Affaire Duhamel : Frédéric Mion, directeur de Sciences Po, démissionne

Le directeur de l'IEP de Paris était sous pression après avoir nié être au courant des agissements d'Olivier Duhamel, accusé d'inceste.

Source AFP

Temps de lecture : 3 min

Le directeur de Sciences Po, Frédéric Mion, a présenté mardi 9 février au soir sa démission dans une lettre adressée à la communauté éducative et aux étudiants, dans la foulée de l'affaire Duhamel, qui a donné lieu au lancement d'une inspection pour établir les « responsabilités » et d'« éventuelles failles » au sein de l'école.

Le point du soir

Tous les soirs à partir de 18h

Recevez l’information analysée et décryptée par la rédaction du Point.

Votre adresse email n'est pas valide

Veuillez renseigner votre adresse email

Merci !
Votre inscription a bien été prise en compte avec l'adresse email :

Pour découvrir toutes nos autres newsletters, rendez-vous ici : MonCompte

En vous inscrivant, vous acceptez les conditions générales d’utilisations et notre politique de confidentialité.

Cette démission intervient alors que les étudiants de la prestigieuse école ont reproché à leur directeur d'avoir nié être au courant des agissements d'Olivier Duhamel, président démissionnaire de la Fondation nationale des Sciences politique qui chapeaute Sciences Po. Dans une lettre ouverte publiée sur le site de Libération, plus de 500 étudiants, professeurs et salariés de l'IEP avaient demandé son départ.

À LIRE AUSSIMichel Richard – Affaire Duhamel, la faute de Louis Schweitzer

Frédéric Mion avait connaissance des accusations d'inceste

En effet, lorsque les accusations ont été révélées, le 4 janvier, Frédéric Mion s'était d'abord dit « sous le choc ». Quelques jours plus tard, pourtant, le journal Le Monde révélait que le directeur de Sciences Po était au courant des accusations d'inceste depuis deux ans déjà. Il a ensuite expliqué avoir contacté un proche d'Olivier Duhamel qui lui aurait certifié que les rumeurs étaient sans fondement.

Le politologue Olivier Duhamel est accusé par sa belle-fille Camille Kouchner d'avoir violé son frère jumeau quand il était adolescent. Elle a fait ces révélations dans son livre La Familia grande paru au Seuil le 7 janvier dernier. À la suite de cette publication et de « l'ouverture d'une enquête préliminaire diligentée par le parquet de Paris », « Victor » Kouchner a décidé, fin janvier, de porter plainte.

« Des erreurs de jugement »

Le ministère de l'Enseignement supérieur avait annoncé mi-janvier le lancement d'une inspection au sein de l'école sur l'affaire. Si le rapport provisoire « confirme qu'aucun système de silence concerté ou de complaisance n'a existé au sein de notre établissement », il « pointe toutefois de ma part des erreurs de jugement dans le traitement des allégations dont j'avais eu communication en 2018, ainsi que des incohérences dans la manière dont je me suis exprimé sur le déroulement de cette affaire après qu'elle a éclaté », écrit Frédéric Mion dans son message.

À LIRE AUSSISplendeurs et misères des sœurs Pisier

« Notre maison traverse, depuis la révélation des graves accusations portées contre Olivier Duhamel, une période très douloureuse », poursuit-il. « Depuis ce jour, toutes mes décisions ont été guidées par la volonté de préserver notre établissement, ses salariés, ses enseignants, ses chercheurs et sa communauté étudiante de cette affaire à laquelle ils n'avaient aucune part. »

« Impossible de laisser la maison sans directeur »

Courant janvier, Frédéric Mion faisait comprendre à des journalistes qu'il prendrait la décision de démissionner seulement si le rapport d'enquête le mettait directement en cause. Selon son entourage, il aurait initialement songé à partir dès que les accusations d'inceste sont sorties dans la presse, mais il en aurait été dissuadé par plusieurs membres de son équipe de direction, qui selon des éléments recueillis par l'Agence France-Presse lui a alors soufflé : « impossible de laisser la maison sans directeur dans cette conjoncture-là ».

De nouvelles révélations ont peut-être précipité sa décision. Mardi, des articles de presse ont fait état de nouvelles révélations dans cette affaire : le préfet d'Ile-de-France Marc Guillaume, qui avait démissionné mi-janvier des fonctions occupées dans « des établissements » où il avait « travaillé avec Olivier Duhamel », dont Sciences Po, aurait bien été alerté des accusations d'inceste à l'encontre d'Olivier Duhamel par Frédéric Mion, ce que celui-ci niait jusqu'alors.

À ne pas manquer

Ce service est réservé aux abonnés. S’identifier
Vous ne pouvez plus réagir aux articles suite à la soumission de contributions ne répondant pas à la charte de modération du Point.

0 / 2000

Voir les conditions d'utilisation

Commentaires (38)

  • DRMIR

    N'a a priori pas ma sympathie dans la gestion de cette école... Je ne connais pas son degré d'intimité avec O. Duhamel mais est-il comptable de rumeurs circulant sur les enseignants, tant que celles-ci ne sont que des rumeurs ? Le trop fameux principe de précaution qui paralyse ce pays aurait pu s'appliquer si l'on avait confié à O. Duhamel des Cm2, mais il s'agissait, si je ne m'abuse, d'élèves de Science Po. Ses cours étaient-ils bons et son comportement adapté lors de ceux-ci ? Ça paraît quand même être avant tout le critère de choix primordial avant une décision de justice, non ?

  • Rodolphe7

    Je relève dans le titre "prestigieuse école".
    Il faut le faire ! Est ce que le rédacteur n'en serait pas issu ?
    Curieusement le nom du prédécesseur de Mr Mion est absent dans les commentaires.
    Tout d'abord il est intéressant de suivre son parcours dans des sites bien connus. C'est mieux de savoir à qui l'on a à faire. Je persiste à penser que plus on s'élève plus on a de devoirs de cohérence entre vie privée et vie "professionnelle".
    Parlons de vie professionnelle : son obsession d'égalité entre les élèves. D'où début de réformes abouties ou en cours à travers son successeur du genre (!) suppression des oraux, de l'orthographe par exemple. Et donc plutôt que tirer les élèves vers le haut, on veut niveler vers le bas. Cela ne rappellerait il pas l'action d'une certaine ministre de l'Education sous Mr Hollande ?
    Prestigieuse école ?
    PS : dans cette veine certains. /es. Voudraient interdire la musique classique facteur d'inégalité ! Je ne l'ai pas inventé

  • minuit moins une !

    Allemagne ! Ils auraient pu s'éclater AUSSI en torturant des Juifs !
    L'un n'empèche pas l'autre, quand on est un pervers polymorphe.
    Tout le monde n'est pas pervers, rassurez-moi !