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VIDÉO - Victime d’inceste, cette Bretonne âgée de 20 ans témoigne pour lever ce tabou

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Après les révélations dans l’affaire Olivier Duhamel, de nombreuses victimes ont pris la parole sur les réseaux sociaux avec le hashtag #MeTooInceste. C’est le cas de cette bretonne de 20 ans, que nous avons rencontrée. Violée par son oncle, elle veut témoigner pour lever ce tabou de l’inceste.

La jeune femme a déposé plainte contre son oncle maternel La jeune femme a déposé plainte contre son oncle maternel
La jeune femme a déposé plainte contre son oncle maternel © Radio France - Céline Guétaz

"Cela s’est passé chez mon oncle maternel, chez qui je passais le week-end. J’avais 12 ans" témoigne Sarah. La jeune femme est aujourd’hui âgée de 20 ans et vit en Ille-et-Vilaine. "Chez lui, il m’a demandé de lui faire un câlin sur le canapé, j’ai refusé, mais on était seuls. Je ne pouvais pas m'enfuir. Puis il m’a dit d’aller sous la douche avec lui, j’ai encore refusé, mais il m’a fait du chantage, et c'est là qu'a eu lieu le viol". C’est d’abord le seul souvenir que Sarah a gardé de ce week-end. Mais au cours d’une séance de thérapie, sa psychologue lui indique qu’elle souffre d’amnésie traumatique. "Je savais que j’avais vécu quelque chose qui n’était pas normal, mais je n’avais pas conscience que c’était un viol" .

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"Les images sont revenues dans ma tête"

Elle débute des séances de thérapie de type EMDR pour les victimes de traumatisme "dès la première séance, ça a fonctionné. Mon corps s’est exprimé d’abord. J’avais des brûlures sur mes parties génitales, et puis les images sont revenues dans ma tête, des images des viols ". La jeune femme a été victime à l'âge de 12 ans et à 15 ans. 

C’était l’enfer, je n’osais plus sortir de chez moi, je le voyais partout.

La jeune femme nourrit d’abord beaucoup de colère à l’égard de ses proches, sa mère notamment "qui n’a pas voulu voir". Aujourd’hui, ce sentiment s’est apaisé. "J’en ai parlé à ma famille. Je suis très soutenue par mon copain, par mes grands-parents et mon père. Avec ma maman, c’est plus compliqué". Après la révélation des faits en séance de psychothérapie, la jeune femme a sombré dans la dépression : "J’avais des crises d’angoisse terribles. J’étais morte de l’intérieur. Je restais dans mon lit toute la journée. Je ne pouvais plus sortir de chez moi. Je le voyais partout". Sarah abandonne alors ses études. 

Depuis le mois de mai 2020, elle participe à des groupes de paroles avec l’antenne rennaise de l’association En parler  "ça m’aide énormément". Dans ces démarches judiciaires, la jeune femme est aussi suivie par SOS victimes. Une plainte a été déposée, Sarah espère qu’elle aboutira.  "Pour l’instant, on m’a dit qu’elle était dans le bureau du procureur"

Ce n’est pas à moi d’en avoir honte.

Dès le mois de février 2020, Sarah poste ses premiers tweets après l’affaire Roman Polanski, avec le hashtag #Jesuisvictime. Elle a également poursuivi ses publications avec le mouvement #MeTooInceste. 

Il faut en parler. Cela concerne tellement de familles. Ce n’est plus possible que cela reste ainsi un tabou.

La jeune femme veut aussi sensibiliser le plus de monde et se libérer du fardeau "Ce n’est pas à moi d’avoir honte. C’est à lui ! Aujourd’hui encore, quand vous dites que vous êtes une victime d’inceste, on vous regarde avec pitié, avec dégoût parfois". La jeune femme estime qu’il faut en parler aux parents, mais aussi aux enfants, à l’école, "comme on parle de harcèlement en cours d'éducation civique, il faut parler du consentement, c’est tellement important".   

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