LGBTphobieDeux hommes condamnés à six et trois ans de prison ferme après une agression homophobe violente à Rouen

Par Nicolas Scheffer le 14/01/2021
rouen

Deux hommes ont été jugé par la cour criminelle de Seine-Maritime à Rouen. Ils ont été jugés coupables d'avoir organisé un traquenard homophobe.

"Il a une intolérance quasi viscérale à l'homosexualité", a déclaré l'avocat général. Mohamed a été condamné par la cour criminelle de Seine-Maritime à six ans de prison ferme pour avoir extorqué un homme lors d'un traquenard. Un second prévenu, Jordan, a également été condamné à quatre ans de prison dont un avec sursis. Les deux hommes ont interdiction de détenir une arme pendant cinq ans.

800 euros extorqués

En octobre 2018, à la sortie d'une discothèque, Romain*, un homme de 34 ans est roué de coups. Il a également été victime d'insultes homophobes et a été séquestré deux heures dans la voiture de ses tortionnaires.

Ses agresseurs, d'une trentaine d'années, lui ont demandé de retirer 800 euros dans une banque. Romain a réussi à trouver refuge dans la banque pendant que ses tortionnaires ont pris la fuite. Romain a écopé de 10 jours d'ITT (interruption temporaire de travail).

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Les faits ont ému dans la région. Dix jours après l'agression, 800 personnes ont manifesté à Rouen pour dénoncer les LGBTphobies, rappelle France Bleu.

Le caractère homophobe discuté

Dans un premier temps, lors de l'audience, les deux comparses ont nié avoir proféré des insultes homophobes dans la voiture, note France Bleu. Finalement, mardi 12 janvier, en fin de journée, Jordan a admis s'être tu sous la pression de son acolyte et admis les injures. Il a dit avoir porté des coups à la demande de Mohamed dont il avait "peur". Ce dernier possède 18 mentions dans son casier judiciaire.

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"Dans la voiture, la victime a posé la main sur ma cuisse, au niveau de l'entrejambe. Je ne sais pas ce qui m'a pris. Je me suis déchaîné sur lui en lui portant des coups", a dit Mohamed lors de l'audience. L'avocat de la victime a nié que son client ait mis sa main sur la cuisse de l'agresseur.

"Mon client n'est pas homophobe (sic), mais nous ne contestons pas le caractère homophobe de cette agression", a réagi l'avocate de Mohamed. "Il a cinq enfants, il est divorcé et sans domicile. Une personnalité complexe, un homme brisé", a-t-elle plaidé.

"On va se le faire ce pédé"

Mohamed avait pourtant envoyé un SMS à Jordan avec écrit "on va se le faire ce pédé", remarque Paris Normandie. "Pédé, c’est un mot qu’il emploie depuis tout petit, mais pour n’importe qui", a tenté de justifier à la barre sa sœur.

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"La circonstance aggravante de l’homophobie doit être retenue contre les deux accusés. Il s’agissait d’extorquer, excusez-moi du terme, des pédés. Un projet criminel clair et précis. Un traquenard", a souligné l'avocat général. Les deux hommes ont dix jours pour faire appel.

 

Crédit photo : Tonio Vega / Flickr