Bill Gates au JDD : "Sur le climat, le monde n'a pas de plan assez sérieux"
Dans son livre Climat : comment éviter un désastre, Bill Gates réfléchit aux façons d'atteindre les objectifs zéro carbone et au rôle de l'innovation dans la lutte contre le changement climatique. Il appelle à des investissements massifs dans la recherche. L'ancien patron de Microsoft s'est confié au JDD.
"C'est indirectement que j'en suis venu à me concentrer sur le changement climatique." Dans son livre, Climat : comment éviter un désastre, à paraître le 17 février chez Flammarion, Bill Gates raconte son intérêt progressif pour les questions climatiques, découvertes en travaillant, avec sa fondation, "sur les problèmes de la misère énergétique". "Je me suis rendu à l'évidence : le monde doit fournir aux plus pauvres davantage d'énergie afin qu'ils puissent prospérer, mais nous devons veiller à ce que cette énergie ne produise pas davantage de gaz à effet de serre", écrit-il.
L'homme d'affaires y fait aussi son mea culpa. "Je suis loin d'être le porte-parole idéal sur la question du changement climatique, j'en suis conscient. Le monde ne manque pas d'hommes riches qui ont de grandes idées sur ce que les autres devraient faire, ou qui sont persuadés que la technologie pourra régler tous nos problèmes. Je possède de grandes maisons, je me déplace en jet privé (…) de quel droit puis-je donner des leçons à qui que ce soit sur l'environnement? Je plaide coupable. Je ne peux nier être un homme riche qui a ses opinions. Mais je pense savoir de quoi je parle et ne cesse de vouloir m'informer toujours plus."
Des objectifs atteignables
Sur ce sujet, l'ancien patron de Microsoft juge "possible" d'atteindre les objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre et le zéro carbone. "Mais ça va être très dur", dit-il, avant d'ajouter : "Cela va demander beaucoup de courage, des innovations techniques mais aussi des innovations sur la façon dont nous pensons les marchés et nos politiques."
Lors d'un entretien organisé fin janvier avec la presse européenne, Bill Gates a estimé que le monde n'avait pas encore pris assez au sérieux le changement climatique, en termes de plan. "Il y a beaucoup de discussions mais nous devons un plan clair pour atteindre les objectifs et nous devons mettre de l'argent", a-t-il défendu, disant espérer que son livre y contribue. "Les pays riches ont le devoir d'innover pour le monde entier", a-t-il encore jugé, évoquant par exemples les technologies de captation et de stockage du carbone dans lesquelles il investit.
Dans son livre, Bill Gates décrit ce qu'il appelle le "Green premium", littéralement "la prime verte". "Quelle est la différence de coût entre un produit qui implique des émissions de carbone et une alternative qui n'en émet pas? C'est cette différence de coût que j'appelle la prime verte et la comprendre est essentiel pour progresser dans la lutte contre le changement climatique", explique-t-il.
Des investissements radicaux
Et de prendre un exemple concret : le prix moyen d'un gallon (l'échelle de mesure outre-Atlantique) de carburant pour avion aux Etats-Unis est d'environ 2,22 dollars ; celui des biocarburants 5,35 dollars. Dans ce cas, la prime verte est la différence entre les deux, 3,13 dollars (soit une augmentation de plus de 140%). "Or, comme les compagnies aériennes ne sont pas prêtes à payer leur carburant deux fois plus cher et que les clients rechigneraient devant l'augmentation des tarifs aériens qui en résulterait, la prime verte sur les biocarburants suggère que nous devons trouver des moyens de les rendre moins chers ou de faire en sorte que le carburant traditionnel soit plus cher. Ou une combinaison des deux."
En la matière, l'homme d'affaires ne prône pas un changement radical mais des investissements radicaux. "Le monde ne peut pas changer radicalement en une nuit, les gens ont besoin de conserver leur travail, avance-t-il. On ne va pas arrêter de construire des immeubles, on ne va pas arrêter de faire voler des avions, on ne va pas réduire à zéro la consommation. Certains disent que nous pouvons y arriver en dix ans, mais ce n'est pas vrai. Les conséquences économiques seraient massives si on interdisait toutes les émissions liées aux activités. Mais oui, nous devons faire quelque chose qui n'a jamais été fait dans l'histoire, et oui, ça, c'est un peu radical. La seule façon d'y arriver est d'atteindre l'objectif de zéro émission. La science va devoir être radicale. Les investissements aussi."
Et de lancer un défi aux politiques. "C'est très facile de s'engager à l'horizon 2050, mais que faites-vous concrètement? Quel est votre plan? Il est temps de tester la sincérité des engagements."
Bill Gates, Climat : comment éviter un désastre. Les solutions actuelles, les innovations nécessaires. Editions Flammarion, 384 pages, 22,90 euros, parution le 17 février.
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