Jusqu’à dimanche, coulées de neige et inondations ont continué de perturber le trafic routier et ferroviaire, même si le ferroutage a pu reprendre au Lötschberg ainsi que sur la ligne de la Furka. Dans l’Oberland bernois, c’était la pagaille entre Brienz et Interlaken. En Valais, en Suisse centrale et dans le nord des Grisons, le danger d’avalanche était dimanche de 4 sur 5. Si Zermatt n’est plus coupée du monde, Rarogne restait sur le qui-vive, la montagne étant descendue à plusieurs reprises.
Début d’hiver meurtrier
Ces éboulements (le dernier, mineur, dans la nuit de samedi) ont provoqué l’évacuation de 76 personnes qui ne pourront pas rentrer chez elles avant lundi. A Ollon dans le canton de Vaud, un éboulement s’est arrêté à 50 mètres des habitations, samedi. La route Ollon-Verschiez avait été fermée préventivement.
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Ce début d’hiver est assez meurtrier, avec une quinzaine de personnes décédées dans les avalanches. Mais ces dernières devraient se calmer: «A basse altitude (en dessous de 2000 mètres), les pentes ont été purgées, le manteau se tasse et il a plu, donc le danger est moindre, explique le nivologue. En altitude en revanche, le risque va rester le même.»
Beaucoup d’avalanches provoquées par la pluie
Que s’est-il donc passé pour que la montagne se déchaîne ainsi? «Beaucoup d’avalanches sont parties en dessous de 2000 mètres, provoquées par la pluie qui a détrempé le manteau neigeux, explique Robert Bolognesi. Au-dessus, elles sont liées à de fortes chutes de neige, entre 1,3 et 2,2 mètres, jusqu’à 2,5 mètres en sept jours dans la région de Conches et du Lötschental.»
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Le spécialiste s’est ingénié à faire des comparaisons avec les lames d’eau qui ont déferlé sur le Plateau. Conclusion: les précipitations se sont acharnées sur la montagne davantage qu’en plaine. Un phénomène qui s’explique: «C’est typique des masses d’air qui proviennent de l’Atlantique. Elles baignent d’abord la Bretagne, puis le Jura et le Plateau. Quand elles s’élèvent, elles donnent davantage de précipitations, qu’on nomme des précipitations de barrage.» Rien que de très usuel: «Assez souvent, tous les deux hivers, des perturbations sur l’Atlantique arrivent les unes derrière les autres.»
Selon Robert Bolognesi, les stations d’hiver ont très bien géré la situation. Certaines ont fermé parce qu’elles n’avaient pas pu procéder à des déclenchements préventifs, d’autres ont pu sécuriser leurs domaines. Mais elles ne pourront rien contre les skieurs et randonneurs imprudents et ignorants des dangers des sommets.