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Des Omanais redécouvrent un village englouti par le désert

Le mouvement des dunes, instables, fait que certaines habitations, disparues sous le sable depuis 30 ans, ont aujourd’hui émergé en partie du désert
D’anciens habitants de Wadi al-Murr se promènent dans leur village abandonné, le 31 décembre 2020 (AFP)
D’anciens habitants de Wadi al-Murr se promènent dans leur village abandonné, le 31 décembre 2020 (AFP)
Par AFP à WADI AL-MURR, Oman

Le sable du désert a tout envahi, ne laissant que peu de vestiges apparents du village omanais de Wadi al-Murr, mais d’anciens habitants et des visiteurs curieux viennent explorer et redécouvrir le hameau englouti. 

« Toutes les habitations du village ont été envahies par le sable qui les a assaillies il y a 30 ans, et a poussé les habitants à quitter leurs demeures, d’après ce que racontent les anciens », explique Salem al-Arimi.

Originaire du village, cet Omanais embrasse d’un regard nostalgique l’étendue de sable, les quelques arbres squelettiques et les restes de murs en pierre émergeant ici et là.

Quelques toits, des pans de mur et des morceaux de bois, c’est tout ce qui témoigne aujourd’hui de la présence passée d’une population sur le site. Celui-ci a été déserté il y a quelques décennies, face à l’avancée inexorable du désert.

« Ce qui est plus étonnant c’est comment ce village, avec ses vieux murs, résiste à ces assauts », explique un touriste omanais (AFP)
« Ce qui est plus étonnant c’est comment ce village, avec ses vieux murs, résiste à ces assauts », explique un touriste omanais (AFP)

Ce phénomène n’est cependant pas spécifique au sultanat d’Oman. Il est attribué par les spécialistes au changement climatique et a été observé dans différentes régions du monde.

Les populations concernées ont peu de moyens pour y faire face et les habitants de Wadi al-Murr ont ainsi dû renoncer à leurs activités pastorales et été contraints à l’exode rural.

Situé au fond d’une vallée à près de 400 km au sud-ouest de la capitale omanaise Mascate, Wadi al-Murr est aussi coupé des principales routes par une piste de trois km difficilement praticable.

Son isolement, et le fait que le village, qui comptait une trentaine d’habitations et 150 habitants, ne soit connecté ni au réseau électrique ni à celui de distribution de l’eau, a contribué à sa décrépitude.

Mais cela n’empêche pas d’anciens habitants nostalgiques d’y revenir, tout comme certains adeptes du trekking, amoureux des randonnées dans le désert.

Wadi al-Murr, prochain pôle touristique ? 

Mohammed al-Ghanbousi, un ancien résident, explique que le mouvement des dunes, instables, fait que certaines habitations ont aujourd’hui émergé en partie du désert.

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La mosquée du village est notamment réapparue en partie grâce au mouvement des sables.

Cela a incité « des nostalgiques à visiter le village dont les structures solides, car construites en pierre, tiennent debout », relève Mohammed al-Ghanbousi.

Et « le village a été intégré récemment dans des circuits de trekking et attire des amateurs de photographie », ajoute-t-il.

« Lorsque ma mère a appris que certaines habitations étaient réapparues, elle m’a demandé de l’emmener dans son ancien village », confie de son côté Mohamed al-Alaoui. « Elle veut souvent y revenir et elle se plait à y raconter ses souvenirs en versant quelques larmes. »

« Ce qui m’a étonné c’est la force de la nature qui a pu effacer la trace de tout un village », s’émerveille Rached al-Ameri, un touriste local venu avec deux amis de la ville de Sour, à des centaines de kilomètres, pour découvrir le village ensablé.

« Mais ce qui est plus étonnant c’est comment ce village, avec ses vieux murs, résiste à ces assauts », ajoute-t-il.

Selon lui et d’anciens habitants, Wadi al-Murr pourrait facilement figurer dans les circuits touristiques d’Oman. 

D’autant que le sultanat, qui dépend à 70 % du pétrole, tente de diversifier son économie et développe notamment le tourisme.

Oman a attiré trois millions de touristes en 2019, selon les statistiques officielles. Comme partout, le pays a toutefois vu son flux de touristes réduit comme une peau de chagrin l’année dernière à cause de la pandémie de nouveau coronavirus.

Par Khaled Orabi.

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