Comment protéger ses enfants du porno ? Un nouveau site lancé pour aider les parents

Virginie Fauroux, avec AFP
Publié le 8 février 2021 à 19h32
Comment protéger ses enfants du porno ? Un nouveau site lancé pour aider les parents
Source : Istock

SAFER INTERNET DAY - Le gouvernement lance ce mardi un site pour aider les adultes à mieux protéger leurs enfants contre la pornographie en ligne. Un phénomène auquel est exposé un jeune sur trois avant 12 ans.

À l'instar des campagnes pour la prévention routière, le gouvernement a décidé de ne pas utiliser de faux-semblants pour tenter de déconstruire les clichés véhiculés par les films X. Pour promouvoir le lancement mardi d'un portail web pour aider les adultes à mieux protéger leurs enfants contre la pornographie en ligne, un spot vidéo va être largement diffusé sur internet mettant en scène une petite fille demandant à ses parents : "Comment on fait les bébés ?". Mais là, point de papa gêné, caché derrière une bouteille de lait, pour répondre à cette question. Juste un grand frère, âgé de 10 ou 11 ans, qui lui lance : "Bah c'est simple ! La femme, elle est à quatre pattes. L'homme lui tire les cheveux, et elle crie très fort".

1 mineur sur 2 "choqué"

Selon un sondage publié en 2018, près d'un tiers des jeunes ont déjà vu du porno avant 12 ans, plus de 60% avant 15 ans et 82% avant 18 ans. Et une telle exposition précoce a des conséquences : plus de la moitié des mineurs avouent avoir été "choqués" la première fois qu'ils ont été confrontés à des contenus pornographiques. En outre, 44% des adolescents ayant déjà eu des rapports sexuels déclarent avoir essayé de reproduire des pratiques vues dans des films X, et près d'un quart disent être complexés à cause du porno.

"Certains ados pensent que pour donner du plaisir à leur petite copine, il faut lui taper sur les fesses et la prendre par les cheveux", déplore Thomas Rohmer, le président de l'association OPEN (Observatoire de la parentalité et de l'éducation numérique).  "Penser que ça ne fonctionne que comme ça, c'est problématique", ajoute-t-il, convaincu que "sur ces sujets, on a le droit de ne pas être à l'aise mais pas d'être fuyant".

Pour lutter contre cette génération "YouPorn", le site jeprotegemonenfant.gouv.fr va donc s'adresser aux parents d'enfants, à partir de 6 ans, susceptibles d'être exposés au porno "volontairement ou involontairement". On y trouvera notamment des "contenus d'éducation à la sexualité pour libérer la parole entre parents et enfants", ont expliqué les cabinets d'Adrien Taquet et Cédric O, secrétaires d'État respectivement chargés de l'Enfance et des Familles et du Numérique.

Des parents démunis

Pour le secrétaire d'État Adrien Taquet, la plupart des parents n'ont "pas conscience" de l'ampleur du phénomène. "Ils ont besoin d'aide sur ces questions, car certains se sentent démunis" et il faut donc leur "proposer des solutions, mais sans les culpabiliser", a-t-il dit à l'AFP. La mise en place de cette plateforme d'information est l'un des engagements pris dans le cadre d'un protocole adopté il y a un an par le gouvernement, le CSA, les principaux acteurs des télécoms et de l'internet, ainsi que des associations de protection de l'enfance. Le site comprend des informations détaillées sur les solutions techniques de contrôle parental - proposées gratuitement depuis 15 ans, souligne la Fédération française des Télécoms, qui regroupe les principaux fournisseurs d'accès. 

Toutefois, c'est aux acteurs de l'industrie du X de faire en sorte que leurs contenus restent inaccessibles aux mineurs, insistent les associations. Officiellement, ceux qui ne le font pas sont passibles de poursuites pénales, et une récente loi a doté le CSA du pouvoir d'intervenir en la matière, en bloquant des sites. Saisi en novembre par trois associations, le gendarme de l'audiovisuel pourrait prendre "des décisions dans le mois qui vient" sur ce dossier, a précisé une porte-parole à l'AFP. Pour l'heure cependant, accéder aux contenus des plateformes comme YouPorn et PornHub reste un jeu d'enfant : il suffit d'un clic pour certifier être majeur, un dispositif insuffisant aux yeux de la loi.


Virginie Fauroux, avec AFP

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