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Donald Trump n’est pas le bienvenu à Mar-a-Lago

Le désormais ex-président pourrait faire face à des obstacles juridiques en cherchant à s’installer dans son club privé de Palm Beach de façon permanente. ll violerait un accord signé en 1993

Donald Trump et Melania Trump ce mercredi 20 janvier 2021.    — © Alex Edelman/AFP
Donald Trump et Melania Trump ce mercredi 20 janvier 2021.    — © Alex Edelman/AFP

Avant de s’envoler pour sa résidence de Mar-a-Lago, en Floride, Donald Trump, qui a boycotté l’Inauguration Day de Joe Biden, espérait une sorte de cérémonie grandiloquente. Il a dû se contenter d’une vidéo de départ, comme son épouse, et le couple n’a eu droit qu’à quelques fidèles au pied de l’hélicoptère, puis d’Air Force One. Des «adieux» minimalistes, dans une capitale aux allures de camp retranché. Mais surtout: l’accueil n’est pas non plus vraiment spectaculaire à Mar-a-Lago. Des voisins ne voient pas sa présence d’un très bon œil.

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Une lettre aux autorités de Palm Beach

Désormais privé de ses pouvoirs présidentiels, menacé de poursuites judiciaires, lâché par des partenaires économiques et endetté, Donald Trump va devoir s’habituer à un nouveau niveau de vie. Et, pour ne rien arranger, du côté de Palm Beach où se trouve son club privé – il l’appelait jusqu’ici sa «Maison-Blanche d’hiver» –, au milieu de propriétés de luxe et de palmiers, tous ne sont pas prêts à l’accueillir à bras ouverts. Mi-décembre, des résidents se sont fendus d’une lettre à l’intention du maire de Palm Beach, ainsi que du Secret Service, qui continuera à assurer la protection du couple, pour rappeler que Donald Trump avait promis, dans un accord signé en 1993, qu’il ne vivrait pas à Mar-a-Lago.

C’était au moment où il avait transformé Mar-a-Lago, acheté en 1985, en club privé, notamment pour des raisons financières et fiscales. L’accord précise que les membres du club, Trump compris, ne peuvent pas y passer plus de 21 jours par an et jamais plus de sept jours consécutifs.

Alors, résidence ou club? Donald Trump pourrait se heurter à des obstacles juridiques, alors même qu’il a fait il y a quelques mois de la Floride son domicile fiscal en décidant de quitter New York. Dans la lettre obtenue par le Washington Post, l’avocat de la famille DeMoss, qui dirige une fondation missionnaire internationale, évoque une «situation embarrassante» si la ville ne clarifie pas la situation avec Donald Trump. Ce dernier, s’il n’a lui-même pas déjà pris les devants, pourrait être contraint de déménager ailleurs. Une frustration de plus, alors qu’il continue d’affirmer que l’élection a été «truquée» et de ne pas reconnaître la légitimité de l’élection de Joe Biden.

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Construction d’un héliport

Pour ceux qui vivent à proximité de Mar-a-Lago, Donald Trump représente forcément un voisin encombrant. Ne serait-ce qu’en raison des dispositifs de sécurité qu’il provoque. Comme le rappelle le Washington Post, avant même d’être président il avait déjà braqué des responsables locaux de Palm Beach, en ne se pliant pas à certaines règles. Il a notamment hissé un mât de drapeau à une hauteur au-delà de ce qui était autorisé. Et surtout construit un héliport, qui n’était pas prévu dans l’accord de 1993, qu’il a d’ailleurs tenté de modifier à plusieurs reprises. Va-t-il vraiment pouvoir vivre à l’année à Mar-a-Lago? Et d’ailleurs le veut-il vraiment?

Jusqu’à présent, tant la mairie de Palm Beach que Donald Trump sont restés flous sur la suite. Mais selon les calculs du Post, durant sa présidence, il s’est rendu une trentaine de fois dans son club privé, en y passant en tout cas 130 jours. Soit bien plus que les 21 jours par an prévus dans l’accord. Une preuve qu’il semble faire peu de cas des promesses faites en 1993.

En attendant, ses derniers jours, Donald Trump, privé de ses profils habituels sur les réseaux sociaux, avec un taux de popularité au plus bas et visé par un procès en «destitution», les a occupés à annoncer une mesure aussitôt rejetée par Joe Biden – la levée de l’interdiction d’entrée aux Etats-Unis pour les voyageurs européens et brésiliens à cause du covid. Mais c’est surtout la question des pardons qui a occupé son esprit jusqu’au bout. Notamment celle de savoir s’il osait franchir le pas de gracier ses propres enfants et de s’accorder un autopardon. Il s’est finalement «contenté» de gracier 73 personnes, dont le sulfureux Steve Bannon, son ancien conseiller stratégique, limogé et devenu un temps paria, accusé d’avoir détourné des fonds prétendument destinés à la construction d’un mur à la frontière avec le Mexique.

Il a aussi eu le temps de réfléchir à ses derniers mots de président. Depuis la base militaire d’Andrews, dans le Maryland, il a lâché, juste avant de monter une dernière fois dans Air Force One: «Je reviendrai. D’une manière ou d’une autre.»