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Violé à 11 ans, Bruno Questel raconte pourquoi il a parlé : "Je disais juste à Jack Lang 'tais-toi'"

Le député Bruno Questel, ici en décembre dernier.
Le député Bruno Questel, ici en décembre dernier. © Arthur Nicholas Orchard / Hans Lucas / Hans Lucas via AFP
Emilie Cabot , Mis à jour le

Bruno Questel, député LREM de l'Eure, a révélé la semaine dernière sur Twitter avoir été violé enfant, à l'âge de 11 ans, par un homme de son village en Corse. Sur le plateau de BFM TV mercredi il a expliqué pourquoi il a voulu parler et a livré un témoignage bouleversant.

«Il fallait que ça sorte». En écho de l’affaire Duhamel, accusé d’inceste sur son beau-fils, le député de l’Eure Bruno Questel a écrit la semaine dernière un tweet bouleversant, révélant avoir été violé à l’âge de 11 ans. «Il n'était pas de ma famille, il était du village; de ces lieux où la famille est grande. J'avais 11 ans. Je n'ai jamais oublié. Aucune excuse possible. Aucun pardon possible. Aucun repos pour les auteurs de ces actes. Il faut s'indigner toutes les secondes», a écrit l’élu de 54 ans.

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"J’ai apporté ma pierre à ce travail collectif, il faut que la société maintenant fasse aussi sa part du travail"

Le récit de Camille Kouchner dans «La Familia grande» , dans lequel elle raconte que son beau-père Olivier Duhamel a abusé sexuellement de son jumeau adolescent, a été «un détonateur» pour lui, a-t-il expliqué mercredi sur BFM TV. «Je l’ai parcouru mais je n’ai pas pu le lire entièrement (…) J’ai trouvé très courageux ce que ces jumeaux ont fait (…) je me suis dit qu’il fallait que je parle aussi pour dire que tout le monde pouvait être concerné. Quelque soit le parti ou le mouvement politique auquel on appartient, on est tous des femmes et des hommes, on a tous des parcours, je voulais juste dire : voilà ce qui m’est arrivé mais regardez aujourd’hui. C’est la preuve qu’il faut avancer, qu’il faut vivre, qu’il faut se battre parfois. (…) Ce grand mouvement de libération de parole (…) j’ai apporté ma pierre à ce travail collectif, il faut que la société maintenant fasse aussi sa part du travail.»

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Il a partagé ses hésitations avant de poster son témoignage sur le réseau social. Il avait écrit en brouillons quelques messages «deux trois jours avant», sans les publier : «Je les avais fait de manière posée où j’expliquais les choses dans le détail, puis je me suis dit "non, ce n’est pas le moment, ne te mêle pas de ça".» Il explique avoir ensuite entendu l’intervention de Jack Lang – qui, réagissant à l’affaire Duhamel, a affirmé ne pas pouvoir s'«indigner à chaque minute». Cette phrase, «ça m’a été insupportable» : «Il y a eu cette petite musique qui s’installait : "C’était il y a plusieurs années", "c’était la liberté", "c’était après 1968"… tout un tas de bêtises qui tendaient à justifier l’innommable, je ne l’ai pas accepté.» «Quelques heures après (le tweet), j’ai reçu quelques messages très chaleureux qui soulignaient la notion de courage. Moi je n’étais pas là-dedans. Je disais juste à Jack Lang : "Tais-toi". C’est ça mon tweet : c’est "tu te tais". Quand on est passé par là, c’est comme ci vous étiez marqué au fer rouge», a-t-il poursuivi.

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"Vous êtes tout petit (…) C’est le début d’une autre vie"

Face à Bruce Toussaint, très ému, il a raconté son calvaire, une douleur qu’il a confiée à son épouse, ses enfants et à quelques proches. Il a expliqué ce qu’il a subi à l’âge de 11 ans, un soir de juillet 1977, en Corse, dans le village de sa mère. Il était allé voir l’arrivée du Tour de France chez un voisin qui avait la télévision et a été violé. Son agresseur était un homme qu’il connaissait depuis sa naissance, que ses parents connaissaient également. «C’est une grande famille le village», résume-t-il. «Ca a été comme une pieuvre (…) les mots, les gestes, ce qu’il vous demande de faire, le souffle -il m’est revenu cette semaine, le souffle- la langue, tout… (…) Vous êtes tout petit (…) c’est le début d’une autre vie.» 

L’homme lui a ensuite dit qu’il fallait qu’il retourne le voir le lendemain, «qu’il y aura des fruits et qu’il me donnera des bonbons». «Il m’oblige à lui dire : "Oui je viendrai demain". C’est là où sans doute ce qui m’a sauvé, c’est que ça je l’ai dit à mes parents». «On est rentré à la maison, j’ai craqué, mon père est tout de suite sorti pour le trouver, il ne l’a pas trouvé. Ma mère l’a vu le lendemain et après il a été décidé qu’on en restait là», se souvient-il encore.

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A partir de l’adolescence, Bruno Questel passe plusieurs années sans aller en Corse : «J’avais peur. Jusqu’à sa mort, je ne pouvais pas le croiser. Je n’arrivais pas physiquement.» Il a effacé ce souvenir pendant longtemps et puis un jour, «ça vous pète au visage». «C’était un sujet professionnel, j’étais sur un truc, des engagements avaient été pris et puis on m’annonce qu’ils seront pas pris. J’étais à mon travail, je vais aux toilettes me réfugier et je m’assieds par terre dans les toilettes. Et là boom. Ça revient…»

"C’est un mal qui est partout"

«C’était il y a plus de 40 ans, je n’en veux à personne sauf à l’intéressé. C’était il y a 40 ans, il faut le remettre dans le contexte», insiste-t-il. «C’est un mal qui est partout. Quand je vous parle, je me dis qu'en face de moi derrière sa télé il y a forcément un ou plusieurs types qui ont fait ça hier ou qui le feront demain. Je pense aussi à eux. Comment on peut, sans être malade. C’est ça aussi qu’il faut travailler.» «Demain, ça ne peut plus être comme avant, espère-t-il vivement. Le phénomène initié par les enfants Kouchner, il doit se dérouler maintenant. Ça doit aller jusqu’au bout, souhaite le député. Il faut que la classe politique appréhende cela, s'il n’y a pas une union nationale là-dessus, je ne comprends plus rien. Et à la limite je n’ai plus rien à foutre en politique. Si on n'est pas capables tous de se poser et de dire voilà ce qu’on met en place (…) si on n'est pas capable de faire ça c’est que la société ne tourne pas rond».

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