“Ma fille n’est pas candidate à ma succession. Je le lui ai déconseillé, car je la plaindrais vraiment si elle devait passer par ce que j’ai vécu. Ce n’est pas pour les femmes.”
Rodrigo Duterte
Président des Philippines

Comme pour mieux préciser sa pensée, Rodrigo Duterte a ajouté le 14 janvier, lors de l’inauguration d’une autoroute, rapporte le site Rappler : “Vous savez, les femmes et les hommes sont configurés de façon totalement différente pour ce qui est des émotions, et ici, il y a de quoi devenir fou.”

Le président philippin n’en est pas à sa première saillie misogyne. “Le sexisme de Duterte a été un problème récurrent tout au long de son mandat présidentiel, souligne même Rappler. Il a suscité l’indignation à cause de ses blagues sur le viol, de son comportement obscène, comme lorsqu’il a embrassé sur la bouche en public une travailleuse migrante philippine [lors d’une visite officielle en Corée du Sud], ou encore de ses remarques misogynes sur la vice-présidente, Leni Robredo.”

Mais derrière le sexisme de ses remarques faites le 14 janvier, l’annonce que sa fille Sara – alias Inday – ne sera pas candidate à sa succession en 2022 a de quoi surprendre. Sara Duterte, 42 ans, n’est pas une débutante dans le monde politique. Depuis 2010, elle a été à tour de rôle maire adjointe puis maire de Davao, la grande métropole du sud des Philippines, marchant ainsi dans les pas de son père. Ce dernier déclarait d’ailleurs en septembre 2017, selon le Philippine Star :

Je ne pourrai pas trouver meilleur candidat que Sara pour devenir le prochain président.”

Une dynastie Duterte ?

Des propos qui laissaient présager une possible dynastie Duterte à la tête des Philippines. D’autant que Sara, comme son père, jouit d’une forte popularité parmi les Philippins. Dans un sondage, dont les résultats ont été publiés le 31 décembre et repris par Rappler, elle arrive ainsi en tête des intentions de vote avec 26 %.

Si Sara Duterte finissait malgré tout par se présenter et être élue, elle ne serait pas la première Philippine à entrer à Malacañang, le palais présidentiel à Manille. L’archipel a en effet été dirigé à deux reprises par des femmes. Deux femmes qui ne sont, d’ailleurs, pas tout à fait étrangères à Rodrigo Duterte.

Gloria Macapagal Arroyo de 2001 à 2010, “une alliée clé de Duterte”, rappelle Rappler. Et Corazon Aquino (1986-1992), “qui de fait a nommé Duterte à son premier poste gouvernemental important”. En 2016, le Philippine Daily Inquirer écrivait même que Rodrigo Duterte “devait sa carrière politique à Cory Aquino”.