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Aux urgences de l'hôpital Necker à Paris, deux fois plus de tentatives de suicide chez les jeunes

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Depuis cet automne les hospitalisations de jeunes et d'adolescents pour des troubles psychiques, anxiété ou stress sont en hausse. Les équipes dénombrent dix tentatives de suicide par mois contre cinq auparavant. Et les soignants redoutent une nouvelle fermeture des établissements scolaires.

A l'hôpital Necker, de plus en plus d'hospitalisations pour des troubles psychiques A l'hôpital Necker, de plus en plus d'hospitalisations pour des troubles psychiques
A l'hôpital Necker, de plus en plus d'hospitalisations pour des troubles psychiques - Hôpital Necker, AP-HP

Aux urgences de l'hôpital Necker Enfants malades à Paris, Hélène Chapuy, cheffe du service, voit toujours arriver les petits bobos et les maladies hivernales. "Mais depuis le mois d'octobre, nous avons un nombre beaucoup plus important de jeunes qui arrivent en grande détresse psychique" explique celle qui a pris la tête du service à la fin de l'été.

Et les chiffres confirment ses propos : 50% d'hospitalisations en plus pour des troubles psychiques, dix tentatives de suicides par mois contre cinq auparavant. "On a le sentiment que cela a explosé depuis cet automne" confie t'elle, "avec même si ça reste très rare, une tentative de mettre fin à ses jours pour un enfant de onze ans, avec une vraie volonté d'en finir". 

Des équipes secouées

Avec les adolescents surtout, entre 13 et 15 ans, les crises peuvent être violentes. "Il faut parfois les contenir, les maintenir. C'est quelque chose dont nous n'avons pas l'habitude en pédiatrie. Nous ne sommes pas forcément préparés à cette charge émotionnelle" détaille Hélène Chapuy qui pour la première fois a vu arriver dans son service un brancard avec des contentions.

Pour ces enfants et ces jeunes, les pédopsychiatres de l'hôpital interviennent et viennent épauler les équipes des urgences ou de pédiatrie. "Mais cela pose des problèmes de continuité de la prise en charge", explique Pauline Chaste qui dirige le service de pédopsychiatrie de Necker, "et puis nous n'avons pas ici de lits d'hospitalisation pour ces jeunes aux troubles psychiques, alors ils sont répartis dans les autres services, ce qui est loin d'être idéal". L'unité habituellement utilisée pour les épidémies hivernales comme la bronchiolite leur a d'ailleurs été ouverte cet hiver.

Un effet "révélateur" de la crise sanitaire

Le rôle de la crise sanitaire et du Covid-19 dans cette hausse des troubles psychiques chez les enfants est difficile à établir clairement, mais "c'est un révélateur qui vient majorer ou sortir de l'ombre des troubles qui sont souvent déjà présents", estime le docteur Pauline Chaste, avec principalement un contexte familial compliqué.

Alors la perspective d'une nouvelle fermeture des établissements scolaires inquiète beaucoup les deux médecins. "Les adolescents sont des êtres sociaux" explique Hélène Chapuy, qui assure qu'un nouveau confinement avec obligation de rester à la maison risque d'aggraver encore ces situations.

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