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Bretagne : réunis pour rendre hommage à un ami décédé, ils sont verbalisés par les gendarmes

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Vendredi 5 février, alors qu'il participaient à un hommage organisé suite au décès d'un maraîcher du village, une douzaine de personnes dont le maire de Saint-Gonlay (Ille-et-Vilaine) ont été verbalisés par les gendarmes. Le rassemblement a dépassé les horaires du couvre-feu.

Véhicule de gendarmerie. Véhicule de gendarmerie.
Véhicule de gendarmerie. © Radio France - Richard Vivion

Depuis quelques jours, une vidéo, déjà visionnée plusieurs dizaines de milliers de fois sur Internet, crée une vive émotion sur les réseaux sociaux. Face caméra, un homme évoque ce qu'il appelle "une scène ordinaire de dictature" rapportée sur Facebook par l'écrivain Alexandre Jardin.

Un hommage au maraîcher du village qui s'est suicidé

Selon ces propos, le vendredi 5 février, près de Rennes, un homme a été enterré après s'être pendu. Il ajoute que le maire de la commune aurait ouvert le café du village à la sortie du cimetière pour accueillir les personnes présentes lors de l'hommage à ce maraîcher. L'écrivain explique que des gendarmes sont arrivés pour verbaliser les "villageois" présents et que l'élu a dû faire redescendre la tension face aux militaires. En réalité, d'après nos informations, tout ne s'est pas passé exactement comme cela. 

Le 2 février dernier, Marcel, maraîcher bio dans le village de Saint-Gonlay, à l'ouest de Rennes s'est donné la mort. "Ça a été un vrai choc pour moi et pour les habitants. Il avait laissé un écrit dans lequel il expliquait qu'il souhaitait un petit hommage," explique Loïc Boisgerault, le maire de ce village de 300 habitants. "On s'est donc réuni sur la place où il avait l'habitude de venir vendre ses légumes dans le bourg tous les vendredis." 

Le rassemblement se poursuit en dehors du couvre-feu

Des amis, des membres de la famille, dont les enfants du défunt, se sont donc rassemblés le vendredi 5 février, en face du "Barakafé" le bar du village où le maraîcher bio avait l'habitude de venir vendre ses légumes chaque vendredi. Sur Facebook, des photos attestent d'ailleurs du passage des proches du défunt. Des bougies et fleurs ont été déposées devant l'établissement situé non loin de l'église.

"Mais à aucun moment nous ne sommes rentrés dans le bar," assure le maire. "Nous sommes restés à l'extérieur pour manger des crêpes et des galettes. Les gens portaient leur masque. Nous avons commencé à nous réunir vers 16h et c'est vrai qu'il restait un petit peu de monde après 18h," reconnait-il.

Des gendarmes un peu trop virulents ?

C'est à ce moment-là que les gendarmes sont arrivés. "Je pense que nous avons été dénoncés," regrette le maire. "Comme cela est expliqué dans la vidéo, il a fallu que je temporise un peu. Il y avait une quinzaine de gendarmes et il a fallu faire preuve de diplomatie. Les personnes présentes étaient très calmes, mais c'était un peu différent de l'autre côté," confie l'élu qui ne souhaite pas s'étendre davantage. "Je souhaite régler ce problème avec les personnes concernées." Au final, une douzaine de personnes sont verbalisées, dont Loïc Boisgerault, qui n'en revient toujours pas. 

De son côté, la gendarmerie avance une version légèrement différente. Vers 18h20 le centre de traitement des appels a reçu un signalement. Au bout du fil, la personne explique qu'elle a aperçu une cinquantaine de personnes, bière à la main, devant le bar de Saint-Gonlay. Devant le potentiel risque de débordement, quatorze militaires sont envoyés sur place. Ils arrivent peu avant 19h et constatent alors qu**'une trentaine d'adultes et dix enfants se trouvent effectivement devant le bar.** Certains sont éméchés et s'en prennent aux forces de l'ordre. 

La famille du défunt échappe aux sanctions

Les contraventions tombent alors. "Nous n'avons pas verbalisé la famille du défunt. Dans un premier temps, sa mère a reçu une contravention mais nous l'avons annulée lorsque nous avons pris connaissance du lien familial. Nous avons agi avec discernement en respectant le deuil de ces personnes mais nous ne pouvions pas ne pas faire respecter les règles et nous avons verbalisé les personnes les plus virulentes. Si monsieur le maire a joué les médiateurs, il s'est présenté comme l'organisateur du rassemblement et c'est à ce titre qu'il a été verbalisé," explique-t-on du côté de la gendarmerie.

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