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La Suisse se dirige vers une interdiction de la burqa et du niqab

femmes dans la rue
Les femmes portant la burqa ou le niqab sont très rares en Suisse. Le gouvernement estime leur nombre entre 95 et 130 sur l'ensemble du territoire. Keystone/Martial Trezzini

56% des citoyennes et des citoyens ont l’intention de voter en faveur de l’initiative pour interdire la dissimulation du visage dans l’espace public, révèle un sondage SSR SRG. Un chiffre qui s’élève même à 74% chez les Suisses de l’étranger.

La Suisse pourrait bientôt rejoindre les cinq autres pays européens ayant interdit le port de la burqa et du niqab, à savoir la France, la Belgique, l’Autriche, la Bulgarie et le Danemark. Le peuple est appelé à voter le 7 mars sur une initiative populaire visant à prohiber la dissimulation du visage dans l’espace public.

Et le texte semble convaincre la population, d’après le dernier sondage SSR SRG réalisé par l’institut gfs.bern.

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56% des personnes interrogées ont l’intention de voter «oui» à l’interdiction de la burqa et du niqab, 40% prévoient de voter «non» et seuls 4% sont encore indécises.

Le soutien à l’initiative est plus fort chez les Suisses de l’étranger, puisque 74% ont l’intention de glisser un «oui» dans l’urne le 7 mars. 24% prévoient de refuser le texte et 2% sont indécis.

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Cet objet se caractérise par une très nette polarisation gauche/droite: les électeurs du Parti socialiste et des Verts se disent clairement contre l’interdiction de se dissimuler le visage, alors que ceux de tous les autres partis du centre et de droite y sont favorables.

Les partisans de l’initiative marquent nettement des points avec l’argument que l’homme et la femme doivent avoir des droits égaux: 76% des sondés suivent ce raisonnement. Deux tiers sont également séduits par l’argument que l’interdiction de la dissimulation du visage renforce la sécurité en aidant à arrêter des criminels et des terroristes.

Le camp des opposants convainc avec l’argument qu’une interdiction de se dissimuler le visage conduirait les femmes concernées à ne plus pouvoir sortir de chez elles et participer à la vie publique: 59% des personnes interrogées approuvent cette affirmation.

Le sondage

L’enquête a été menée par l’institut de recherche gfs.bernLien externe pour le compte de la SSR SRG (dont fait partie swissinfo.ch). 9067 électeurs ont été interrogés entre le 11 et le 24 janvier 2021. La marge d’erreur est de +/- 2,8 points de pourcentage.

Ce sondage ne vise pas à faire de pronostic, mais à présenter l’état des intentions de vote à un moment donné.

Dans les régions linguistiques du pays, c’est le Tessin qui soutient le plus l’initiative (68%) suivi de la Suisse romande (63%) et de la Suisse alémanique (54%). Le Tessin est l’un des deux cantons avec Saint-Gall à avoir déjà introduit une interdiction de se dissimuler le visage dans les lieux publics. 

Les intentions de vote ne diffèrent pas en fonction des sexes, mais le sondage montre une fracture entre les générations: si 60% des plus de 40 ans sont favorables à l’interdiction, cette proportion tombe à 43% chez les 18-39 ans.

Mais la campagne de votation vient juste de réellement prendre de la vitesse, souligne gfs.bern. Le soutien du projet chez les partis du centre est moins assuré et la formation de l’opinion peut encore se modifier d’ici le 7 mars.

Un mini «oui» pour l’accord avec l’Indonésie

L’accord de libre-échange avec l’Indonésie bénéficie d’une infime majorité d’intentions de vote favorables. 51% des personnes sondées pensent glisser un «oui» dans l’urne, 36% un «non» et 13% sont indécises.

L’opinion des Suisses de l’étranger est moins aboutie: 46% voteraient «oui», 30% «non» et 24% ne se sont pas encore décidés.

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Les électeurs du Parti socialiste, des Verts et des indépendants s’opposent à l’accord, alors que les électeurs de tous les autres partis y sont favorables. Les arguments du camp du «oui», à savoir l’avantage concurrentiel pour les entreprises suisses et le côté novateur de ce traité, font mouche auprès des deux tiers des sondés. Mais les arguments du comité référendaire en faveur d’un meilleur respect de l’environnement convainquent 83% des personnes interrogées, et 63% d’entre elles adhèrent à l’idée que l’huile de palme est trop bon marché et fait concurrence aux huiles locales.

La Suisse romande se distingue des autres régions linguistiques par son scepticisme plus prononcé envers l’accord: seuls 41% des sondés y sont favorables, contre 50% au Tessin et 54% en Suisse alémanique.

La formation de l’opinion est encore faible et la campagne jouera un rôle majeur, analyse gfs.bern. L’issue du scrutin dépendra des arguments qui vont dominer le débat jusqu’au 7 mars: si les avantages économiques prennent le dessus, l’accord devrait être accepté, si la protection de l’environnement l’emporte, il devrait être rejeté.

L’identité électronique fait son chemin

Une faible majorité des personnes interrogées ont l’intention de voter en faveur de la loi sur l’identification électronique. 52% sont pour, 37% contre et 11% sont indécises.

La position des Suisses de l’étranger est encore floue: 50% pensent glisser un «oui» dans l’urne, 29% un «non» et 21% ne savent pas quoi voter.

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Les électeurs de droite comme de gauche se montrent critiques envers le projet. Les personnes affiliées à des partis du centre y sont plus favorables alors que celles soutenant les partis de gauche ainsi que l’Union démocratique du centre (UDC, droite conservatrice) sont plus sceptiques.

Les partisans de la loi convainquent une majorité des sondés avec l’argument selon lequel le projet pourra être rapidement mis en œuvre si l’État et le secteur privé coopèrent. La garantie d’un contrôle étatique pour assurer la protection des données séduit aussi les électeurs.

Dans le camp des référendaires, l’argument de ne pas confier à des privés le soin de mettre en place une identité électronique convainc 82% des personnes interrogées. Une majorité craint également que des multinationales tirent profit des données sensibles.

Plus

Dans les régions linguistiques, c’est le Tessin qui semble le plus enthousiaste avec 66% d’intentions de vote favorables, suivi de la Suisse alémanique avec 54% et de la Suisse romande avec 47%.

L’opinion est encore peu formée sur cet objet, indique gfs.bern. Durant la campagne, le débat pourrait glisser hors du périmètre de la numérisation et se concentrer sur la répartition des rôles entre le secteur privé et l’État. La position des partis ainsi que la confiance dans le gouvernement pourraient se révéler décisives.

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