6,7 millions de Français déclarent avoir été victimes d'inceste

Par Christine Vainqueur
inceste france
Deux nouvelles enquêtes, l'une conduite par l'INED et l'autre par Ipsos, pour l'association Face à l'inceste, délivrent de nouveaux chiffres sur l'inceste en France. En 2020, 6,7 millions de Français affirment avoir été victimes d'inceste.

Conduite depuis 2015, l'enquête Virage, menée par l'Institut national d'études démographiques (INED) a dévoilé ses nouveaux chiffres sur les violences psychologiques subies avant le passage à l'âge adulte, ce lundi 23 novembre.

Selon elle, un homme sur huit, et une femme sur cinq, affirment avoir subi des violences psychologiques, physiques ou sexuelles, y compris l'inceste au sein de la sphère familiale, avant d'atteindre l'âge de 18 ans, rapporte Le Monde.

Cette étude a été réalisée auprès de 27.000 personnes âgées de 20 à 69 ans, et recense toutes les violences subies au cours de la vie des participants depuis l'enfance et dans tous les contextes, qu'il aient porté plainte ou non, souligne La Croix

Les investigations de l'INED concernent "les viols et tentatives" et "autres agressions sexuelles" mais également "les baisers forcés ou le pelotage", précise l'institut. 

Un Français sur 10 victime d'inceste

D'après un sondage Ipsos réalisé pour l'association Face à l'inceste dévoilé ce jeudi 19 novembre, un Français sur 10 affirme avoir été victime d'inceste, soit 6,7 millions de personnes.

Plus de 1033 personnes majeures ont participé au sondage en ligne. 23% des répondants connaissent une ou plusieurs victimes d'agressions sexuelles perpétrées par un membre de leur famille durant leur enfance. Ils sont 32% à connaître au moins une victime d'inceste et 29% à être eux-mêmes des victimes. 

Les chiffres de l'inceste en France ont triplé depuis 2009, pointe l'association Face à l'inceste. En 2009, le nombre de victimes déclarées s'élevait à 2 millions, selon un premier sondage d'Ipsos.

Le rapport d'Ipsos estime quant à lui que cette augmentation est en corrélation directe avec la libération de la parole, rendue possible avec le mouvement #MeToo.

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Les petites filles plus touchées par l'inceste

Ces deux rapportent montrent que les femmes sont plus touchées que les hommes face aux violences sexuelles. Sur 6,7 millions de victimes, 78% sont des femmes, relève le rapport Ipsos. 

L'INED observe aussi que le taux de violences sexuelles est bien plus élevé pour les femmes que pour les hommes, et cela, tout au long de leurs vies, "dans tous les contextes et à tous les âges". De même que les petites filles sont plus touchées que les petits garçons par ces violences familiales, indépendamment de leur milieu social. 

A contrario, les hommes eux, sont victimes de plus de violences intrafamiliales en étant enfant ou adolescent. Les femmes rapportent plus de violences répétées qu'elles "jugent graves ou très graves". 

Plus de 4% des femmes disent avoir subi des violences sexuelles au sein de leur famille et dans l'entourage proche, contre 1% des hommes. 1,5 % des filles subissent des viols ou tentatives de viols, pour 0,3 % des garçons. 

96% des cas d'inceste commis par des hommes 

L’étude de l’INED démontre enfin que les auteurs d’incestes sont principalement des hommes, entre 96% et 98% des cas. "Les hommes de la famille (pères, frères et demi-frères, oncles, grands-pères, autres hommes de la parenté, beaux-pères…) ou proches de la famille représentent la quasi-totalité des auteurs de violences sexuelles", cite La Croix. 

Depuis 2016, le mot "inceste" figure dans le code pénal. En 2018, le délai de prescription d’un viol sur mineur est passé de vingt ans à trente ans lorsque la victime est majeure, rappelle Le Monde.

Ces avancées légales ne sont pas suffisantes pour l'association Face à l'inceste, qui a lancé une pétition pour que l'inceste soit reconnu en tant que crime, et que les mineurs n'aient plus à justifier qu'ils ne consentaient pas aux actes subis. 

"En France, l'inceste, c'est-à-dire le rapport sexuel entre deux personnes qui sont parents à un degré où le mariage est interdit, ne constitue pas une infraction spécifique", rappelle le Sénat. "Si la relation est librement consentie et concerne deux personnes qui ont dépassé l'âge de la majorité sexuelle, fixé à quinze ans dans notre pays, elle ne tombe pas sous le coup du code pénal."

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