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En Suisse, les Tesla sont bien trop curieuses

Beaucoup trop de données sont récoltées via les caméras de la voiture et envoyées aux Etats-Unis, comme l’a révélé une enquête du «Bund»

Une Tesla Model 3. — © DR
Une Tesla Model 3. — © DR

La Suisse est un marché en or pour Tesla. La semaine passée, le constructeur américain se félicitait d’y avoir écoulé au total plus de 10 000 Model 3. Et l’année passée, ce véhicule a été le deuxième le plus acheté par les consommateurs helvétiques, derrière la Skoda Octavia. Tesla profite de l’engouement pour sa propre marque, mais plus globalement du boom des ventes de modèles électriques: en 2020, il s’est vendu 48% de plus de voitures purement électriques en Suisse, alors que les ventes totales se sont effondrées de 24% dans le pays.

Mais cette passion pour Tesla ne va pas sans problème, comme le révélait une enquête intéressante du Bund parue début janvier. Car ces voitures bardées de capteurs sont non seulement trop curieuses, mais en plus, elles envoient des données aux Etats-Unis. Le problème principal vient des caméras dont sont équipées les Tesla. Il y en a huit au total, destinées avant tout à faciliter la conduite. Leur portée va jusqu’à 250 mètres pour détecter la couleur des feux de signalisation et la présence à proximité d’autres voitures ou de poids lourds. Et les caméras fonctionnent aussi lorsque la Tesla est parquée. En mode dit «sentinelle», la voiture détecte, même en veille, toute personne passant juste à côté et la filme.

Filmer ainsi, même de manière passive, en permanence d’autres usagers de la route et même des piétons lorsque sa voiture est garée n’est apparemment pas légal. Interrogé par le Bund, le préposé fédéral à la protection des données estime qu’il faut ainsi désactiver ce mode «sentinelle».

A cela s’ajoute un autre problème: une partie des enregistrements effectués par ces voitures est susceptible d’être envoyée automatiquement par les Tesla aux Etats-Unis. Et le conducteur du véhicule ne sait pas exactement quelles données sont envoyées, ce qui n’est pas non plus du goût du préposé. Et si le conducteur tente de limiter cet envoi de données, il risque de ne plus recevoir de mises à jour de logiciels pour sa voiture…

Les soucis qui se dessinent touchent aujourd’hui Tesla. Mais très rapidement, cela devrait concerner d’autres constructeurs dont les véhicules, bientôt semi-autonomes, seront de plus en plus des aspirateurs à données.