Vie de Voltaire : épisode • 1/4 du podcast Le dernier des écrivains heureux

Portrait de Voltaire, 1764. Gravure sur cuivre. Collection Joinville.  ©Getty - Auteur inconnu
Portrait de Voltaire, 1764. Gravure sur cuivre. Collection Joinville. ©Getty - Auteur inconnu
Portrait de Voltaire, 1764. Gravure sur cuivre. Collection Joinville. ©Getty - Auteur inconnu
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Cette semaine, La compagnie des œuvres chemine avec Voltaire. Homme de lettres, féru de théâtre, de romans, de vers ; familier des salons littéraires, séducteur, amoureux… Voltaire fut surtout cet esprit libre et lumineux, à l’ironie bienfaitrice.

Avec

Pour cette première émission consacrée à Voltaire, nous recevons François Jacob, professeur de littérature française du XVIIIe siècle à l’Université Jean Moulin – Lyon III et auteur de Voltaire (Gallimard, coll. Folio biographies, 2015), un ouvrage biographique foisonnant.

Tâche ardue que de conter la vie de Voltaire, quand la date de naissance de l’intéressé, la nature de sa descendance ou bien encore l’origine de son pseudonyme demeurent auréolés de doute. Cadet d’une famille de cinq enfants, François-Marie Arouet grandit aux côtés d’une mère passionnée par les lettres et d’un père issu d’une famille bourgeoise du Haut-Poitou. Dans son enfance défilent des figures déterminantes, telles que Ninon de Lenclos, qui compte parmi les fréquentations de sa mère, ou encore l’abbé Nicolas Gedoyn. Le jeune François-Marie lui doit très certainement son entrée au collège Louis-le-Grand, premier établissement jésuite de Paris. Il s’y fera des amis de toute une vie, y apprendra le latin et l’hébreu, y pratiquera le théâtre… 

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Le théâtre était une manière de concilier l’étude des lettres et l’entrée dans la vie en société. C’était donc pour Voltaire une articulation très importante entre la vie recluse du collège et l’ouverture sur la cité. (François Jacob)

À l’issue de sept brillantes années d’étude, le jeune homme entame un chemin de traverse - au grand dam de son père, qui le rêve avocat. Envoyé à Caen pour y faire son droit, puis à La Haye comme secrétaire de l’ambassadeur de France, et enfin comme apprenti avocat chez le procureur au Châtelet, M. Arouet fils n’a de goût que pour les salons, qu’il fréquente assidument. C’est à la cour de Sceaux, cependant, qu’il connaît ses plus grandes joies, entre fêtes grandioses et émulation intellectuelle. Plusieurs pièces de circonstances et contes naissent de cette période, mais tout prend fin avec la mort de Louis XIV au 1er septembre 1715.

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C'est au sein de cette cour de Sceaux que va naître une conspiration contre le Régent Philippe d'Orléans. (François Jacob)

Sous le pouvoir du Régent, Voltaire est emprisonné à la Bastille pour l’un de ses poèmes, Regnante Puero. Il y restera près d'un an.

Des jours plus heureux l’attendent. Le 18 novembre 1718, son Œdipe est joué pour la première fois sur la scène de la Comédie-Française. C'est un triomphe. Quelques succès relatifs viennent consolider cette première victoire. En 1724, Voltaire publie la tragédie Marianne, et en 1725, L’indiscret, une comédie. En parallèle, il parvient à acquérir un statut respectable à la Cour, y compris auprès des plus grands. La chute guette Voltaire, cependant. Jeté dans les geôles de la Bastille pour s’être querellé avec le chevalier de Rohan Chabot, l’homme de lettres voit son existence bouleversée. L’année 1726 est celle de l’exil. Débarqué en Angleterre, il se lie avec Swift, l’auteur de Gulliver

Voltaire est un cosmopolite, très tôt initié à la langue anglaise. Il a d'ailleurs écrit une œuvre en anglais : Letters concerning the english nation

En Angleterre, Voltaire entame la rédaction de la fameuse Henriade, publiée en 1728 lors de son retour en France.Les années suivantes seront fastes, en matière d’écriture comme en matière d’amour, mais également d’argent. Voltaire rencontre Mme de Châtelet, dont il devient l’amant. Il l’aimera profondément. Dans ses affaires, il se montre habile, se garantissant une sécurité matérielle jusqu’à la fin de son existence. La reconnaissance tant attendue lui vient progressivement. En 1740, il entame une correspondance avec Frédéric II, à la demande duquel il rédige un ouvrage. En 1746, il est élu à l’Académie, après un premier échec. Il collabore également au prospectus de l’Encyclopédie, travaille au Siècle de Louis XIV, part pour la Prusse, où il est fait chambellan du roi. Sept ans plus tard, Candide paraît_._ Le livre est condamné à Paris et à Genève, mais le succès n’en est pas moins retentissant. 

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La figure voltairienne que l’on connait émerge à cette époque. Loin de cantonner ses croisades contre l’injustice à ses écrits, Voltaire s’engage dans l’affaire La Barre en 1765, et se revendique par la suite comme « le Don Quichotte de tous les roués et de tous les pendus », titre vengeur et non dénué d’ironie, à son image. Jusqu’à sa mort, il n’aura de cesse de combattre l’injustice.

Le 30 mai 1778, Voltaire s’éteint « comme une chandelle », selon les mots de François Jacob, à l’âge de quatre-vingt-quatre ans. Il repose désormais au Panthéon, avec pour épitaphe : « Il vengea Calas, La Barren Sirven et Montbailly. »

MUSIQUE GÉNÉRIQUE (début) : Panama, de The Avener (Capitol)

MUSIQUE GÉNÉRIQUE (fin) : Nuit noire, de Chloé (Lumière noire)

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