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Le réseau social TikTok ciblé par les associations de protection des consommateurs européens

TikTok avait restreint mi-janvier les paramètres de confidentialité de ses utilisateurs âgés de 13 à 15 ans.
TikTok avait restreint mi-janvier les paramètres de confidentialité de ses utilisateurs âgés de 13 à 15 ans. Danish Siddiqui / REUTERS

Un groupement d'associations accuse TikTok de ne pas être en règle avec le droit européen, notamment sur la protection des mineurs.

TikTok est dans le viseur du Bureau européen des unions de consommateurs (BEUC). Ce consortium des associations nationales de protection des consommateurs a déposé plainte à la Commission européenne contre le réseau social vidéo d'origine chinoise pour de multiples infractions aux droits des utilisateurs. Quinze associations membres du BEUC ont également saisi leurs autorités nationales. En France, l'UFC-Que Choisir a alerté la direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) .

«Le BEUC et ses membres souhaitent que les autorités lancent des investigations autour des pratiques de TikTok, afin de s'assurer que l'application respecte les droits des consommateurs européens», indique le consortium dans un communiqué. Ce dernier s'accompagne d'une étude d'une quarantaine de pages mettant en lumière des usages contestables.

Parmi celles-ci : TikTok n'a traduit ses conditions d'utilisation, sa politique de confidentialité ou les règles autour de sa monnaie virtuelle qu'en une poignée de langues européennes comme le français, l'allemand ou l'espagnol. Or, l'application est aussi très utilisée en Norvège, en Hongrie ou en Croatie sans que les utilisateurs ne puissent lire ces textes dans leur langue natale, ce qui est une infraction au droit des consommateurs.

Une insuffisante protection des mineurs

Autre problème : ces conditions d'utilisation sont rédigées dans un langage juridique «ambigu et peu clair». Au vu du nombre important de mineurs utilisant TikTok, «ces derniers devraient être capables de comprendre les conséquences légales et économiques de leurs décisions sur cette plateforme.» Le BEUC appelle à une réécriture de ces textes dans un langage accessible aux plus jeunes et dans la langue de leur pays. «Les lois européennes imposent de hauts standards de protection des consommateurs vulnérables», comme les enfants et les adolescents, rappelle-t-il.

«On peut affirmer qu'une part très importante des utilisateurs de TikTok sont des enfants de moins de 18 ans», poursuit le BEUC. L'application est en théorie interdite aux moins de 13 ans, et le réseau social empêche les 13-17 ans d'accéder à un nombre important de fonctionnalités, comme l'usage des messageries privées. Mais rien n'empêche l'utilisateur d'entrer une date de naissance fictive pour se créer un compte, et ainsi se faire passer pour un majeur.

Le BEUC estime que TikTok ne protège pas suffisamment ce public fragile. Il autorise le ciblage publicitaire des 13-17 ans. Et les publicités déguisées fleurissent dans l'application, sous forme de placement produit, sans qu'il soit écrit clairement et de manière visible qu'un partenariat rémunéré a été noué entre une marque et un influenceur. «Les enfants adorent TikTok mais cette entreprise échoue à les protéger. Nous ne souhaitons pas que les plus jeunes soient exposés à de la publicité déguisée et qu'ils deviennent des panneaux publicitaires à leur insu, alors qu'ils essayent juste de s'amuser», déclare Monique Goyens, directrice du BEUC, en faisant référence aux challenges dont raffolent les marques.

Une monnaie virtuelle opaque

Le consortium déplore par ailleurs que le réseau social expose les mineurs à des contenus inappropriés. Il s'est créé un faux compte en se faisant passer pour un enfant de treize ans, et s'est retrouvé immédiatement noyé sous des vidéos sexuellement suggestives.

Le BEUC dénonce également le système des cadeaux aux influenceurs. Les utilisateurs de TikTok peuvent acheter de la monnaie virtuelle (les «pièces»), qui sert à envoyer des stickers à leurs créateurs de contenus préférés. Ces cadeaux virtuels sont échangeables contre 20, 200, ou 2000 pièces, sans que la valeur en euros de ces stickers ne soit affichée. Certains coûtent pourtant plus de 100 euros...

«Le système est conçu de manière à ce que l'utilisateur oublie qu'il dépense de l'argent», note le Beuc, qui regrette que des garde-fous ne soient pas mis en place pour éviter que des enfants vident sans le vouloir le compte bancaire de leurs parents. L'achat de pièces est réservé aux utilisateurs de plus de 18 ans, mais rien n'empêche un adolescent de se créer une date de naissance fictive.

Les cadeaux reçus par les influenceurs sont, eux, convertis en «diamants», qui peuvent eux-mêmes être convertis en dollars. Mais à quel taux ? Et quelle commission TikTok s'octroie-t-il ? La réponse n'apparaît nulle part dans les conditions d'utilisation du réseau social, déplore le BEUC.

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48 commentaires
  • juliAAn

    le

    ça serait bien que des associations de la protection de l'enfance s'en mêle aussi. Beaucoup d'amis me racontent le comportement de leurs enfants sur ce réseaux et c'est totalement flippant. Un vivier pour les pédophiles.

  • Le canard looké

    le

    Et si ces associations, à l'instar de QAnon, pénétraient l'Europe pour le compte de Trump?

  • Vincent NETTER

    le

    Quels intérêts derrière ces attaques ?

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