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Souffrance animale : ce qui se cache derrière ce que nous mangeons

Le recueil de photos « Hidden, animals in the Anthropocène » met en lumière les conditions de vie et de mort des animaux exploités à travers le monde pour leur viande, leur fourrure ou pour se divertir. Des images de souffrance ordinaire, dont la société détourne encore les yeux.

Le 02/02/2021 par Alice Pouyat
Souffrance animale
Ces poulets âgés de six semaines sont attrapés et emballés dans des caisses, en Pologne. Un processus qui entraîne souvent des blessures aux ailes et aux pattes, avant leur abattage. (Crédit : Andrew Skowron)
Ces poulets âgés de six semaines sont attrapés et emballés dans des caisses, en Pologne. Un processus qui entraîne souvent des blessures aux ailes et aux pattes, avant leur abattage. (Crédit : Andrew Skowron)

Attention, les images qui suivent peuvent choquer. Et c’est bien leur objectif. Alors que la France vient d’adopter un projet de loi contre la maltraitance animale, un livre réunissant les clichés de 40 photojournalistes braque les projecteurs sur les conditions de vie et de mort des 80 milliards de bêtes que nous exploitons dans le monde chaque année. Son nom : Hidden, animals in the Anthropocène.

L’ouvrage nous mène d’un hangar de poulets en batterie en Pologne à un élevage de visons en Suède, en passant par un cirque espagnol ou un abattoir de chiens en Chine.  

“Les photojournalistes sont entrés dans certains des endroits les plus sombres et les plus troublants du monde », annonce Joaquin Phoenix, acteur antispéciste qui préface l’ouvrage paru fin 2020.

Tima l’ours brun du cirque Gran Circo Holiday, en Espagne, pose pour une photo avec des enfants. (Crédit : Aitor Garmendia)

Des images d’autant plus glaçantes et oppressantes qu’elles sont ici groupées, dessinant une violence de masse, globalisée, souvent automatisée, et pourtant invisibilisée.

« Les animaux que nous utilisons le plus dans notre vie quotidienne sont cachés. Ils sont cachés dans des fermes industrielles, des fermes à fourrure et dans des laboratoires qui les utilisent pour la recherche », dénonce dans un communiqué Jo-Anne McArthur qui a co-édité la collection.

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Au Mexique, un cheval traîné par une chaîne autour de son cou, suspendu, et asphyxié. (Crédit: Aitor Garmendia)

Cette photographe engagée pour la cause animale n’hésite pas à comparer le travail des journalistes ici réunis – qui montrent une réalité difficile d’accès car soumise à des autorisations et restrictions légales – à celui des photographes de guerre.

« Leur travail a rendu impossible pour les industries exploitantes de nier la souffrance qui se déroule à huis clos, délibérément gardée hors de la conscience publique », écrit Jo-Anne McArthur.

Cette jeune fille joue parmi les têtes et les carcasses de porcs dans l’abattoir de Bangkok, en Thaïlande, où travaillent ses parents. La famille habite également sur place. (Crédit : Andrew Skowron)

Un nouveau photojournalisme animalier

Un livre de 320 pages qui souligne aussi l’émergence du photojournalisme animalier comme nouveau genre photographique, qui « capture, expose et commémore les expériences de ces animaux que nous ne voyons jamais ».


Des canards sont parqués dans une fosse pour être enterrés vivants à la suite d’une épidémie de grippe aviaire hautement pathogène en Corée du Sud. (Crédit : Anonyme).

Mais l’objectif de ce livre n’est pas seulement de favoriser une prise de conscience. Il est aussi d’encourager « un passage à l’action ». Ces preuves visuelles serviront « à orienter le changement des années à venir », espère Joaquin Phoenix.

Dans la nature, les visons sont des animaux solitaires. Lorsqu’ils sont maintenus ensemble dans des cages, comme ici en Suède, ils se battent et se cannibalisent parfois. (Crédit : Jo-Anne McArthur)

En pleine pandémie de Covid-19, les conditions de l’exploitation animale est en tous cas une question d’actualité.

Jo-Anne MacArthur l’affirme : « Des crises de santé publique et environnementales aux virus zoonotiques, les animaux sont inextricablement liés à de nombreux domaines de préoccupation mondiale. (…) Notre existence est intimement liée à la façon dont nous traitons les autres êtres sensibles avec lesquels nous partageons cette planète ».

Un kangourou et son petit dans une plantation d’eucalyptus brûlée après les méga-feux de brousse de 2019-2020 en Australie (Crédit :Jo-Anne McArthur)

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