Témoignage Agression raciste à Besançon : "J’ai cru que j’étais mort", raconte Khaled
Le témoignage de Khaled Cid laisse pantois. Bien connu de la place bisontine, cet entrepreneur décrit « un déferlement de haine » sans retenue ni logique, si ce n’est celle d’une méchanceté brute, bête, animale. Un acte révoltant.
Il était 21 h, ce lundi 1er février, sur le parking Marulaz de Besançon, où Khaled venait de se garer au retour d’un rendez-vous professionnel, quand surgissant « de nulle part », a déboulé son agresseur. « J’allais à l’horodateur pour payer ma place pour le lendemain quand j’ai vu ce grand gars d’au moins deux mètres, qui semblait très énervé. C’était une armoire à glace. Il a foncé sur moi en me demandant si j’étais de la police ».
« Tiens, un arabe en costard, je vais me le faire »
L’homme est insistant, puis très vite menaçant. « J’ai ouvert mon manteau pour lui prouver que je ne portais pas d’uniforme », poursuit Khaled. « Et là, il m’a dit ‘’Tiens un arabe en costard, je vais me le faire’’. Il m’a craché dessus, m’a couru après et m’a envoyé une patate sur le nez. Je suis tombé par terre. J’ai essayé de me défendre comme j’ai pu, l’attrapant fort au niveau de sa barbe. J’ai eu la panique de ma vie. Il répétait ‘’Je vais te buter, sale arabe’’ en me frappant au sol à coups de pied… »
« Les caméras de vidéosurveillance m’ont sauvé »
Un cauchemar pour cet homme non-violent, lauréat "Talents des Cités" en 2018, dont tout le monde loue la gentillesse. « J’ai cru que j’étais mort, qu’il allait me tuer. Ça a duré trois ou quatre minutes en tout ». La victime ne doit son salut qu’à l’arrivée de plusieurs véhicules de police, sirènes hurlantes.
« Les caméras de vidéosurveillance m’ont sauvé. Je remercie énormément les forces de l’ordre, sans eux, c’était cuit. Je ne serais plus là aujourd’hui. Il a essayé de s’échapper, mais les policiers l’ont rattrapé. Ils se sont mis à cinq ou six pour le maîtriser, ils ont eu beaucoup de mal », relate Khaled.
« Ça fait 35 ans que je vis à Besançon, je n’ai jamais vu ça de ma vie »
Tombé dans les pommes au commissariat, où il avait été conduit pour déposer plainte, Khaled a été transféré aux urgences dans la soirée, entre les mains bienveillantes du personnel médical du CHRU Minjoz. Nez tuméfié, visage griffé, fracture de deux côtes, minerve pour immobiliser son cou fragilisé… Le bilan de cette attaque est lourd.
Père d'un enfant depuis quelques semaines seulement, Khaled secoue la tête : « Ça fait 35 ans que je vis à Besançon, je n’ai jamais vu ça de ma vie. Le racisme, je connais. Mais en général, il est subtil. Je n’avais jamais subi de racisme violent… »
Le suspect connu pour ses idées radicales d’extrême droite
Contacté ce mardi soir, le procureur de la République confirmait que le caractère raciste avait été retenu par la procédure. Autre circonstance aggravante : l’agresseur présumé présentait un taux d’alcoolémie proche de 2 g/l de sang au moment des faits. Selon nos informations, cet individu de 24 ans est connu pour sa proximité avec le milieu radical d’extrême droite de la région.
Le suspect devrait être jugé dans le cadre d'une comparution immédiate.