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MAP : Mise en ligne des albums de Jacques-Henri Lartigue (1894-1986)

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La récente mise en ligne par la Donation Lartigue, des cent vingt-six principaux albums du fonds du photographe conservé à la Médiathèque de l’architecture et du patrimoine (MAP, Charenton-le-Pont) constitue une étape importante dans l’exposition d’une œuvre reconnue tardivement (1963). En quarante-mille images prises de la fin du XIXème siècle à l’année 1986, année de la mort du photographe, c’est son journal photographique qui se déploie, documentant sa vie personnelle, ses pratiques photographiques et finalement, une quête artistique qui fut également alimentée par la peinture et l’écriture.

On découvre ainsi, au fil des albums, outre les icônes qui contribuèrent à le rendre célèbre (Automobile déformée -album de 1912- Renée-Perle dans les années 1930-1932 ou photographie du septennat de Valéry Giscard d’Estaing en 1974), comment la photographie, dont il se servira beaucoup en tant que peintre dans les années 1920-1940, est d’abord affective, apprise dans un environnement familial et amical et prise dans des contextes de sociabilité élevée. Passionné par les innovations techniques de la deuxième révolution industrielle (aéronautique, automobile, cinéma), il capte avec justesse et parfois malice, son environnement immédiat : cercle familial, mondains, sportifs, artistiques (notamment le monde de la photographie à partir des années 1970) mais aussi milieux plus modestes. Très sensible aux images de la presse d’illustration, des magazines de mode et de loisirs, exempté de service militaire pendant les deux conflits mondiaux, il s’approprie avec aisance la face la plus joyeuse de l’imaginaire du 20ème siècle (villégiature, tourisme, sports et loisirs, mise en avant de l’individu, importance de la mode et de la publicité, du cinéma, du voyage). Ses trois épouses (Bibi 1919-1928, Coco 1934-1940, Florette 1942-1986) et sa maîtresse la plus photogénique lui fournissent des modèles d’études incessantes. Mais la nature et ses paysages sont aussi des terrains d’expérimentations nombreuses. La grâce, d’abord vécue comme instant à saisir d’une humanité qui s’y absorbe (suspension, sauts, reflets, tempêtes) se retrouve aussi dans des « tableaux » hors du temps, que sa pratique de la peinture et les qualités techniques de ses appareils lui ont appris à composer. Enfin, font également partie du répertoire qu’il développe, les contrées moins familières pour lui et moins connues du grand public des ruines ou du dénuement.

Si l’on regrettera évidemment de ne pouvoir approcher ces objets divers et composites pour des qualités sensibles qui disparaissent dans le flot lumineux des écrans, au moins l’outil révélera-t-il, sans commentaires, à celles et ceux qui lui consacreront le temps nécessaire, une personnalité plus complexe – plus riche aussi – que celle parfois diffusée par les choix éditoriaux réalisés dans la dernière partie de sa vie qui l’ont beaucoup cantonné, à tort, comme un photographe de la Belle-Epoque.

Juliette Dharmadhikari

MAP, janvier 2021

 

Juliette Dharmadhikari est chargée de collection au département de la photographie de la Médiathèque de l’architecture et du patrimoine. Elle travaille à l’inventaire du fonds Lartigue depuis 2017, en partenariat avec la Donation Lartigue. Elle était co-commissaire de l’exposition « les 40 ans la donation Jacques-Henri Lartigue » au ministère de la Culture en 2019. Elle a mis en œuvre le feuilletoir des albums du photographe.

 

En 1979, Jacques-Henri Lartigue (1894-1986) signe le premier de trois actes de donation et devient le premier photographe français à faire don de l’ensemble de son œuvre à l’État. Il en confie la gestion à l’association des amis de Jacques-Henri Lartigue (AAJHL), dite Donation Lartigue, avec laquelle la Médiathèque de l’architecture et du patrimoine (MAP), affectataire du fonds, travaille à sa conservation et à sa diffusion.

La donation comporte :

> 135 albums personnels renfermant plus de 40 000 tirages ;

> 120 000 négatifs et diapositives ;

> 9 appareils photographiques ;

> 20 toiles peintes, le reste de l’œuvre peint étant légué au musée de L’Isle-Adam (Val-d’Oise) ;

> l’ensemble des manuscrits ayant servi à la publication de ses trois volumes de mémoires.

À sa mort, en 2000, Florette Lartigue, dernière épouse du photographe, fait don du reste des archives photographiques de son mari à l’AAJHL, enrichissant encore cet ensemble remarquable (dessins, papiers personnels, argus de presse, albums et photographies de collection). Elle lègue par ailleurs son patrimoine à la Fondation de France qui soutient, à travers la Fondation Jacques-Henri Lartigue, les actions de la Donation et les initiatives de chercheurs et créateurs.

https://albums.lartigue.org/

 

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