Pour le dire élégamment, la transplantation de microbiote fécal consiste à introduire des selles d’un donneur sain dans le tube digestif d’un patient receveur afin de rééquilibrer sa flore intestinale altérée. Peu engageante de prime abord, cette technique pourrait pourtant permettre à certains patients souffrant de cancer de bénéficier d'un traitement auquel il ne réponde pas sans cette “greffe fécale”. L'immunothérapie, qui consiste à stimuler les cellules du système immunitaire pour leur apprendre à s'attaquer aux tumeurs, a en effet révolutionné le traitement de nombreux cancers. Elle était d'ailleurs l'objet du prix Nobel de médecine en 2018. Toutefois, les résultats très efficaces de cette technique ne s'observent que chez 20% à 40% des patients. Pour tenter d'augmenter cette proportion de malades répondant à l'immunothérapie, l'une des pistes est d'agir sur la composition du microbiote dont les interactions avec l'immunité, pour mystérieuses qu'elles soient encore, ne sont plus à démontrer.
La greffe fécale, une promesse contre les mélanomes résistants
Des chercheurs du Hillman Cancer Center de l’UPMC et du National Cancer Institute (NCI) à Pittsburgh (États-Unis) viennent ainsi de démontrer qu'une intervention sur la composition du microbiote intestinal de patients atteints d’un mélanome avancé et n'ayant jamais répondu à l’immunothérapie permet à ces derniers de tirer bénéfice du précieux traitement. Une première démonstration de faisabilité chez l'humain pour ces cancers de la peau très agressifs qui est donc passé par la transplantation fécale.
Pour le dire élégamment, la transplantation de microbiote fécal consiste à introduire des selles d’un donneur sain dans le tube digestif d’un patient receveur afin de rééquilibrer sa flore intestinale altérée. Peu engageante de prime abord, cette technique pourrait pourtant permettre à certains patients souffrant de cancer de bénéficier d'un traitement auquel il ne réponde pas sans cette “greffe fécale”. L'immunothérapie, qui consiste à stimuler les cellules du système immunitaire pour leur apprendre à s'attaquer aux tumeurs, a en effet révolutionné le traitement de nombreux cancers. Elle était d'ailleurs l'objet du prix Nobel de médecine en 2018. Toutefois, les résultats très efficaces de cette technique ne s'observent que chez 20% à 40% des patients. Pour tenter d'augmenter cette proportion de malades répondant à l'immunothérapie, l'une des pistes est d'agir sur la composition du microbiote dont les interactions avec l'immunité, pour mystérieuses qu'elles soient encore, ne sont plus à démontrer.
La greffe fécale, une promesse contre les mélanomes résistants
Des chercheurs du Hillman Cancer Center de l’UPMC et du National Cancer Institute (NCI) à Pittsburgh (États-Unis) viennent ainsi de démontrer qu'une intervention sur la composition du microbiote intestinal de patients atteints d’un mélanome avancé et n'ayant jamais répondu à l’immunothérapie permet à ces derniers de tirer bénéfice du précieux traitement. Une première démonstration de faisabilité chez l'humain pour ces cancers de la peau très agressifs qui est donc passé par la transplantation fécale. En effet, pour cet essai clinique de phase 2 dont les résultats sont publiés par la revue Science, l'équipe a recueilli des échantillons de matières fécales de patients répondant, eux, très bien à l'immunothérapie anti-PD1 qui consiste en l'administration d'un anticorps monoclonal (pembrolizumab) dirigé contre la protéine PD-1 ; c'est cette protéine qui empêche le système immunitaire de s'attaquer aux cellules cancéreuses. Cette “flore fécale” a ensuite été transférée par coloscopie à 15 patients atteints d'un mélanome résistant, avant de les soumettre une nouvelle fois à l'immunothérapie anti-PD1. L'opération a permis à six d'entre eux de voir leur tumeur régresser pour la première fois sur un suivi d'un an.
L’analyse d'échantillons prélevés chez les receveurs de la transplantation fécale a révélé des changements immunologiques dans le sang et aux sites tumoraux suggérant une activation accrue des cellules immunitaires. L’intelligence artificielle a même pu lier ces changements au microbiote intestinal, probablement causés par la greffe fécale. “Nos résultats montrent qu’une seule transplantation de microbiote fécal administrée par coloscopie avec le blocage de la protéine PD-1 a réussi à coloniser l’intestin des répondeurs et à reprogrammer le micro-environnement tumoral pour surmonter la résistance primaire à l’anti-PD-1”, expliquent les chercheurs dans l'étude.
Trouver le bon cocktail de bactéries
Mais “la transplantation du microbiote fécal n’est qu’un moyen de parvenir à une fin”, a rappelé dans un communiqué l'auteur principal de l'étude Diwakar Davar. “Nous savons que la composition du microbiote intestinal peut modifier la probabilité de réponse à l’immunothérapie. Mais quelles sont les bonnes bactéries ? Il y a environ 100 milliards de bactéries intestinales et 200 fois plus de gènes bactériens dans le microbiome d’un individu que dans toutes ses cellules réunies.” Autrement dit, désormais, il s'agit d'identifier dans le détail les espèces bactériennes les plus à même de moduler l'immunité de façon à rendre opérante l'immunothérapie. L'objectif à terme est de remplacer la transplantation fécale par des pilules contenant un cocktail des microbes les plus bénéfiques. Mais le chemin sera encore long étant donné la complexité des écosystèmes intestinaux. “Même s’il reste beaucoup de travail à faire, notre étude suscite l’espoir de thérapies du cancer fondées sur le microbiote”, a déclaré dans un communiqué Hassane Zarour également co-auteur de l'étude.
Le rôle de la composition du microbiote intestinal dans l'efficacité, ou non, d'une immunothérapie avait été mis en évidence en 2015 dans une étude conduite chez les souris et publiée dans Science par l'équipe de Laurence Zitvogel au centre anticancer Gustave-Roussy (Villejuif). La transplantation de microbiote fécal, elle, est une procédure dont le cadre technique et règlementaire en vue d'essais cliniques n'a été défini qu'en 2014 par l'Agence nationale française de sécurité du médicament et des produits de santé (Ansm).