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Un centre de soins sur quatre dans le monde n’a pas d’eau, une menace face au coronavirus

Un membre du personnel d'un centre de santé en Ouganda nettoie le sol en utilisant un mélange de chlore et d'eau pour prévenir les infections. Il est essentiel que les établissements de santé disposent de services d'eau, d'assainissement et d'hygiène adéq
UNICEF/Michele Sibiloni
Un membre du personnel d'un centre de santé en Ouganda nettoie le sol en utilisant un mélange de chlore et d'eau pour prévenir les infections. Il est essentiel que les établissements de santé disposent de services d'eau, d'assainissement et d'hygiène adéq

Un centre de soins sur quatre dans le monde n’a pas d’eau, une menace face au coronavirus

Santé

Un établissement de santé sur quatre dans le monde est dépourvu de services d’approvisionnement en eau et ce manque d’eau expose les professionnels de santé et les patients à un risque plus élevé d’infection par la Covid-19, ont alerté lundi les Nations Unies.

« Travailler dans un établissement de santé sans eau, assainissement et hygiène, c’est un peu comme envoyer des infirmières et des médecins travailler sans équipement de protection individuelle », a déclaré le Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus, Directeur général de l’Organisation mondiale de la santé (OMS).

1,8 milliard de personnes, qui se rendent ou travaillent dans des établissements de santé, ne disposent pas de services d’approvisionnement en eau de base

« L’approvisionnement en eau, l’assainissement et l’hygiène dans les établissements de santé sont fondamentaux pour stopper la Covid-19 », a ajouté le chef de l’OMS.  

Dans le monde, quelque 1,8 milliard de personnes, qui se rendent ou travaillent dans des établissements de santé, ne disposent pas de services d’approvisionnement en eau de base, ont averti l’OMS et le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF), dans un rapport conjoint basé sur des données de 165 pays. 

Selon le « Rapport d’étape mondial sur l’eau et l’assainissement dans les établissements de santé », un centre de soins sur trois ne permet pas de garantir l’hygiène des mains là où les soins sont prodigués. Un établissement sanitaire sur dix n’a pas accès à des services d’assainissement, et un sur trois ne trie pas ses déchets en toute sécurité.

Situation plus inquiétante parmi les pays les moins avancés

« Il reste cependant d’importantes lacunes à combler, en particulier dans les pays les moins avancés », a fait valoir le Dr Tedros. En effet, c’est dans les 47 pays les moins avancés (PMA) de la planète que « la situation est la plus catastrophique ».

Parmi ces pays, un établissement de santé sur deux ne dispose pas de service d’approvisionnement en eau potable de base ; un sur quatre n’est pas équipé d’installations pour le lavage des mains, là où sont prodigués les soins; et trois sur cinq n’ont pas accès à des services d’assainissement de base.

« Envoyer des professionnels de santé et des personnes qui ont besoin de traitements dans des établissements dépourvus d’eau propre, de toilettes sûres, voire de savon, met leur vie en danger », a affirmé de son côté, Henrietta Fore, Directrice exécutive de l’UNICEF.  « C’était déjà une réalité avant la pandémie de Covid-19, mais les événements de cette année nous interdisent d’ignorer plus longtemps ces lacunes ». 

D’après l’OMS et l’UNICEF, ce problème n’est pas insoluble. Le coût pour mettre en place des services d’approvisionnement en eau dans les établissements de santé des 47 PMA s’élèverait à 1 dollar par habitant. En moyenne, l’exploitation et l’entretien de ces services nécessiteraient 0,20 dollar par habitant chaque année.

« Alors que nous réinventons et dessinons le monde post-Covid, le fait de veiller à envoyer les enfants et les mères dans des lieux qui disposent de services d’approvisionnement en eau, d’assainissement et d’hygiène adéquats n’est pas seulement ce que nous pouvons et devons faire, c’est une obligation absolue », a fait remarquer Mme Fore. 

Par ailleurs, des données publiées par l’OMS en octobre dernier indiquent que la proportion de professionnels de santé infectés par la Covid-19 est beaucoup plus élevée que dans le reste de la population. Ils représentent moins de 3% de la population, mais comptabilisent 14% des cas de Covid-19 signalés à l’OMS dans le monde. 

Une infirmière portant un masque et des gants pour se protéger contre le coronavirus dans un centre de santé dans la banlieue d'Abidjan, en Côte d'Ivoire.
© UNICEF/Frank Dejongh
Une infirmière portant un masque et des gants pour se protéger contre le coronavirus dans un centre de santé dans la banlieue d'Abidjan, en Côte d'Ivoire.

Chaque dollar investi dans ces services de base en rapporte 1,5

Pour l’ONU, il est donc impératif de veiller à ce que les professionnels de santé aient accès aux services de base pour préserver leur sécurité ainsi que celle de leurs patients, de leur famille et de leurs enfants. 

« Chaque jour, la vie de professionnels de santé et de patients est mise en danger. Cela ne peut plus durer », affirme Tim Wainwright, Directeur général de l’organisation caritative internationale WaterAid. « Si les soignants en première ligne ne peuvent pas se laver les mains, fournir une eau propre à leurs patients ou trouver des toilettes décentes, un hôpital se transforme en bouillon de culture pour les maladies ». 

Le rapport insiste sur les retombées d’une hausse immédiate des investissements. Dans un premier temps, elle fait gagner du temps aux professionnels de santé, qui n’ont plus à aller chercher de l’eau pour se laver les mains. Une meilleure hygiène renforce également l’adoption des services. Tous ces avantages s’additionnent pour donner un rendement de 1,5 dollar pour chaque dollar investi. 

Pour l’OMS et l’UNICEF, assurer la protection et la sécurité des professionnels de santé et des patients, passe par davantage de financements mondiaux essentiels, d’assistance technique et de ressources nationales.

« Aujourd’hui, nous avons une occasion de nous appuyer sur les efforts et les engagements existants et d’intégrer l’EAH dans les établissements de santé à tous les plans nationaux relatifs à la Covid-19, à la distribution des vaccins et aux mesures de récupération économique », ont insisté les deux agences onusiennes.