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Danser au musée ! 8 instants de grâce en vidéos

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Publié le , mis à jour le
Depuis que Degas a invité la danse au musée, elle prend ses aises. Preuve en est avec ces huit petites perles qui se regardent en ligne : du flamenco au Prado, du hip-hop à la fondation Vuitton, de la danse contemporaine au Mamac… En corps et en musique, ces moments sublimes se découvrent avec émotion dans ces musées qui nous manquent tant.

1. Coup de jus pour la Fée Électricité

Le décor se reconnaît au premier coup d’œil : la grande fresque de La Fée Électricité (1937) du peintre Raoul Dufy, déployée en arc de cercle au Musée d’art moderne de Paris, est un écrin de choix pour la compagnie Massala. Créée en 2010 par le chorégraphe Fouad Boussouf, celle-ci revendique un melting-pot de références au hip-hop, à la danse contemporaine, aux danses folkloriques marocaines et au nouveau cirque. Pour sa pièce Näss (« les gens » en arabe), le chorégraphe réunit huit danseurs aux gestes larges et aux pas sonores, qui dansent en cercle, en duo ou en trio, et s’enrobent, s’aveuglant presque, dans le tissu de leur t-shirt. Électrisant !

2. Au Louvre-Lens, un huis-clos d’ombres et de lumières

L’exposition « Soleils noirs », consacrée à la couleur noire dans l’histoire de l’art, s’est confinée comme tout le monde en novembre. C’est dans ce cadre endormi, aux statues et aux tableaux recouverts de grands draps, qu’évoluent quatre danseurs selon une chorégraphie signée Sylvain Groud, directeur du Ballet du Nord. Une invitation du festival La beauté du geste, qui se découvre en ligne en attendant son édition physique en mars, et qui donne lieu à un court-métrage subtil réalisé par Léonard Barbier-Hourdin. Où les corps se nimbent de lumières colorées, qui passent du rouge au vert et du bleu au violet… Et démontrent avec éloquence les mille et une nuances du noir.

3. Castagnettes au musée du Prado

Les Ménines (1656) de Velázquez, entre autres chefs-d’œuvre, regardent derrière leurs vernis centenaires les danseurs de flamenco célébrer la Journée mondiale du Tourisme, le 27 septembre dernier. Un prétexte un chouïa commercial, qui invite surtout à faire l’éloge de l’art comme « lien qui dépasse les frontières ». Et quelle merveille ! Sept personnalités emblématiques du flamenco contemporain en condensent les possibles en une poignée de minutes, à la danse, au chant et aux castagnettes – avec un panache très queer pour certains. Un projet qui fait l’éloge du collectif aussi bien que des singularités, d’une très grande précision technique.

4. Inoubliable Lil Buck

En 2016, Lil Buck arpentait les couloirs et salles de la fondation Vuitton – et notre cœur chavirait. Il vibre encore aujourd’hui devant cette démarche souple et fluide comme un filet d’eau, qui se faufile dans l’architecture éclatante de Frank Gehry. Une prouesse qui défie les lois de la gravité, et fait dialoguer hip-hop et toiles grandioses. Signées Matisse et Picasso, celles-ci font partie de la collection Sergueï Chtchoukine, dont l’exposition reste dans les mémoires comme le plus grand succès de la fondation. Une conversation à bien des égards exceptionnelle.

5. Le Palais de Tokyo est en feu

Dans le sombre déroulé de l’année 2020, un rendez-vous a su remotiver les troupes et attirer à lui tous les regards : l’exposition des étudiants de l’école Kourtrajmé au Palais de Tokyo. Orchestré par la chorégraphe « Kourtrajmeuf » Carmel Loanga, ce clip d’une dizaine de minutes en restitue avec verve toute la saveur. D’abord avec une introduction à la manière de La Haine, le film réalisé par Mathieu Kassovitz en 1995, qui a servi de point de départ aux œuvres, puis en suivant les danseurs dans une furieuse transe collective, qui convie le hip-hop au sein des différentes installations – offrant ainsi l’occasion de revivre en mouvement cet accrochage fort en émotions.

6. Une liane et Jean Tinguely

En 2018, le MAMAC de Nice commande à la compagnie Antipodes une performance pour les salles de ses collections permanentes, notamment pour interagir avec les sculptures Meta Matics (1959) de Jean Tinguely. En résulte Animale, une création pour une seule interprète, Malou Bonvissuto, chorégraphiée par Lisie Philip et mise en musique par Laurent Tamagno. Souple et rapide, la danseuse se fait tantôt jaguar tantôt chat, vive et brutale, s’ouvrant parfois comme une fleur, ou vibrant comme une feuille dans le vent. Un superbe court-métrage signé Raphaël Thiers.

7. Étreintes fragiles au Victoria and Albert Museum

Duo d’artistes fondé en 2017, Fubunation réussit avec Ruins un tour de force d’une beauté folle. Rhys Dennis et Waddah Sinada déambulent avec grâce dans les espaces du V&A, s’étreignent, évoluent côte à côte, se répondent dans leurs gestes… Au fil de leurs pas étudiés, les danseurs formulent une réflexion sur l’amour, l’échange, la vulnérabilité, le conflit. Mais aussi sur la place des hommes de la diaspora africaine au sein d’un espace emblématique de la culture occidentale, en se frayant un chemin tout en élégance à travers les œuvres patrimoniales.

8. L’histoire d’une immigrante

An Immigrant’s Story n’aurait pu avoir de spectateurs en décembre 2020. Le projet s’est transformé, et est devenu La Visite, un court-métrage réalisé avec Tommy Pascal, dans le décor historiquement chargé du Palais de la Porte Dorée, actuel musée national de l’histoire de l’immigration. Wanjiru Kamuyu dialogue en solo avec le Forum, dont le décor entendait lors de sa création en 1931 montrer l’apport de la France aux pays colonisés. Elle évoque son propre rapport à l’immigration, du Kenya aux États-Unis d’abord, en France ensuite. Une création troublante à retrouver en ligne à l’occasion de la quatrième édition du festival L’envers du décor.

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L'Envers du décor #4

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