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«Un remaniement ministériel»: quand la presse chinoise parle du coup d'État en Birmanie

Le putsch des militaires birmans, lundi 1er février, et l'arrestation d'Aung San Suu Kyi est un « remaniement ministériel majeur », selon la presse officielle chinoise, qui rivalise d'euphémismes pour éviter de parler de coup d'État. Le gouvernement de Pékin s'est, en effet, contenté d'appeler à la « résolution des différends dans le cadre de la loi », se gardant bien de condamner l'armée birmane.

Le ministre chinois des Affaires étrangères Wang Yi, reçu le 12 janvier 2021 à Naypyidaw par le général Min Aung Hlaing, qui s'est emparé du pouvoir avec l'armée birmane le 1er février 2021.
Le ministre chinois des Affaires étrangères Wang Yi, reçu le 12 janvier 2021 à Naypyidaw par le général Min Aung Hlaing, qui s'est emparé du pouvoir avec l'armée birmane le 1er février 2021. AP
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Surtout ne pas dire le mot. L'agence Chine Nouvelle a évoqué « un important remaniement ministériel ». Pas question de coup d'État mais d'un « remplacement des ministres civils par des militaires ». Citant « des experts », le quotidien de langue anglaise Global Times a, de son côté, qualifié la prise du pouvoir par l'armée d'« ajustement de la structure déséquilibrée du pouvoir ».

Dans un éditorial, l'organe nationaliste du Parti communiste chinois pointe l'échec de la transition démocratique malgré les victoires électorales d'Aung San Suu Kyi et de son parti, la Ligue nationale pour la démocratie (LND). « Les profonds conflits d'intérêts n'ont pas été traités. Si le gouvernement élu et la junte militaire ont tous deux fait des efforts, apaisant leurs différends pendant un temps, ils ont néanmoins échoué à établir un mécanisme pour les résoudre une fois pour toute. De même, les conflits ethniques n'ont pas été résolus. [...] La prospérité apportée par les réformes politiques est restée superficielle et fragile. [Ces réformes] n'ont pas fourni la soupape de sécurité pour éviter les disputes politiques récurrentes. »

Toujours prompt à critiquer les États-Unis, le quotidien nationaliste a mis le comportement des militaires birmans sur le compte de l'ancien président américain Donald Trump. « En refusant de reconnaître sa défaite électorale et en ayant, semble-t-il, encouragé les émeutes au Capitole, Trump a peut-être servi d'exemple aux militaires birmans », écrit le Global Times.

Ne pas « compliquer davantage la situation »

La Chine a appelé, ce mardi 2 février, la communauté internationale à ne pas « compliquer davantage la situation » en Birmanie, avant une réunion d'urgence du Conseil de sécurité de l'ONU où pourraient être évoquées des sanctions contre ce pays, au lendemain du coup d'État des militaires.

Pékin est traditionnellement hostile aux « ingérences » dans les affaires intérieures des États et aux sanctions internationales, en particulier lorsqu'il s'agit de critiques sur les violations des droits de l'homme sur son sol. Surtout, la Chine dispose d'importants intérêts stratégiques et économiques chez son voisin du Sud. Plus encore, la Birmanie est une pièce maîtresse des pharaoniques nouvelles « routes de la soie » lancées mondialement par Xi Jinping. Le président chinois s'était rendu à Naypyidaw en janvier 2020. Il avait promis de soutenir le gouvernement birman sur le chemin du développement « en accord avec son contexte national ». Un autre euphémisme.

► À lire aussi : Coup d’État en Birmanie: Pékin appelle à la «stabilité politique et sociale» dans le pays

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