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Edward Hopper en 2 minutes

En bref

Alors que les avant-gardes puis l’abstraction impriment leur marque sur l’Amérique, Edward Hopper (1882–1967) cultive un réalisme à contre-courant. À partir des années 1930, ce peintre s’est rendu célèbre en exposant des toiles mélancoliques, inspirées par l’American way of life dont il livre une vision désabusée. Son œuvre contient une profondeur symbolique derrière les apparences de la banalité. Artiste prolifique, tant dans le domaine de la peinture que des œuvres graphiques, Hopper a donné vie à un réalisme métaphysique silencieux, à la perfection sourde et instable, à l’image d’un drame hitchcockien.

Edward Hopper, Autoportrait
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Edward Hopper, Autoportrait, 1925–1930

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Huile sur toile • 64,5 × 51,8 cm • © Whitney Museum of American Art, 2007 / © Adagp, Paris 2020

Il a dit

« Si vous pouviez le dire avec des mots, il n’y aurait aucune raison de le peindre. » 

Sa vie

Né en 1882 dans l’État de New York, Hopper grandit dans une famille de commerçants modestes. Rien ne le prédestine à devenir peintre. C’est par le biais de ses études – il envisage une carrière comme illustrateur publicitaire – que la passion le gagne. À la New York School of Art, l’artiste américain développe une esthétique figurative, intimiste, au réalisme presque photographique.

Si Hopper a passé l’essentiel de sa vie à New York, il a cependant quitté cette ville entre 1906 et 1910 pour gagner l’Europe. À Paris, qu’il visite à trois reprises, il découvre la culture française – dont il demeure passionné au point d’en apprendre la langue – et étudie les grands maîtres du réalisme européen, de Rembrandt à Édouard Manet. Pour autant, Hopper ne se considère pas comme un continuateur des courants européens et souhaite au contraire doter l’Amérique d’un art figuratif indépendant, reflétant les caractères propres à cette nation.

Pour vivre, Hopper travaille, comme prévu, dans le domaine publicitaire. Sa vocation d’artiste se précise vers 1913, lorsqu’il loue un atelier dans le quartier de Greenwich Village. Mais l’artiste se fait surtout connaître durant les années 1920, époque à laquelle il se marie. Le couple s’installe à Cap Cod dans les années 1930.

En apparence, l’artiste s’intéresse à des objets mineurs, à des personnages anodins, mais il les dote de sentiments profonds et ambivalents. Ce ne sont pas des Américains triomphants, légers ou insouciants, des architectures modernes et imposantes. Hopper ne peint pas les gratte-ciels de New York, ni l’Ouest sauvage. Il captive ces « riens », moments de vide et de silence mais lourds d’anxiété, d’attentes ou de désirs.

Le succès vient à Hopper de son vivant. Dès 1933, le Museum of Modern Art (MoMA) lui consacre une rétrospective. Le peintre est invité à représenter son pays lors de la Biennale de Venise en 1952. Couronné d’éloges, il s’éteint en 1967.

Le réalisme figuratif d’Edward Hopper ne s’appuie pas seulement sur l’observation du monde réel. S’y mêle une bonne dose de fiction, à l’image d’un noir polar. Le peintre, en mettant en scène des personnages isolés, des lieux confinés ou abandonnés, exprime ses angoisses intérieures et les incertitudes humaines. En ce sens, tout en représentant les mœurs de la société, il livre aussi un portrait inquiétant d’une Amérique en perdition.

Ses œuvres clés

Edward Hopper, Maison près de la voie ferrée
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Edward Hopper, Maison près de la voie ferrée, 1925

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Huile sur toile • 61 × 73,7 cm • Coll. MoMA, New York • © Adagp, Paris 2020

Maison près de la voie ferrée, 1925

Nul train ne passe devant cette maison qui semble abandonnée ou endormie, à l’écart de la vie moderne. Pourtant, nous avons le sentiment de contempler un personnage doté d’une âme. Cette impression est renforcée par le jeu des ombres sur l’architecture, qui lui donne un caractère inquiétant et changeant. Cette maison victorienne, démodée pour l’époque, serait tout droit sortie de l’imaginaire d’Hopper et aurait inspiré le cinéaste Alfred Hitchcock pour le film Psychose (1960).

Edward Hopper, Chambre d’hôtel
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Edward Hopper, Chambre d’hôtel, 1931

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Huile sur toile • 152,4 × 165,7 cm • Coll. Musée Thyssen-Bornemisza, Madrid • © Scala / © Adagp, Paris 2020

Chambre d’hôtel, 1931

Une femme seule, assise au bord d’un lit dans une chambre d’hôtel impersonnelle, lit les horaires de train. Figure de passage, pourtant immobile, elle est concentrée au point de ne pas se douter de la présence du spectateur. Hopper a cultivé dans son œuvre une observation voyeuriste des personnages. La composition est proche de la photographie. Comme à son habitude, le peintre met en contraste les couleurs chaudes de sa palette avec les sentiments dégagés par ses protagonistes : froids, imperméables, distants.

Edward Hopper, Noctambules
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Edward Hopper, Noctambules, 1942

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Huile sur toile • 84,1 × 152,4 cm • Coll. The Art Insitute of Chicago / © Adagp, Paris 2020

Noctambules, 1942

Toile célèbre – peut-être la plus connue de l’art américain –, cette scène raconte moins une histoire qu’un moment, saisi sur le vif et comme figé dans le temps. Quatre personnages occupent l’espace de ce diner, à la fois clos et ouvert sur la ville, en plein cœur de la nuit. S’ils se touchent ou échangent des regards, ils renvoient pourtant à un sentiment de profonde solitude et lassitude. Autour d’eux, tout est vide. Le peintre observe la scène depuis l’extérieur du restaurant, en retrait. Peinte en grand angle, cette œuvre fait autant penser à la photographie qu’au cinéma.

Par • le 13 janvier 2020
Retrouvez dans l’Encyclo : Edward Hopper

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