La sécheresse guette Istanbul, qui ne dispose plus que d’une quarantaine de jours de réserves d’eau. Alors que la métropole de 16 millions d’habitants fait face à une sécheresse exceptionnelle, Ekrem Imamoglu, le maire élu par l’opposition en juin 2019, a appelé les habitants à faire preuve de civisme, comme le rapporte le journal en ligne Gazete Duvar :

Les Stambouliotes doivent faire attention à leur consommation d’eau et utiliser l’eau avec parcimonie. En raison de la situation sanitaire, de nombreuses familles passent aujourd’hui beaucoup de temps à la maison. Il ne faut pas laisser le robinet ouvert sans une bonne raison.”

Le manque de pluie, avec des précipitations très inférieures aux moyennes habituelles, a asséché les barrages, qui constituent les réserves d’eau de la ville et qui sont désormais remplis à moins de 20 % de leur capacité, écrit le quotidien Habertürk.

Les craintes ne portent pas que sur la quantité d’eau disponible mais aussi sur sa qualité : “Lorsque le niveau de l’eau disponible baisse fortement, la qualité de l’eau s’en trouve aussi affectée, puisque la saleté se trouve généralement au fond […]. En cas de crise grave, il est toujours envisageable de détourner une partie des eaux du fleuve Sakarya, mais ce sont des eaux de mauvaise qualité.

La capitale économique turque souffre des conséquences du réchauffement climatique mais aussi d’une forte augmentation de sa population et d’une politique qui a fait primer le développement économique rapide sur les préoccupations environnementales.

La construction du troisième aéroport d’Istanbul, le plus grand du monde, ouvert en octobre 2018, mais où des travaux se poursuivent encore, a mis à mal le nord d’Istanbul en abattant 2,5 millions d’arbres et en détruisant d’importants bassins versants.

De plus, le projet pharaonique du président Erdogan de dédoublement du détroit du Bosphore, avec la création d’un canal artificiel traversant la ville et joignant la mer de Marmara et la mer Noire, risque d’aggraver une situation déjà précaire. Des lacs et des nappes phréatiques seraient détruits, et de nombreuses stations d’épuration et de traitement de l’eau de la zone devraient être déplacées, met en garde Raif Mermutlu, le patron de la société municipale de gestion de l’eau, dans les colonnes du quotidien d’opposition Sözcü.

Les pluies abondantes prévues par les météorologues pour les mois de février et de mars pourraient permettre de repousser le danger d’une grave pénurie en eau pour cette année, mais le risque ne serait que repoussé.