Moselle Il viole sa fille et deux autres jeunes femmes : un père incestueux en fuite condamné

Vendredi, la cour criminelle de la Moselle a eu à juger par défaut criminel un homme pour des viols commis sur sa fille et deux autres jeunes femmes en 2007. Condamné à 15 ans de réclusion, l’intéressé, recherché depuis 2016, est actuellement toujours en fuite.
Clara HESSE - 22 janv. 2021 à 22:15 | mis à jour le 23 janv. 2021 à 09:22 - Temps de lecture :
Seul avocat présent à ce procès par défaut criminel, M e Rondu assurait la défense des victimes.  Photo ER /Cédric JACQUOT
Seul avocat présent à ce procès par défaut criminel, M e Rondu assurait la défense des victimes. Photo ER /Cédric JACQUOT

Vendredi, la cour criminelle de la Moselle a eu à connaître d’un procès un peu particulier. Dans le box des accusés, là où aurait dû se trouver D., poursuivi pour des agressions sexuelles et des viols sur mineures, commis sur l’une de ses filles, une amie de celle-ci et une jeune fille atteinte de cécité, il n’y avait personne.

Depuis 2016, malgré un mandat d’arrêt délivré contre lui, l’accusé est introuvable. Sur le banc des parties civiles, une jeune femme, V. Les deux autres victimes n’ont pas souhaité venir.

Parole libérée dans un SMS

Tout part d’un SMS, envoyé par V. en 2008 : « Dis à ton père de me laisser tranquille. Il m’a violée et il a aussi violé ta sœur. » Puis une plainte, déposée au commissariat de Strasbourg le 6 février 2008 par l’ex-compagne de l’accusé pour le compte de sa fille et de son amie V., permet d’ouvrir une enquête, levant le voile sur les crimes commis par D.

Divorcé en 1994 de sa compagne , avec qui il a eu deux filles, D. vit en région parisienne. Un week-end d’octobre 2007, les enfants viennent lui rendre visite, accompagnées de leur amie V. « Tout s’était très bien passé lors de ce premier séjour, il nous avait accueillies comme un petit papa », rapporte V. à la cour. En décembre, elle est invitée à venir « visiter Paris », seule. Au milieu de la nuit, D. entre dans sa chambre et la viole. Le matin, alors qu’elle pleure toujours, il lui aurait dit : « Je ne comprends pas, E. (sa fille), aimait bien ça. »

Ainsi, la plus jeune des filles de D. expliquera plus tard aux enquêteurs comment son père l’a violée alors qu’elle n’avait que 13 ans. « Un père est toujours un peu amoureux de sa fille », se justifie-t-il auprès d’elle à l’époque. Ils découvriront aussi l’existence d’une autre victime, une jeune fille de son entourage, atteinte de cécité, qui a eu le malheur d’être laissée, quelques instants, seule avec lui. Entendu en septembre 2009, D. a toujours nié les faits.

En fuite à Madagascar ?

« Vu les déclarations constantes des victimes, les rapports d’experts faisant état de leur trauma et un mode opératoire identique de la part de l’accusé, la culpabilité de D. ne fait aucun doute, quand bien même celui-ci crie au complot », a plaidé M e Olivier Rondu, avocat au soutien des parties civiles. Et de conclure : « Ce procès doit être pour elles le dernier acte de cette procédure. »

Jugé par défaut criminel, procédure autrefois appelée par contumace, D. a été condamné à 15 ans de réclusion. D’origine malgache et habitué des « alias », il n’est pas exclu qu’il se soit enfui à Madagascar sous une fausse identité.