Philosophie du clitoris : épisode • 1/4 du podcast Le corps féminin

Philosophie du clitoris ©Getty - Adene Sanchez
Philosophie du clitoris ©Getty - Adene Sanchez
Philosophie du clitoris ©Getty - Adene Sanchez
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La femme est un être singulier, la seule à posséder deux organes sexuels séparés, dont le clitoris, dédié au plaisir. Le secret de ce plaisir fut longtemps un impensé en philosophie. Qu’est-ce que le plaisir ? Comment parler du clitoris sans tomber dans un essentialisme du corps féminin ?

Avec
  • Catherine Malabou Philosophe, professeure de philosophie au « Centre for Research in Modern European Philosophy » à l’Université de Kingston au Royaume-Uni

"Le clitoris est une pierre minuscule logée en secret dans la grande chaussure de l'imaginaire sexuel.
La jeune Clitoris de la mythologie grecque, connue pour sa taille très fine, était dite mince 'comme un caillou'.            
Longtemps caché, privé de nom, de représentations artistiques, absent des traités de médecine, souvent ignoré des femmes elles-mêmes, le clitoris n'a eu durant des siècles qu'une existence de scrupule, au sens primitif du terme, ce grain qui gêne la marche et taraude l'esprit."           
Catherine Malabou, dans Le plaisir effacé : clitoris et pensée, aux éditions Rivages (2020)

Alors comment passer du scrupule au plaisir ? Comment garder le mystère du plaisir, celui-même qui appelle la pensée ?

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L'invitée du jour

Catherine Malabou, philosophe, professeure de philosophie au « Centre for Research in Modern European Philosophy » à l’Université de Kingston au Royaume-Uni

Le plaisir, un impensé philosophique

Le plaisir est un terme qui a été beaucoup employé en philosophie, mais qui a été assimilé très rapidement à la passion au sens classique du terme, très peu à la sexualité, et encore moins à la sexualité féminine. J’ai voulu explorer ce côté secret du plaisir qui n’avait jamais été dit en philosophie. Il faut garder cette image du scrupule, de quelque chose qui nous gêne, pour arriver à le penser.
Catherine Malabou

Parler du clitoris, est-ce essentialiser la femme ?

En parlant du plaisir effacé, j’ai voulu montrer que lorsqu’on mettait fin à un effacement, on en produisait nécessairement un autre. Aujourd’hui il est vrai qu’il y a beaucoup de livres, de représentations du clitoris, il n’est plus ignoré, mais le scrupule demeure, et cela va nous renvoyer à l’histoire du féminisme, parce que la grande question est : comment parler du clitoris sans tomber dans ce que le féminisme dénonce comme un piège : l’essentialisme, le naturalisme, quelque chose qui serait la nature de la femme. Comment en parler sans l’effacer à nouveau ?
Catherine Malabou

Textes lus par Elsa Lepoivre :

  • Extrait de L’être et le néant, de Jean-Paul Sartre, 1943, éditions Gallimard
  • Extrait de Ce sexe qui n’en est pas un, de Luce Irigaray, 1977, éditions de Minuit
  • Extrait de Crachons sur Hegel : une révolte féministe, de Carla Lonzi, 1974, éditions Eterotopia

Sons diffusés :

  • Mix de début d'émission par Laurence Malonda avec des extraits de Barbarella, de Roger Vadim, 1968 ; Moi César, 10 ans 1/2, 1,39 m, de Richard Berry, 2003 ; Nymphomaniac II, de Lars von Trier, 2013 ; Réponses de femmes, d'Agnès Varda, 1975 ; et chanson de Khia, My Neck My Back (Lick it)
  • Archive de Simone de Beauvoir, dans les Nuits Magnétiques, France Culture, 02 février 1979
  • Extrait du film Anatomie d’un rapport, de Luc Moullet et Antonietta Pizzorno, 1976
  • Musique de Balmorhea, On the weight of night, album Constellations
  • Extrait du film Nymphomaniac Vol. 2, de Lars von Trier, 2013
  • Chanson de Megan Thee Stallion, Body

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