Gérard Bertrand, le bio aux mille hectares

En un peu plus de 30 ans, vigneron et négociant, il est devenu le leader mondial de la biodynamie et du bio pour le vignoble français.

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Domaine de Cigalus (Gérard Bertrand) dans les Corbières, sur le terroir de Fontfroide, en Languedoc.
Domaine de Cigalus (Gérard Bertrand) dans les Corbières, sur le terroir de Fontfroide, en Languedoc. © Soufiane Zaidi

Temps de lecture : 6 min

Près de 1 000 hectares, répartis sur 16 domaines et les plus beaux terroirs du Languedoc, cultivés en totalité en biodynamie, des partenariats avec des dizaines de viticulteurs bio ou en conversion dans le cadre de son activité de négoce, Gérard Bertrand revendique depuis bientôt trente-cinq ans les « valeurs de la performance et de l'excellence ». Une ligne de conduite qu'il doit à sa carrière de rugbyman, au RC Narbonne Méditerranée d'abord, puis au Stade français en tant que capitaine. Plus de dix ans de sport de haut niveau, commencés en parallèle de l'apprentissage des métiers du vin aux côtés de son père Georges, décédé accidentellement en 1987. Une disparition qui le pousse à reprendre les rênes des activités familiales.

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À tout juste 22 ans, il se retrouve à la tête du château Villemajou, situé dans le vignoble des Corbières, sur le terroir du cru boutenac, ainsi que de la société de courtage. La suite est faite de rencontres. L'œnologue Marc Dubernet, pionnier, avec son père, dans le métier d'œnologue conseil et dont le laboratoire, aujourd'hui dirigé par son fils Matthieu, est l'un des plus pointus dans le domaine de la viticulture bio. Mais aussi Jean-Claude Berrouet (le vinificateur de Pétrus durant trente ans), Aubert de Villaine (La Romanée-Conti) ou Nicolas Joly, le chantre de la biodynamie, propriétaire de la Coulée de Serrant, cru monopole situé dans le vignoble de la Loire, à proximité d'Angers.

Gérard Bertrand, château l’Hospitalet en Languedoc.
 ©  Ulrich Lebeuf
Gérard Bertrand, château l’Hospitalet en Languedoc. © Ulrich Lebeuf
Pour Gérard Bertrand, c'est alors une révélation : « J'ai commencé à Cigalus, un de nos domaines, c'est là que je vis. La biodynamie, ça a d'abord été une prise de conscience, la volonté de vivre avec ma femme et mes enfants dans un environnement sain. Petit à petit, c'est devenu un vrai projet et on a converti l'intégralité de nos vignobles. Pendant les vendanges, on fait 20 km par jour dans les vignes, c'est plutôt sportif. On apporte des réponses individualisées pour chaque parcelle que l'on arpente à trois, on a une méthode bien précise de ramassage des baies. C'est passionnant. La biodynamie n'est pas réservée aux petits vignerons, chez nous ce sont 110 personnes qui s'occupent du vignoble. On laisse de l'autonomie aux équipes, une dédiée à chaque terroir. » D'abord soupçonné par les bios « historiques » de vouloir surfer sur la vague verte pour des raisons mercantiles, il est aujourd'hui un vrai leader, et peu importe les grincheux qui jalousent sa réussite.

Un tour complet du vignoble occitan

Ses 16 châteaux et domaines s'étendent du nord-ouest de Montpellier, dans les terrasses-du-larzac, au vignoble de Limoux, dans le département de l'Aude, mais aussi du littoral, en climat méditerranéen, à la zone la plus occidentale des appellations du Languedoc, le petit cru malepère, sous influences océaniques. « Dans la région, on peut parler de climats, comme l'on parle des climats en Bourgogne, c'est une chance, comme la diversité de notre encépagement. C'est très important pour l'avenir de nos vignobles. En 40 ans, le monde entier a pris entre 2 et 3 °C. Dans les années 80, on ne parlait pas de maturité phénolique*. Depuis, c'est une préoccupation : vendanger des raisins mûrs qui donnent des vins équilibrés est devenu un vrai sujet. Par exemple, le grenache et le carignan se sont adaptés au changement de température ; pour la syrah, il faut être plus prudent. L'équilibre terroirs-cépages est très important, et puis avec la biodynamie, le végétal est en meilleure santé, on rend la vigne plus résistante et adaptable, plus autonome aussi. »

Étape suivante : les vins sans sulfites. Un sujet auquel Gérard Bertrand s'est intéressé dès 2009 et qui a donné naissance aux gammes Naturae et Prima Nature. « J'ai d'abord goûté des vins nature, assez souvent déviants, puis les vins de Marcel Lapierre, en Beaujolais, ou de Henry Marionnet, en Touraine, bons mais à boire rapidement. Je pensais que l'on pouvait aller plus loin. On a 1 000 hectares en biodynamie, on utilise des doses très faibles de soufre. De ce fait, on a déjà la maîtrise du geste technique, alors passer aux vins sans soufre était juste l'étape suivante. »

*Concernant la maturité des raisins, on distingue la maturité technique (sucres et acidité) et la maturité phénolique (peau et pépins qui donnent, entre autres, les anthocyanes responsables de la couleur et les tanins qui se caractérisent par l'astringence et apportent aux vins texture et consistance).

Dégustation

Rosés :


16 – Gris blanc
IGP pays d'oc 2020
Rose pâle, nez fin, délicat, framboise, fraise, floral, bouche souple, onctueuse, long, finale saline, note amère délicate. 8,40 €.

17 – Source of Joy
Languedoc 2020
Rosé tendre, fruits rouges, bon volume, pulpeux, juteux, légère amertume qui fait saliver. 17 €.

15 – Prima Nature Chardonnay
IGP pays d'oc 2020
Sans sulfites. Fruits blancs, pêche blanche, pomme, bouche grasse, fraîche, amer fin, finale saline. 8,50 €.

15,5/16 – Domaine de l'Aigle Chardonnay
Limoux 2019
Fruits jaunes, bouche grasse, ample, un peu zeste de pomelo, boisé frais, finale tonique. 15,50 €.

18 – Aigle Royal Chardonnay
Limoux 2019
Nez délicat, fin, floral, fleurs blanches, note mentholée, amande grillée, note amère, long, élégant, bonne capacité de garde. 47 €.

15,5 – Château l'Hospitalet
La clape 2019
Nez délicat, fruits jaunes compotés, bouche grasse, fraîcheur anisée, touche saline en finale, bon volume, pulpeux. 25 €.

16/16,5 - Château de Villemajou
Corbières 2019
Fruits blancs, tendu, milieu de bouche frais, bon volume, amer fin, zeste, long, racé. 25 €.

17 - Château la Sauvageonne
Languedoc 2019
Nez un peu fermé, du volume, bonne amertume, sur la réserve, très séveux, note minérale, sapide, finale un peu astringente. 25 €.

15 - Cigalus
IGP aude hauterive 2019
Expressif, fruits blancs frais, bouche fraîche, juteuse, vin opulent, fraîcheur du sauvignon, bouche onctueuse. 31 €.

15,5 – Art de vivre
Clairette du languedoc adissan 2019
Fruits jaunes, pêche, abricot, un peu de résiduel, bouche ronde, gourmande, caractère typé du cépage. 11,90 €.

15,5/16 – Orange Gold
Vin de France 2020
Vin orange. Nez un peu compoté, marmelade, zeste d'orange, presque épicé, bouche fraîche, bien sèche, finale astringente, relevée, original. 11,90 €.

Rouges :

15 – Domaine de l'Estagnère
IGP cité de carcassonne 2018
Sans sulfites. Aromatique, sureau, cassis, myrtille, lard fumée, juteux, finale sur de petits tanins fins, serrés, séveux. 11,90 €.

17 – Domaine de l'Aigle Pinot noir
IGP haute vallée de l'aude 2018
Nez typé, griotte, kirsché, tabac blond, bouche souple, fine, acidulée, noyau, tanins un peu réglissés, finale séveuse, gourmand, poivrée. 15,50 €.

18 – Aigle Royal Pinot noir
IGP haute vallée de l'aude 2017
Nez complexe à l'aération, fruits noirs, burlat, de la chair, volume, tanins fins, profond, tanins de peau, bois de réglisse, long, savoureux. 47 €.

15,5/16 – Château de la Soujeole
Malepère 2017
Truffe fraîche, besoin d'aération, bouche riche, tanins poudrés, sapide, amer délicat, amer fin, fruits noirs, sureau. 25 €.

16,5/17 – Château la Sauvageonne
Terrasses du larzac 2018
Très joli nez séduisant, aérien, tanins veloutés, noyau, enrobé, gelé de mûre, ronce, sauvage garrigue, bois de réglisse. 25 €.

15 – Château l'Hospitalet
La Clape 2018
Fruits rouges, de la matière, un peu garrigue, note mentholée, résine, dans un style méridional classique. 39 €.

16,5/17 – Château de Villemajou
Corbières-boutenac 2017
Nez expressif, Fruits noirs, suie, encre, vin de garde, beaucoup de matière, riche, dense, bon potentiel, tanins serrés, bois de réglisse. 25 €.

17,5 – Cigalus
IGP aude hauterive 2019
Besoin d'aération, framboise, fraise, trame tannique puissante, laurier, résine en bouche, finale balsamique, sérieux. 39 €.

17 – L'Hospitalitas
La-clape 2018
Nez frais, droit, mûre, truffe noire, tapenade noire, vin riche et concentré, très savoureux, finale balsamique. 47 €.

18 – La Forge
Corbières-boutenac 2018
Fruits noirs, sureau, truffe, texture fine, tanins veloutés, amer fin, laurier, garrigue, notes florales, finale poivrée, juteux. 47 €.

19 – Clos d'Ora
Minervois-la-livinière 2017
Nez fin, fruits rouges, fraise, myrtille, raffiné, réglisse, tanins tendus, vifs, bouche onctueuse, en longueur, très élégant. 190 €.

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Commentaires (13)

  • syrcins

    Je suis également producteur de vins, blanc
    rosé, et rouge, "haut de gamme" pour situer, en zone méditerranéenne, et je peux vous certifier que nous avons de très bons produits à des prix au col très abordables, comme il s'en trouve en Bordelais, Bourgogne, Loire, et de manière générale dans toutes les régions viticoles de France, ainsi qu'il se trouve nombre de mauvais vins, parfois vendus très cher, dans également absolument toutes les régions viticoles, y compris appellations prestigieuses et confidentielles...
    Appartenir à une AOP, détenir un nom de château ou de cru spécifique, ne garantit en rien la qualité. Celle ci se travaille depuis avant même la plantation d'un vignoble, jusqu'à la commercialisation du vin prêt à consommer avec attention à toutes les étapes intermédiaires, et ce sur plusieurs années...
    Il y a les AOP qui travaillent généralement des assemblages de plusieurs cépages, y compris par ici en zone méditerranéenne, et d'importants volumes travaillés en cépages seuls, ce qui est mon cas personnel, pour lesquels les qualités sont abouties...
    Mes chardonnays n'ont rien à envier à la Bourgogne, mon merlot ou mon cabernet au Bordelais, et vous allez bondir si je vous dis avoir un excellent gewurztraminer... , sans oublier sauvignon, syrah, grenaches...

  • Naboléon

    Culham cela confirme mon précédent post, ce monsieur ne connait pas grand chose au vin. A Bx il y a de vrais châteaux et une histoire, des terroirs, rien n'est caché entre le vin de château, le second vin et on sait pourquoi. Au prix de certains Languedoc, il y a des milliers de vins de Bordeaux nettement meilleurs, c'est la mode du Bx bashing cela évite de connaître les vins et ne pas aller uniquement a la facilité des cépages

  • Naboléon

    Vous avez a Bordeaux d'excellents vins Castillon, Graves, quelques Medoc cru bourgeois, Fronsac... Tres nettement au dessus. Mais le Bx bashing fonctionne surtout chez ceux qui ne connaissent pas le vin. Les conso font dans le facile et le marketing c'est typiquement les du Languedoc