Couvre-feu à Paris : des clients verbalisés par la police à la caisse d'un supermarché à 18h06

Deux clients d'un supermarché du 20ème arrondissement de Paris témoignent avoir été verbalisés alors qu'ils terminaient de faire leurs courses, mercredi 27 janvier 2021 à 18h06.

Une intervention de police à la caisse d'un supermarché du 20ème arrondissement de Paris fait polémique, depuis mercredi 27 janvier 2021.
Une intervention de police à la caisse d’un supermarché du 20ème arrondissement de Paris fait polémique, depuis mercredi 27 janvier 2021. (©Adobe Stock / Illustration)
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Tolérance zéro ? Mercredi 27 janvier 2021, les clients d’un supermarché Franprix situé dans le 20ème arrondissement de Paris ont été verbalisés pour non-respect du couvre-feu. Ils terminaient leurs courses à 18h06 quand la police est intervenue.

La préfecture de police confirme à actu Paris la verbalisation « du gérant et des clients » en raison de l’horaire, quelques minutes après le couvre-feu. « Le gérant de ce commerce avait déjà été mis en garde », précise la préfecture. 

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« Les policiers sont arrivés en opération commando »

La scène décrite par Arnaud Cosson témoigne, selon ses mots, d’un « manque d’humanité et d’un manque d’empathie de la part de certains policiers ». L’humoriste raconte, minute par minute, une scène « regrettable ». Il est 17h53, mercredi, quand il va faire ses courses.

Le Franprix est ouvert, il y a du monde. Nous prenons le minimum, nous faisons la queue, une dizaine de personnes devant nous, une vingtaine derrière. Le responsable accélère la cadence, commence à baisser un rideau, nous payons, nous sommes sur le point de sortir, nous arrivons à la porte, il est 18h04.

Arnaud Cosson

Quatre minutes après l’heure fatidique du couvre-feu, quand soudain « quatre policiers arrivent ». La scène est aussi décrite par Aurélie Sfez, journaliste présente avec « une poignée de clients qui ont couru comme moi pour trois steaks hachés, des couches et du yaourt » : « Les policiers sont arrivés en opération commando, ils nous ont crié dessus. »

Selon ces deux témoins, le quatuor réclame aux clients leurs pièces d’identité, tout en leur ordonnant de « poser leurs courses ». À ce moment, Arnaud avait payé et Aurélie s’apprêtait à le faire : « Plus personne ne sort, tout le monde sera verbalisé », annonce un gradé.

« Il est 18h06 et on prend une prune de 135 euros »

Une décision qui interloque les clients, qui tentent « de lui faire entendre raison ». En vain. Arnaud Cosson tente de négocier, mais ne parvient pas à faire changer d’avis le policier, qui lui indique que son attestation « ne sert à rien » parce qu’il est dans un commerce « qui devrait être fermé ». Arnaud Cosson argumente sur « les courses en fin de journée » de ceux qui « ne peuvent pas faire autrement » car « elles ont un boulot » ne suffiront pas.

Selon Aurélie Sfez, les cartes d’identité des personnes présentes ont été photographiées par l’équipage de police, ainsi que les attestations. « Il est 18h06 et on prend chacun une prune de 135 euros », témoigne Arnaud Cosson, ulcéré : « Je n’ai rien contre la police, je leur trouve bien du mérite vu le contexte actuel, mais là… On est sur quelle planète ? »

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La préfecture de police confirme les verbalisations

Un troisième témoin, interrogé par 20 Minutes, affirme avoir échangé avec un policier sur place, qui lui aurait expliqué que les policiers étaient déjà venus « quatre fois » pour dire au gérant d’être fermé « à 18 heures pile ». Le policier lui aurait assuré que les clients ne seraient pas verbalisés, ce qu’a contredit la préfecture de police, auprès d’actu Paris.

Les policiers ont procédé au contrôle du magasin et ont découvert la présence de clients à l'intérieur après le début de couvre-feu. Le gérant et les clients étaient contrôlés et verbalisés en application stricte des règles du respect des mesures du couvre-feu. En effet, s'agissant des clients, seules les activités correspondant aux motifs de sortie avec attestation peuvent être faites pendant le couvre-feu, lesquelles n'incluent pas les courses alimentaires.

Préfecture de police

L’enseigne Franprix a confirmé l’intervention, expliquant à 20 Minutes qu’il y avait « une dizaine de clients » dans le magasin à ce moment-là. Les policiers auraient dit au gérant du magasin de fermer son magasin « à 17h50 » pour être vide à 18 heures.

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