Le docteur Petiot était-il fou ? Tuait il par idéologie ou par appât du gain ?
Dans la France occupée, on suit au jour le jour la traque du criminel. Le docteur Marcel Petiot a pris la fuite le jour même de la découverte des cadavres. Caché sous une fausse identité parmi les Forces Françaises de l’intérieur (FFI), il est finalement interpellé et arrêté le 31 octobre 1944, sept mois après la découverte des cadavres.
Épisode 2 : L’énigme de la folie humaine
A son procès, on se bouscule pour voir celui que la presse a rebaptisé docteur Satan. Accusé de 27 assassinats, il en revendiquera 63. Se perdant dans des explications, il continuera de soutenir qu’il n’a tué que des nazis adoptant une posture de héros de la résistance qu’il maintiendra jusqu’aux derniers instants. Condamné à mort le 4 avril 1946, il sera guillotiné le 25 mai 1946.
Toute la vie du docteur Petiot comporte de vaste zones d’ombres. Pour certains, il fut le docteur des pauvres, doux et intelligent, pour d’autres, l’abominable docteur Petiot, homme fou, diabolique, pervers et déséquilibré…
"L’affaire" ou le procès du docteur Petiot sont une des affaires les plus emblématiques ou retentissantes du XXème siècle. C’est l’incarnation du mal, une sorte de mal absolu. Je crois que Colette, qui assistait au procès, a parlé du "cuisinier du diable", si je ne me trompe pas. Il y a la mise-en-scène particulièrement théâtrale de la cour d’assises, qui dans l’affaire du docteur Petiot, parce qu’on mettra les valises des victimes, des disparus en scène au milieu de la cour d’assises, en fera la scène la plus spectaculaire qui soit de l’histoire des assises françaises. Il y a un tueur en série, il y a toutes ces choses accumulées qui font du docteur Petiot, les circonstances politiques évidemment, le caractère idéologique sans doute partiellement mêlé avec beaucoup d’autres choses de ces meurtres, tout cela en fait une histoire extraordinaire, dans le sens qui sort de l’ordinaire. Emmanuel Pierrat, avocat au Barreau de Paris
Mais alors qui était véritablement cet homme ?
C’est encore un mystère.
Intervenants
- Claude Quétel, historien, directeur de recherche au CNRS
- Emmanuel Pierrat, avocat au Barreau de Paris
- Magali Bodon-Bruzel, psychiatre des Hôpitaux - Chef de pôle - Expert près la Cour d'appel de Paris
- Daniel Zagury, chef de service au Centre psychiatrique du Bois-de-Bondy, expert-psychiatre
- Agnès Masson, cheffe de service du patrimoine, conservatrice générale du patrimoine
- Anne-France Seraglini, guide nationale conférencière, réserviste civile auprès de la préfecture de Police
- Sarah Bouillot-Kesler, documentaliste scientifique et muséographe
Lecture des textes Yannick Choirat : extraits du livre écrit en prison par le Dr Petiot, Le hasard vaincu (1945, édité en 1946. Archives du musée de la préfecture de police de Paris)
Le thème de cet ouvrage, c’est quand même le hasard vaincu, qu’il signe effectivement de en pleine santé, 1945. Donc en pleine santé sachant qu’il était à la prison de la Santé. Il élabore une théorie scientifique qui est "comment vaincre le hasard pour gagner dans tous les types de jeux" : les petits chevaux, les dames, les échecs… et donc pour gagner de l’argent… Donc, cette œuvre est véritablement magistrale parce qu’elle résume l’homme : ses talents, ses folies, son intelligence scientifique, son érudition et donc ses martingales qui sont des calculs de probabilités, vous avez des pages entières, comme vous le voyez, d’équations, de probabilités, de chiffres… Anne-France Seraglini, guide nationale conférencière, réserviste civile auprès de la préfecture de Police
Archives INA : Le vif du sujet : au cœur des années noires, l'affaire Petiot (France Culture, octobre 2005) • 18 Avril 1946 : le Dr Petiot condamné à mort dans Les jours du siècle (France Inter, novembre 1997) - Témoignage du directeur de la prison : La justice des Hommes (1ère chaine RTF/ORTF, mai 1960).
Archive INA : Dans "Nous les avons connus", le témoignage de René Marie, représentant de commerce, qui rencontra le docteur Petiot, au micro de Jean Borotra (Radiodiffusion Télévision Française (RTF, 1961)
5 min
Remerciements :
Merci à Agnès Masson, chef de service du patrimoine, Saglia Bendjebbour, adjointe du responsable du musée et chargée de communication publique et au Musée de la Préfecture de Police de Paris pour leur accueil et l'autorisation d'utiliser des images d'archives (Fonds et collection du Musée et des Archives de la Préfecture de Police).
Un documentaire de Johanna Bedeau, réalisé par Marie-Laure Ciboulet. Prise de son, Romain Luquiens ; mixage, Pierric Charles. Archives INA, Véronique de Saint Pastou. Avec la collaboration d'Annelise Signoret de la Bibliothèque de Radio France.
Bibliographie sélective
- Claude Quétel, L'effrayant docteur Petiot (22.05.2014)
- Emmanuel Pierrat, Totalement amoral. L'affaire du Dr Petiot (1946). Suivi de Vive la France, quand même ! L'affaire Brasillach (1945), (Points documents, 2019)
- Le docteur Petiot, bande-dessinée de Rodolphe et Jeanne Puchol (Casterman, collection Ligne Rouge, 2009)
- René Tavernier, L'affaire Petiot. Alors rôdait dans l'ombre le docteur Petiot (Presses de la Cité, collection N'avouez jamais, 01.01.1974. Plus commercialisé)
- Marcel Petiot, Le hasard vaincu (1945. Édité par l'imprimerie Roger Amiard, Paris, 1946. En impression à la demande par les éditions de Varly. Réédité par Fantaisium pratique, en 2018. Préface, postface et notes de François Montmirel)
Pour aller plus loin
- Le docteur Petiot était-il fou ? vidéo en ligne sur la chaîne YouTube, Allo Docteurs :
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- Le mal trouve ses racines dans l’enfance… Article de Nathalie Hadrbolec, publié dans le magazine En Bourgogne.
- Le docteur Petiot était-il fou ? Article publié sur le site Quelle histoire (février 2016).
- Yonne : 70 ans après, le mystère du Docteur Petiot demeure. Une enquête de France 3 Bourgogne-Franche-Comté (2014) :
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- Le psychiatre expert judiciaire et les auteurs d’homicides, article de Daniel Zagury et Jean-Pierre Bouchard paru dans les Annales Médico-psychologiques, n°178 (novembre 2020).
- Les serial killers sont-ils des tueurs sadiques ? article de Daniel Zagury paru dans la Revue française de psychanalyse (2002).
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