Brimades, coups derrière la tête, insultes… et même des "chats-bites", ce jeu potache bien connu des collégiens dans lequel on doit toucher - par surprise et par-dessus le vêtement - les parties génitales de son camarade.
Il régnait un drôle de climat dans la carrosserie de Michaël D., à Lorgues. Ce dernier, qui avait sous ses ordres plusieurs apprentis, a fait vivre un "enfer" à Stéphane et quelques autres camarades en 2020.
Poussant l’un à mettre un terme à son contrat avant la fin de l’année scolaire, dégoûtant l’autre du métier de carrossier.
Stéphane, 16 ans, n’a rien dit. Ou si peu. Jusqu’au jour où son employeur l’a aspergé de "diluant pour peinture" au niveau du visage. "C’était du liquide pour lave-vitre, rectifie le prévenu à la barre du tribunal correctionnel de Draguignan. C’était pour s’amuser."
Le jeune homme a alors tout déballé. À son père, son médecin puis aux gendarmes. Les vexations - "bon à rien, branleur, petit con" - mais aussi les brûlures à la cheville et la main causées par un foret et une cigarette. "Je suis détruit, raconte la victime. Il m’a touché les parties génitales, les fesses… Je n’étais pas d’accord. Même si c’était pour rigoler, ce n’est pas un jeu."
"Un geste amical"
"Le "chat-bite", c’était un geste amical, pas violent ni de harcèlement, se défend le père de famille de 40 ans. Tout ça, c’était pour garder un esprit convivial, une bonne ambiance dans l’entreprise."
"C’est bizarre quand même comme comportement, pointe la présidence. Chez vous, on n’est plus au collège!"
Le carrossier, poursuivi pour agression sexuelle sur mineur de plus de 15 ans et violence avec armes, reconnaît à demi-mot. "Les tapes sur les fesses, ça a pu arriver. Comme les "chats-bites", mais pas souvent… En revanche, je ne l’ai jamais brûlé ni aspergé avec un produit acide…"
Pour ces "actes d’un autre temps", la procureure Lise Rambeaux requiert dix mois d’emprisonnement avec sursis et une inscription au Fijais (Fichier judiciaire automatisé des auteurs d'infractions sexuelles ou violentes).
Malgré la défense de Me Patrick Giovannangeli, plaidant la relaxe - "sa façon d’être était inappropriée mais pas délictuelle" - le tribunal a suivi le ministère public. Et sifflé la fin de la récré.
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