Covid-19 : la deuxième vague est bien plus meurtrière

Le virus n’est pas plus virulent, mais comme la deuxième vague profite de l’hiver pour s’étendre dans le temps, elle fait davantage de victimes.

 Lundi 18 janvier, le bilan des victimes du Covid s’établissait à 70686 morts. (Illustration)
Lundi 18 janvier, le bilan des victimes du Covid s’établissait à 70686 morts. (Illustration) LP/Arnaud Journois

    Les épidémiologistes aiment les courbes claires, nettes, qui laissent peu de doute à l'interprétation. Or celle de la deuxième vague du Covid n'est pas franche du collier. « Ah, pas facile de dire exactement quand elle commence et quand elle se termine. On voit une concomitance entre les cas et les décès, mi-octobre, puis un pic, puis une descente, puis un plateau… La deuxième vague a été en partie contrôlée mais jamais stoppée », résume Antoine Flahault, directeur de l'Institut de santé globale à Genève.

    Au printemps dernier, à la faveur d'un taux de reproduction galopant (de presque 3, contre 1.2 aujourd'hui) et d'une moindre connaissance des gestes barrière face à un ennemi alors inconnu, la première vague a emporté près de 30 000 personnes en France. Celle qui suit est plus lente, mais plus étendue, dans le temps et géographiquement, n'épargnant cette fois aucune région. Au final, elle est plus meurtrière. Ce mardi 19 janvier, le funeste bilan s'établissait à 71 342 morts, 656 de plus que la veille.

    « La première vague a été tronquée par son arrivée à la fin de l'hiver. La deuxième est apparue beaucoup plus tôt, à l'automne, avec tout l'hiver devant elle, une saison propice à la diffusion du virus. Il a plus de temps pour agir, et donc pour sévir », reprend le professeur Flahault. Et jouer ainsi sur les nerfs de la population, qui se demande si l'attrait du Sars-Cov-2 pour la saison froide ne va pas lui valoir un troisième confinement.

    Moins de morts du Covid dans les hôpitaux

    Car c'est bien la saison qui pose problème. « Le virus n'est pas plus virulent », tranche l'épidémiologiste. Si les nouveaux variants interrogent et sont probablement plus contagieux, ils ne sont pas responsables, aujourd'hui, d'une surmortalité accrue. Autre indice de taille de la stabilité du virus : on meurt désormais beaucoup moins du Covid-19 dans les hôpitaux, grâce à une meilleure connaissance de ses mécanismes et l'utilisation de corticoïdes pour les patients sous oxygène.

    Comment imaginer l'avenir? « Je me garderai bien de toute prédiction à plus d'une semaine », répond Antoine Flahault. Mais son regard est porté vers l'Australie, où l'hiver, comme la deuxième vague, sont terminés. « La mortalité a été trois fois et demie supérieure à la première vague. Cela ne veut pas dire que l'on aura la même chose, mais montre le rôle que peut jouer une plage de temps très longue de l'épidémie », décrypte-t-il. D'autant qu'en France, l'hiver n'est pas terminé, et n'a sûrement pas dit son dernier mot.