Dans l’atelier de l’artiste : épisode • 1/4 du podcast Le mystère Vermeer

La leçon de musique - Vermeer
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Jan Blanc nous invite à pénétrer l'atelier de cet artiste remarquable et nous aide à déchiffrer certains de ses secrets...

Avec
  • Jan Blanc Professeur d’histoire de l’art de la période moderne à l’Université de Genève

Le mystère de Vermeer est double : c'est d'abord celui de la vie et de la renommée d'un peintre qui fut à tour de rôle célèbre, oublié, et redécouvert comme l'un des plus illustres peintres du 17ème siècle. Mais c'est aussi les énigmes posées par ses tableaux eux-mêmes : que se trame-t-il dans ses scènes d'intérieur, toujours éclairées par un extérieur inaccessible ? Par un long travail de corrections et précisions successives, Vermeer nous donne à voir le quotidien d'une Hollande mise en scène et fantasmée.

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Le texte du jour

« Le bureau de l’Astronome baigne dans une clarté aqueuse. La lumière, omniprésente dans l’œuvre de Vermeer, se module sur divers tons et avec différents degrés d’intensité. Mais s’il y a parfois dissolution, ou du moins estompage des couleurs et des formes, ce n’est jamais dans l’ombre comme chez Rembrandt où la pénombre est une force en mouvement qui corrode les chairs et la matière et engloutit les formes ; chez Vermeer, c’est la clarté qui découpe les ombres, leur assigne leur place, et qui, lorsqu’elle monte à l’aigu, blanchit les couleurs et allège les formes. La lumière du dehors vient mettre de l’ordre dans l’obscur chaos du dedans, elle est un éclairage tantôt doux, presque poudreux, solaire ou bien lunaire, tantôt violent, acide même, qui frappe choses et personnages. Eclairage physique et mental, la lumière du dehors sculpte et polit les objets et les corps, les recouvre d’un fin glacis, les moire de lueurs étincelantes, et dans le même temps elle percute en douceur les consciences, aiguise l’attention. Elle est lucidité.

Appuyé d’une main à la table couverte d’un lourd tapis aux motifs floraux de divers tons de vert, le savant effleure de l’autre main un globe céleste. Il scrute les constellations. Et l’on songe à Descartes, contemporain de Vermeer, « enfermé seul dans un poêle », afin de traquer la vérité, cette insaisissable Licorne. S’ébrouant de la torpeur des fausses opinions et des erreurs, il se mit à douter, c’est-à-dire à penser. Pour trouver un chemin d’accès à la vérité, il chercha d’abord un point de départ, un appui. « Archimède, pour tirer le globe terrestre de sa place et le transporter en un autre lieu, ne demandait rien qu’un point qui fût fixe et assuré. ».

Sylvie Germain, Patience et songe de lumière, Flohic Editions, 1993, Paris. p. 49 à 51

Extraits

- Lecture d'un passage de la pièce de théâtre Vermeer et Spinoza de Gilles Aillaud (émission "une vie une oeuvre" de France Culture du 11/04/1996)

- Archive Daniel Arasse: Vermeer Peintre du réel ("Un autre jour es possible" France Culture)

Références musicales

- Michael Nyman, The cave

Adèle van Reeth et Jan Blanc
Adèle van Reeth et Jan Blanc
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