Sur la chevelure de Roland H., deux épis dessinent des cornes de diable. Dans le box de la cour d’assises du Var, un monstre? À la lecture de l’ordonnance de mise en accusation et après les premières dépositions des témoins, le raccourci est facile. Trop, assurément.
Le septuagénaire répond jusqu’à mercredi de faits de viols, d’agressions sexuelles et de corruption de mineurs.
Il est notamment accusé d’avoir violé, entre 2008 et 2016, Elena, alors mineure, après avoir demandé l’autorisation à sa mère, qui a participé à plusieurs reprises aux faits dans l’appartement familial de La Seyne…
Lundi, malgré l’absence de la victime, enceinte et alitée, la cour a cherché à comprendre comment de tels faits ont pu advenir. Pour cela, elle s’est penchée sur le passé et la personnalité des accusés.
Il y est apparu que Roland H. possède une nature psychorigide qu’il a pu développer lors de sa vie de militaire. "Il n’est pas psychotique mais très égocentrique, remarque l’expert psychiatre. L’autre n’existe pas dans son histoire." Même pas ses dix enfants, fruits de quatre unions, dont il avoue ne pas connaître les prénoms, à part pour le petit dernier...
"Déni de l’altérité"
En 2007, il s’installe avec Katia B., de 25 ans sa cadette. Et si pour Roland H. "ce déni de l’altérité" explique le passage à l’acte, la mère d’Elena "n’existe qu’à travers l’autre. Même en ce qui concerne son corps".
Elle-même victime de viols dans son enfance, elle a semblé regretter son geste devant les experts qui l’ont examinée en détention. "Lui voulait et elle se soumettait", résume la psychiatre Dolorès Torres.
Sur fond d’alcool et de violences, quatre enfants de Katia sont venus raconter en détail à la barre que le couple abusait régulièrement d’Elena. Allant jusqu’à filmer leurs ébats. Une preuve pour Roland H. que la jeune fille, alors âgée de 14 ans, était consentante et amoureuse.
Des "sentiments" qui devaient flirter avec le sordide à en croire l’un des frères d’Elena.
À la barre, il est venu reconnaître que sur ordre de son beau-père, il avait un jour "pénétré" sa sœur. Révélation que ni lui ni Elena n’avaient faite aux policiers durant l’enquête.
Toutes ces accusations sont niées en bloc par Roland H.. "Je rejette les accusations de viols. Je suis seulement coupable de relations sexuelles avec une mineure."
À côté de lui, Katia B. reste silencieuse. Presque absente. L’ancien couple encourt vingt ans de réclusion criminelle.
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