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Covid-19: ce que disent les analyses des eaux usées sur l'évolution de l'épidémie

La présence du SARS-Cov-2 selon les régions varie, ce qui rend plus difficile une prévision nationale de l'évolution de l'épidémie. À Lille l'épidémie semble décroître, mais elle grimpe à Marseille.

Le réseau Obépine (Observatoire épidémiologique dans les eaux usées) a publié une partie des résultats de ses relevés lundi, dans plusieurs stations d'épuration de l'Hexagone. Ce programme a été mis en place pour repérer et surveiller les traces du SARS-CoV-2 dans les différentes régions et métropoles de France, afin de détecter une augmentation de sa présence, et donc une poussée de l'épidémie à venir.

"On voit bien une corrélation directe entre la présence de SARS-CoV-2 dans les eaux usées et la propagation de l'épidémie sur le territoire régional, avec un délai d'environ 5 à 6 jours, donc c'est vraiment des éléments d'anticipation et de gestion assez intéressants", explique sur BFMTV Christian Debiesse, directeur des eaux et déchets à la Métropole de Lyon.

Des disparités de résultats selon les régions

Les données publiées présentent une certaine disparité de l'évolution de l'épidémie ces dernières semaines sur le territoire. Ainsi, à Toulouse et à Marseille, "la tendance est à une hausse soutenue depuis les fêtes", expliquent les scientifiques du réseau, avec un "niveau de circulation du virus haut". alors qu'à Strasbourg, "après un pic début décembre, la tendance est à une baisse continue".

Du côté de Lille, le "niveau de circulation du virus est devenu plutôt bas. La tendance est à la baisse depuis fin novembre et se poursuit malgré une légère remontée en début d’année".

Indicateurs de la présence du Covid-19 dans les eaux usées de Strasbourg (en haut) et de Marseille (en bas). Les bandes grises représentent les périodes de confinement, les orange de couvre-feu.
Indicateurs de la présence du Covid-19 dans les eaux usées de Strasbourg (en haut) et de Marseille (en bas). Les bandes grises représentent les périodes de confinement, les orange de couvre-feu. © Réseau Obépine
"On a, au niveau du Sud-Ouest et du Sud-Est, plutôt des tendances à la hausse qui continuent d'être observées", explique à BFMTV Anne-Lise Avril, directrice de l'innovation du groupe Suez, qui participe à l'expérience.

"Sur l'Île-de-France on s'inscrit résolument sur un plateau haut, donc plutôt une stabilisation, mais à un niveau qui reste très élevé", précise-t-elle. Mi-janvier, le réseau Obépine avait alerté sur une augmentation de la concentration de traces de SARS-CoV-2 dans les rejets franciliens.

"Jusqu'à présent, toutes les stations étaient à peu près cohérentes et leurs résultats évoluaient dans le même sens", déclare le mathématicien et professeur à Sorbonne-Université Yvon Maday, cofondateur d'Obépine, au Parisien. Ces disparités pourraient s'expliquer par la circulation du variant britannique, plus contagieux, qui serait plus présent dans certaines zones que dans d'autres. Ces tendances restent toutefois à confirmer dans les prochains jours et semaines.

Quels objectifs pour Obépine?

Étant donné la situation sanitaire actuelle, les autorités ont demandé aux scientifiques du réseau Obépine d'évaluer la présence, et la propagation des différents variants dans les eaux usées, rapporte L'Express. "Dans l'environnement, il existe des centaines de milliers de virus qui se mélangent, cela rend l'analyse encore plus complexe", explique à l'hebdomadaire Laurent Moulin, microbiologiste et cofondateur d'Obépine.

Avec ces données, complétées par d'autres indicateurs de l'épidémie, comme les tests de dépistage, il est possible d'anticiper les pics de la maladie, mais aussi de surveiller les effets des mesures de restriction mises en place, comme le couvre-feu actuel.

"En suivant ces stations tout l'été, on a pu montrer que les concentrations de virus dans les eaux usées ont augmenté", déclarait en novembre sur BFMTV Vincent Maréchal, virologue, membre du réseau Obépine. "Donc ce que cela démontre également, c'est que l'on peut anticiper la circulation ou la recirculation du virus dans une population".
Salomé Vincendon
Salomé Vincendon Journaliste BFMTV