De rares photos de féministes américaines du début du XXe siècle découvertes dans un grenier

De rares photos de féministes américaines du début du XXe siècle découvertes dans un grenier
David Whitcomb, un avocat de l'État de New York, a trouvé dans son grenier un trésor photographique. Photo © David Whitcomb

Des photographies de plusieurs meneuses du mouvement pour le suffrage des femmes du début du XXe siècle ont été retrouvées par hasard dans un grenier de Geneva dans l'État de New York aux États-Unis. On avait perdu la trace de ces portraits depuis au moins les années 1960.

Susan B. Anthony, Elizabeth C. Stanton, Elizabeth S. Miller… Ces noms ne vous évoquent peut-être rien, et pourtant ces personnes ont joué un rôle décisif pour le droit de vote des femmes aux États-Unis, comme Hubertine Auclert ou Cécile Brunschvicg en France. Quelle ne fut donc pas la stupeur de David Whitcomb, un avocat de l’État de New York cherchant un cabinet où s’installer, de tomber nez à nez avec des portraits de ces militantes dans le grenier de sa nouvelle maison de Geneva. Sans le savoir, Whitcomb a acheté la maison où s’était installé au début du siècle dernier le photographe James Ellery Hale (1850-1920). Un véritable trésor photographique.

Le fruit d’un heureux hasard

C’est en changeant une ampoule que Whitcomb s’est aperçu de l’allure étrange de son plafond. Aucun des propriétaires précédents n’avait fait mention d’un grenier, et pour cause, ils ne savaient même pas que celui-ci existait. Et pourtant, c’est bien un grenier rempli de cadres poussiéreux que l’avocat découvre en poussant une trappe. Il trouve ainsi les portraits d’au moins trois figures importantes du mouvement féministe du début du XXe siècle, dont ceux des deux fondatrices du National Suffrage Association (1869-1890), Elizabeth C. Stanton (1815-1902) et Susan B. Anthony (1820-1906). Le portrait de cette dernière, réalisé en 1905, un an avant sa mort, a longtemps été le portrait officiel utilisé par la Susan B. Anthony Memorial Association après que le photographe leur en ait cédé les droits. D’autres photographies, représentant des militaires, des sportifs et des sportives locales, ont également été trouvées par Whitcomb.

Le portrait de Susan B. Anthony par James E. Hale a été retrouvé encadré par David Whitcomb. ©David Whitcomb

Le portrait de Susan B. Anthony par James E. Hale a été retrouvé encadré par David Whitcomb. ©David Whitcomb

James Ellery Hale, photographe des mouvements féministes

Si son nom est aujourd’hui absent des livres d’histoire, James Ellery Hale a joui cependant d’une certaine réputation à son époque. En plus d’avoir photographié les têtes de proue du mouvement pour le vote des femmes, il a également réalisé un portrait de la 22e première dame des États-Unis, Frances Folsom (1864-1947). Hale a beaucoup photographié les mouvements féministes de l’époque, au point d’être exposé en 1907 à la 39e convention de la New York State Woman Suffrage Association. Son atelier est à l’époque installé au deuxième étage d’une maison de Geneva, qui s’avère être la nouvelle maison de David Whitcomb. On estime que les clichés et leurs négatifs retrouvés par l’avocat n’auraient pas été manipulé depuis les années 1960, puisqu’aucun propriétaire n’était au courant de l’existence du grenier où il les a découverts.

David Whitcomb entouré des découvertes qu'il a fait dans son grenier. ©David Whitcomb

David Whitcomb entouré des découvertes qu’il a fait dans son grenier. ©David Whitcomb

Un portrait estimé entre 8 000 et 40 000 €

Les experts saisis par Whitcomb estiment que la collection totale de photographies vaut environ 85 000 €. Les clichés s’apprêtent désormais à être restaurés et étudiés avant leur mise aux enchères prochaine chez One Source Auctions and Antiques. Le portrait de Susan B. Anthony, à lui seul, pourrait valoir entre 8 000 et 40 000 €, notamment parce qu’il s’agit de la principale photographie répertoriée de la suffragette et abolitionniste, dont on retrouve la trace dans un article consigné dans la Bibliothèque du Congrès, la bibliothèque nationale étasunienne.

Par ailleurs, l’année 2020 était celle du bicentenaire de sa naissance, occasion pour laquelle le président Trump l’a graciée à titre posthume. Susan Anthony avait en effet été condamnée par la justice pour avoir voté à l’élection présidentielle de 1872. La présidente de la maison-musée Susan B. Anthony, Deborah Hughes, a néanmoins symboliquement refusé la grâce présidentielle, car l’accepter reviendrait, selon elle, à admettre que Susan B. Anthony ait commis une faute en votant.

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