présidence, le nombre d'exécutions fédérales a bondi : aucun autre locataire de la Maison Blanche n'en a approuvé autant.

Rarissimes auparavant, mises sur pause depuis 2006 en raison d'interrogations sur la légalité des drogues utilisées, les injections létales ont repris en juillet dernier, malgré la pandémie. Et à un rythme effréné. En l'espace de six mois, le gouvernement fédéral a exécuté dix condamnés à mort

La justice fédérale ne se saisissant que des crimes les plus graves, il faut ajouter à ce chiffres les sept exécutions menées par les États fédérés en 2020. Au total, au cours de l'année qui vient de s'écouler, 17 détenus ont donc été exécutés sur le sol américain. Fait notable : c'est la première fois que les exécutions fédérales sont plus nombreuses que celles effectuées par les États.

Jusqu'au bout 

Par ailleurs, depuis 131 ans, la tradition américaine veut que les présidents sortants diffèrent les exécutions  fédérales en attendant l'arrivée de leur successeur. Visiblement décidé à ne tenir compte d'aucun des usages auxquels se plient habituellement les locataires de la Maison Blanche, Donald Trump a planifié plusieurs injections létales avant l'investiture de Joe Biden

Lisa Montgomery est la première femme exécutée par le gouvernement fédéral depuis 1953, et la 17e depuis 1976, en tenant compte des exécutions menées par les États. 

Depuis 1976, 1 529 personnes ont été exécutées, aux États-Unis. Les femmes représentent 2% des détenus dans les couloirs de la mort. D'après un sondage Gallup, 55% des Américains restent favorables à la peine capitale, 79% chez les républicains. Le président élu Joe Biden a, lui, promis de travailler avec le Congrès pour mettre fin aux exécutions fédérales.

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