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Pyongyang ouvre ses portes aux marathoniens

Pour la première fois, des touristes étrangers ont pu participer, dimanche, en tant que coureurs amateurs, à cette épreuve organisée dans les rues de la capitale de la Corée du Nord.

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Publié le 13 avril 2014 à 16h44, modifié le 30 avril 2014 à 14h04

Temps de Lecture 4 min.

Départ du Marathon de Pyongyang, le 14 avril 2013.

Quiconque soutiendrait qu'il a participé au marathon de Pyongyang, dimanche 13 avril, aurait de bonnes chances de passer pour un affabulateur. Et pourtant, il est désormais permis aux touristes étrangers de participer en tant que coureurs amateurs à cette épreuve qui fêtait sa 27e édition, et qui a été remportée cette année par deux coureurs locaux : Pak Chol en 2 h 12 m 26 s, chez les hommes, et Kim Hye-gyong en 2 h 27 m 5 s, chez les femmes.

« Pour la première fois, en 2014, nous avons obtenu la permission de l'Etat nord-coréen de proposer à nos clients de participer à cette course », explique Jordi Camps, un Espagnol qui dirige Experience North Korea, un tour-opérateur établi à Pékin (Chine). Les quelques agences de voyage spécialisées dans les séjours en Corée du Nord avaient déjà la possibilité, depuis quelques mois, d'inclure dans leurs offres des sessions de golf ou de ski.

Selon l'agence de presse américaine Associated Press, la seule agence étrangère à avoir un bureau fixe à Pyongyang, deux cent vingt-cinq touristes venus de vingt-sept pays ont couru dans les rues de Pyongyang. Des Suisses, des Allemands, des Néerlandais, des Américains, des Hongkongais et quelques Français, dont le classement n'a pas encore été communiqué.

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Originaire de Nancy et installé à Singapour comme banquier, Julien Benito est l'un d'entre eux : « Quand j'ai regardé le calendrier des courses de l'IAAF [Fédération internationale d'athlétisme], j'ai été surpris de voir qu'il existait un marathon à Pyongyang. Et encore plus surpris de voir, grâce à quelques recherches sur Internet, que des touristes pouvaient y participer », expliquait le Français à l'approche de la course.

Les concurrents avaient le choix entre trois épreuves : les 42,195 kilomètres du marathon, un semi-marathon et une course de 10 kilomètres. Nathalie Armengol, une Espagnole de 39 ans, a préféré s'élancer uniquement pour les 10 kilomètres : « Je veux voir de mes propres yeux ce pays dont, en Europe, on ne connaît quasi rien. Je veux voir si les Nord-Coréens vivent si différemment de nous. »

Responsable d'une entreprise de cosmétique espagnole, cette adepte de course à pied a pris son billet d'avion à Barcelone. Elle a d'abord atterri à Pékin, d'où elle a répondu à nos questions, puis a rallié la capitale nord-coréenne avec la compagnie nationale Air Koryo.

SOUPÇONS DE COMPLAISANCE

« Chaque année, à l'exception de touristes chinois, plus nombreux, seulement cinq mille touristes se rendent en Corée du Nord, explique Jordi Camps. Très peu d'agences ont la capacité de leur obtenir des visas. » S'inscrire à un marathon dans un tel pays revêt, selon Julien Benito, « un côté burlesque » qui n'est pas pour lui déplaire : « Dans le peloton des marathoniens, on aime bien parler des courses que l'on a courues. Dire que j'ai participé au marathon de Pyongyang, ce sera toujours marrant à placer dans une conversation », ajoute le coureur, qui a également déjà participé aux marathons de Paris et de New York.

La course de ce dimanche s'est déroulée en l'honneur de Kim Il-sung, né un 15 avril, une date devenue un jour férié pour les Nord-Coréens. Avant de mourir, en 1994, le président fondateur de la République populaire démocratique de Corée (1948) avait désigné son fils Kim Jong-il comme successeur à la tête de l'Etat. Lequel a lui-même transmis à son fils Kim Jong-un les rênes du pouvoir. Depuis qu'il est allé à la rencontre de ce dernier, en février 2013, l'ex-basketteur Denis Rodman a dû répondre à des soupçons de complaisance à l'égard de ce régime blâmé par la communauté internationale pour ses violations des droits humains.

Les touristes du marathon, eux, veulent éviter de subir le même genre de procès : « Nous ne sommes pas là pour soutenir le régime, nous venons pour essayer de découvrir le pays, et pour essayer de rencontrer des Nord-Coréens. Ce pays a 24 millions d'habitants, il ne se résume pas à ses dirigeants », estime Nathalie Armengol. Durant ses 10 kilomètres de course, des Nord-Coréens, elle en a croisé quelques-uns. A commencer par les milliers de spectateurs locaux qui ont accompagné les coureurs de leurs encouragements, selon les observations d'AP. Puis également au sein du peloton.

« PAS DE SITE INTERNET »

Lors de l'édition 2013, on dénombrait six cents coureurs nord-coréens au départ de la course, d'après la Korean Central News Agency (KCNA), l'agence de presse officielle du régime nord-coréen. Cette année-là, des coureurs étrangers participaient déjà à la course. Mais il s'agissait uniquement d'athlètes de haut niveau, venus sur invitation de la Corée du Nord : « La Corée du Nord a l'habitude d'inviter des athlètes, notamment d'Afrique, en finançant leur voyage et leur hébergement. Chaque année, elle en invite une cinquantaine », explique Sean Wallace-Jones, le responsable des courses au sein de l'IAAF.

« A part le fait que le marathon de Pyongyang n'a pas de site Internet, il répond à tous nos critères d'organisation, affirme Sean Wallace-Jones. Et je sais que les organisateurs versent la somme de 50 000 dollars au vainqueur, ce qui représente une somme appréciable. » La Fédération internationale d'athlétisme n'a intégré Pyongyang dans son calendrier officiel que depuis 2010, en lui conférant le label de bronze. Ce qui en fait une course de moindre niveau que le marathon de Londres, couru également dimanche 13 avril, classé label d'or.

Julien Benito n'étant pas sportif professionnel, il a dû débourser 1 000 euros. En tout, la formule de son tour-opérateur comprend un séjour de quatre jours, du samedi 12 au mardi 15 avril. Mais à la différence des rares touristes qui visitent d'ordinaire cette capitale de 2,5 millions d'habitants, lui aura donc longé les artères principales de la capitale nord-coréenne au pas de course, en passant notamment  devant un arc de triomphe local, le fleuve Taedong, ou encore l'université Kim Il-sung, pour achever la course dans le stade du même nom, devant près de 42 000 spectateurs.

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