(Francfort) L’Allemagne va devenir le premier pays de l’Union européenne à utiliser contre la COVID-19 le traitement expérimental à base d’anticorps de synthèse administré à Donald Trump, a annoncé dimanche le ministre de la Santé Jens Spahn.

« Le gouvernement a acheté 200 000 doses pour 400 millions d’euros », a déclaré M. Spahn au journal Bild am Sonntag, ce qui représente 2000 euros (3100 dollars canadiens) par dose.

Les malades recevront gratuitement cette thérapie, a précisé à l’AFP une porte-parole du ministère de la Santé. Deux déclinaisons de ce traitement à base d’anticorps « monoclonaux » seront utilisées dans des hôpitaux universitaires la semaine prochaine.

M. Spahn a souligné que l’Allemagne était « le premier pays dans l’UE » à se servir de ce type de thérapie dans la lutte contre la pandémie.

Les deux versions de ce traitement ont été approuvées en novembre aux États-Unis mais n’ont pas encore le feu vert des autorités européennes de régulation.

Selon la porte-parole du ministère, l’autorité allemande de régulation des médicaments, l’institut fédéral Paul-Ehrlich, a estimé que l’utilisation de cette thérapie était « en principe » autorisée au cas par cas si les médecins la jugeaient appropriée pour prévenir « une maladie grave ou des hospitalisations parmi certains groupes à risque ».

L’Allemagne s’est approvisionnée auprès de deux compagnies américaines, Regeneron pour son Casirivimab/Imdevimab et Eli Lilly pour son Bamlanivimab, a précisé la porte-parole.

Deux versions au fonctionnement similaire

Les deux fonctionnent de manière similaire, mais la version de Regeneron combine deux anticorps de synthèse et celle d’Eli Lilly n’en utilise qu’un.

Ces anticorps imitent le fonctionnement du système immunitaire après la contamination par le coronavirus en allant bloquer la pointe du virus qui lui permet de s’attacher aux cellules humaines et de les pénétrer.

M. Trump, alors président des États-Unis, avait reçu début octobre le traitement de Regeneron lorsqu’il avait été brièvement hospitalisé, avant même qu’il soit autorisé fin novembre par l’Agence américaine des médicaments (FDA). Le traitement similaire d’Eli Lilly avait été autorisé dès le 9 novembre.

L’ex-président a vanté le traitement de Regeneron en disant qu’il l’avait « guéri ».

Ces anticorps de synthèse « fonctionnent comme une vaccination passive », a expliqué M. Spahn. « Administrer ces anticorps durant les phases initiales de l’infection peut aider des malades à haut risque à éviter une évolution plus grave ».

La commande de l’Allemagne intervient sur fond de critiques grandissantes dans l’UE à propos de la lenteur des campagnes de vaccination.

Les fabricants de vaccins Pfizer/BioNTech et AstraZeneca ont annoncé des livraisons moindres que prévu à court terme en Europe en raison de difficultés de production.

Le gouvernement allemand a indiqué qu’il prévoyait néanmoins de pouvoir offrir le vaccin à tous les Allemands d’ici fin août.

Pays le plus peuplé de l’UE, l’Allemagne a franchi vendredi la barre des 50 000 décès liés à la COVID-19 avec plus de 2,1 millions de cas depuis le début de la pandémie. Les autorités craignent une propagation de nouveaux variants du virus plus contagieux.

Le pays s’est doté de mesures draconiennes qui vont encore être durcies à partir de la semaine prochaine.  

Restaurants, cafés, enceintes sportives et culturelles, fermés depuis deux mois et demi, vont le rester jusqu’au 14 février au moins. Les écoles et commerces non essentiels, fermés depuis le 20 décembre, sont également concernés.

Berlin rend également obligatoire le port de masques médicaux, FFP2 ou chirurgicaux, dans les commerces et tous les transports en commun. Le télétravail s’imposera désormais partout où cela est possible et ce au moins jusqu’au 15 mars.