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Brest : plusieurs salariées dénoncent des violences sexuelles au sein de Force Ouvrière

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Des salariées de l'union départementale FO du Finistère auraient subi des années de harcèlement sexuel et d'agressions sexuelles sur leur lieu de travail. L'homme qu'elles accusent a été exclu, mais sept femmes se disent aujourd'hui victimes de représailles de la part de leur nouvelle direction.

Des salariées de Force Ouvrière défilent derrière une banderole contre les violences sexistes, lors de la manifestation interprofessionnelle du 4 février à Brest. Des salariées de Force Ouvrière défilent derrière une banderole contre les violences sexistes, lors de la manifestation interprofessionnelle du 4 février à Brest.
Des salariées de Force Ouvrière défilent derrière une banderole contre les violences sexistes, lors de la manifestation interprofessionnelle du 4 février à Brest. © Radio France - Nicolas Olivier

L'affaire a été étouffée depuis près d'un an. Jeudi 4 février, lors d'une manifestation interprofessionnelle à Brest (Finistère), des salariées de FO ont distribué un tract dénonçant "plusieurs décennies de violences sexuelles" au sein de l'union départementale Force Ouvrière du Finistère. Avant de défiler ensemble derrière une banderole rouge où l'on pouvait lire : "Travail, syndicat : stop aux violences sexistes". C'était la première fois qu'elles révélaient publiquement des faits qui font l'objet d'une enquête de police depuis plusieurs mois.

Quatre plaintes déposées

L'agresseur, qui n'est pas nommé dans le tract, était "un responsable de l'organisation". Les salariées décrivent des années de "harcèlement écrit, oral, des propositions sexuelles, des attouchements, des agressions quand nous étions seules dans une pièce ou un couloir, des regards insistants, des appréciations incessantes sur notre apparence physique." Sous les ordres de cet homme pendant plus de vingt ans, Stéphanie (prénom modifié) se souvient de son côté "paternaliste, toujours à l'écoute pour en savoir le plus possible sur notre vie privée". Il n'hésitait pas à proposer "des massages", et se livrait régulièrement à des attouchements sur certaines de ses subordonnées féminines.

En mars 2020, les victimes décident d'en finir avec la loi du silence. Elles dénoncent leur agresseur, qui est aussitôt exclu par le syndicat, en toute discrétion. Quatre femmes déposent plainte en octobre 2020. Une enquête préliminaire est en cours, confirme le parquet de Brest.

Les salariées exigent des changements radicaux dans l'organisation de l'union départementale, pour en finir avec un "système" malsain et éviter que de tels faits ne puissent se reproduire.

Tout le monde est traumatisé. On ne veut plus travailler et militer dans ces conditions.

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Des salariées se disent victimes de représailles 

À la demande de l'union départementale FO, un audit sur les risques psycho-sociaux est réalisé au printemps dernier par un cabinet extérieur. Il conclut à "une organisation du travail pathogène, où les violences sont structurelles" et recommande de profondes modifications de fonctionnement. Mais les salariées assurent que rien n'a été mis en œuvre. Au contraire, leurs velléités réformatrices ont commencé à leur valoir "des critiques et des récriminations incessantes". Des tâches leur sont supprimées sans explication. Devenues indésirables dans l'organisation, les victimes dénoncent aujourd'hui "des représailles". Un harcèlement moral qui viserait aussi toutes les personnes qui les soutiennent.

Sur les huit salariés de l'union départementale FO du Finistère, les sept femmes sont toutes en arrêt maladie depuis plusieurs semaines. L'une est même visée par une procédure de licenciement pour un "imaginaire abandon de poste". L'employeur contesterait systématiquement les déclarations d'accidents du travail. Et irait jusqu'à refuser de rémunérer le droit de retrait, toujours d'après les salariées. Des accusations que nie fermement l'actuel secrétaire général. Jacques Arnal dénonce à mots couverts une manœuvre à l'approche des élections professionnelles dans les très petites entreprises. Il estime avoir pris toutes les mesures nécessaires pour protéger le personnel, "avec le soutien de la confédération".

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