Cet article vous est offert
Pour lire gratuitement cet article réservé aux abonnés, connectez-vous
Vous n'êtes pas inscrit sur Le Monde ?
Agnès Jaoui, réalisatrice et actrice
PHILIPPE QUAISSE / PASCO

Agnès Jaoui : « Je ne serais pas arrivée là, bien sûr, si je n’avais pas rencontré Jean-Pierre Bacri »

Par 
Publié le 17 janvier 2021 à 00h41, modifié le 28 janvier 2021 à 09h12

Temps de Lecture 11 min.

Son discours dénonçant le sexisme dans le cinéma a fait l’effet d’une petite bombe, le 25 novembre 2020, lors des assises du Collectif 50/50 pour l’égalité, la parité et la diversité. Mais Agnès Jaoui n’a jamais eu peur de s’exprimer d’une voix sincère dans le paysage culturel français. A 56 ans, cette comédienne, autrice, scénariste, réalisatrice et chanteuse continue d’interroger les mœurs de l’époque.

Je ne serais pas arrivée là si…

… Si je n’avais pas eu ce papa et cette maman-là, c’est une évidence. Une foule d’autres personnes ont joué un rôle important dans ma vie. Mais ces deux-là s’imposent au premier chef. Ces deux parents aux personnalités si fortes, si entières, si atypiques.

Maman, aujourd’hui décédée, était psychothérapeute. C’est elle qui a introduit en France l’analyse transactionnelle, esprit passionné, analytique, très particulier. Quant à mon père… Ah, comment décrire ce père ? Cet anticonformiste qui ne ressemble à personne. Tenez, en rangeant la chambre d’amis, je suis récemment tombée sur le manuscrit d’un de ses nombreux ouvrages, que je n’ai d’ailleurs pas lu. Lisez le titre, il vous dit tout.

« Un souffle sur la braise… Ou comment être Dieu en 60 leçons ». Quel programme !

La théorie de mon père est qu’on a tous un dieu en nous, ou plutôt, puisqu’il est athée, qu’on est nous-même un formidable trésor. Et qu’on se doit de le développer.

Voilà une base d’éducation prometteuse…

C’est vrai. J’ai eu des parents très épanouissants. Mon père nous a traînés, mon frère et moi, dans tous les musées du monde. Picasso, les surréalistes, il en était fou. Petits, on s’ennuyait évidemment et je râlais : « Pftt, c’est facile ! » Mon père ne se démontait pas : « Eh bien fais-le. » Et en rentrant des expos, on s’y mettait. On dessinait, on faisait des collages. Son invitation n’était ni moqueuse ni provocante. Au contraire, c’était un encouragement à comprendre l’art contemporain et à faire.

Ça ouvre l’horizon.

Et c’est formidablement libérateur. Mes parents, de fait, étaient très valorisants. J’ai été extrêmement valorisée. Je m’en rendais compte par rapport à ce que vivaient mes copains et copines. Tout était si différent chez nous ! Il y avait une immense permissivité. On parlait de tout, peut-être trop d’ailleurs.

Mais c’était les années 1970 et mes parents étaient tellement jeunes. Ils avaient vécu en plein la libération sexuelle, étaient partis de Tunisie pour aller en kibboutz avant de se poser en France. Ils avaient fait, je crois, toutes les expériences possibles de ces années-là et ils se fichaient des cadres et des conventions. Aucune fête ou obligation familiale qui tienne, aucune célébration de Noël ou des anniversaires. Mon père fêtait le premier de l’an un 13 février… Il adore provoquer et tout remettre en cause.

Il vous reste 79.48% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Lecture du Monde en cours sur un autre appareil.

Vous pouvez lire Le Monde sur un seul appareil à la fois

Ce message s’affichera sur l’autre appareil.

  • Parce qu’une autre personne (ou vous) est en train de lire Le Monde avec ce compte sur un autre appareil.

    Vous ne pouvez lire Le Monde que sur un seul appareil à la fois (ordinateur, téléphone ou tablette).

  • Comment ne plus voir ce message ?

    En cliquant sur «  » et en vous assurant que vous êtes la seule personne à consulter Le Monde avec ce compte.

  • Que se passera-t-il si vous continuez à lire ici ?

    Ce message s’affichera sur l’autre appareil. Ce dernier restera connecté avec ce compte.

  • Y a-t-il d’autres limites ?

    Non. Vous pouvez vous connecter avec votre compte sur autant d’appareils que vous le souhaitez, mais en les utilisant à des moments différents.

  • Vous ignorez qui est l’autre personne ?

    Nous vous conseillons de modifier votre mot de passe.

Lecture restreinte

Votre abonnement n’autorise pas la lecture de cet article

Pour plus d’informations, merci de contacter notre service commercial.