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Régionales : Andrea Kotarac, le transfuge mélenchoniste qui divise le RN
Andrea Kotarac (ici lors d'un meeting du RN le 12 janvier 2020 à Paris) a apporté son soutien à Marine Le Pen en 2019.
Michel Stoupak / NurPhoto via AFP

Régionales : Andrea Kotarac, le transfuge mélenchoniste qui divise le RN

Confidentiel

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Si Marine Le Pen s’apprête à aligner plusieurs anciens de LR aux élections régionales, elle hésite sur le cas d’Andrea Kotarac, seule prise de guerre venue de La France insoumise, qui brigue la tête de liste en Auvergne-Rhône-Alpes.

Le Rassemblement national avait signé un joli coup médiatique le 14 mai 2019, lorsque Andrea Kotarac avait annoncé son soutien à Marine Le Pen en vue des élections européennes. Pas que ce conseiller régional d’Auvergne-Rhône-Alpes soit connu à l’époque, mais il claquait la porte de La France insoumise, lui qui avait avait activement participé à la campagne de Jean-Luc Mélenchon en 2017. Une sacrée prise de guerre pour Marine Le Pen, qui a toujours défendu une ligne « ni droite ni gauche » mais, dans les faits, peine à susciter des ralliement venus de la gauche. Et hésite aujourd’hui à envoyer l’ancien insoumis au combat des élections régionales, décalées de mars à juin en raison du Covid-19...

Duel en Auvergne-Rhône-Alpes

Depuis 2019, Andrea Kotarac a fait son bonhomme de chemin au RN. Employé comme assistant de l’eurodéputé Hervé Juvin, il fait quelques apparitions médiatiques et a été candidat du parti à la métropole de Lyon aux municipales de 2020. Il brigue désormais la tête de liste en Auvergne-Rhône-Alpes. L’occasion de retrouver un mandat, lui qui avait démissionné du conseil régional après son ralliement à Marine Le Pen, mais surtout de s’offrir un match très médiatique face à Laurent Wauquiez, le président de région LR sortant.

Le trentenaire a été auditionné en octobre au siège du RN. Mais il n’est pas le seul prétendant à l’investiture. Le conseiller régional Alexis Jolly, un autre jeune espoir également responsable de la fédération de l’Isère, brigue lui aussi la tête de liste. Et à la tête du parti, on hésite... « Je ne sais pas pour qui je vais voter, confie un membre du bureau exécutif, la plus haute instance du RN. Andrea est plus au niveau et il a une meilleure exposition médiatique. Mais Alexis est plus populaire dans les fédés auvergnates. »

Guerre de clans

Comme souvent au RN, une guerre de clans se joue en coulisses. Andrea Kotarac compte des soutiens dans la frange droitière du parti, lui qui a sympathisé à Lyon avec des proches de Marion Maréchal. A l’inverse, des élus très proches de Marine Le Pen, dont Bruno Bilde, Steeve Briois et David Rachline, poussent Alexis Jolly. « Ils considèrent que Kotarac est très lié à la bande catho marioniste, ce qui me fait marrer, parce que c’est le seul rallié venu de la gauche ! », s’esclaffe un autre cadre, pour qui « c’est du 50-50 » entre les deux prétendants. Certains au RN ont bien suggéré à Kotarac de briguer une tête de liste ailleurs, mais ce natif de Haute-Savoie ne veut pas d’un parachutage.

Pour l’instant, le parti a investi plusieurs ralliés de la droite, comme Thierry Mariani, ex-ministre de Sarkozy qui conduira la liste en Paca, ou Sébastien Chenu, passé en 2014 de l’UMP au FN, candidat dans les Hauts-de-France. En Occitanie, c’est l’ex-député LR Jean-Paul Garraud qui tient la corde face au maire de Beaucaire, Julien Sanchez. Une investiture d’Andrea Kotarac viendrait rééquilibrer (un peu) la balance droite-gauche. Mais Marine Le Pen ne compte pas trancher tout de suite. Les dernières investitures pour les têtes de liste régionales seront annoncées « fin février ou début mars », dit-on au siège du RN.

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Natacha Polony, directrice de la rédaction de Marianne