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Frédérique Vidal veut demander au CNRS une enquête sur "l'islamo-gauchisme" à l'université

Frédérique Vidal, ministre de l'Enseignement supérieur, de la recherche et de l'innovation, le 22 juillet 2020 à Paris

Frédérique Vidal, ministre de l'Enseignement supérieur, de la recherche et de l'innovation, le 22 juillet 2020 à Paris - Christophe Ena © 2019 AFP

La ministre de l'Enseignement supérieur souhaite ainsi faire le distinguo entre "recherche académique" et "militantisme".

Mobilisée sur la précarité étudiante liée à la crise sanitaire actuelle ou sur la multiplication des dénonciations d'agressions sexuelles dans les IEP avec le hashtag #SciencesPorc, Frédéric Vidal ouvre un nouveau front. Invitée ce dimanche sur le plateau de Jean-Pierre Elkabbach sur CNews, la ministre de l'Enseignement supérieur a annoncé vouloir "demander notamment au CNRS (Centre national de la recherche scientifique) de faire une enquête sur l’ensemble des courants de recherche sur ces sujets dans l’université."

Par "ces sujets", la ministre parle de "l’islamo-gauchisme", qui selon elle "gangrène la société dans son ensemble", et donc l'université également.

Avec ces travaux, Frédérique Vidal souhaiterait ainsi "distinguer de ce qui relève de la recherche académique de ce qui relève justement du militantisme et de l’opinion", relate le site d'information scientifique Soundofscience, qui se fait l'écho de l'annonce.

"Alliance" entre Mao et Khomeini

"Ce qu’on observe à l’université, c’est que des gens peuvent utiliser leurs titres et l’aura qu’ils ont", affirme la ministre, malgré l'émoi provoqué dans le milieu universitaire par ces accusations, régulières ces derniers mois. "Ils sont minoritaires et certains le font pour porter des idées radicales ou des idées militantes de l’islamo-gauchisme en regardant toujours tout par le prisme de leur volonté de diviser, de fracturer, de désigner l’ennemi, etc…"

En guise de conclusion, la ministre a de nouveau persisté et signé dans son idée, prenant au mot une affirmation de Jean-Pierre Elkabbach selon laquelle la situation à l'université pourrait ressembler à "une sorte d’alliance, si je puis dire, entre Mao Zedong et l’Ayatollah Khomeini."

"Mais vous avez raison. Mais c’est bien pour ça qu’à chaque fois qu’un incident se produit, il est sanctionné, à chaque fois que quelque chose est empêché, c’est reprogrammé, mais je crois que l’immense majorité des universitaires sont conscients de cela et luttent contre cela", termine-t-elle.

Les universités déjà émues par des propos de Blanquer

Ce n'est pas la première fois qu'un membre du gouvernement utilise ce terme. En octobre dernier, le ministre de l'Éducation nationale Jean-Michel Blanquer avait à son tour dénoncé "l'islamo-gauchisme" qui fait selon lui "des ravages à l'université", prenant notamment pour cibles le syndicat étudiant Unef et La France Insoumise. "Notre société a été beaucoup trop perméable à des courants de pensée", avait-il alors ajouté au micro d'Europe 1.

Face à cette accusation, la Conférence des présidents d'université (CPU) s'était émue et avait tenu à répondre au ministre.

"Non, les universités ne sont pas des lieux où se construirait une 'idéologie' qui mène au pire. Non, les universités ne sont pas des lieux d'expression ou d'encouragement du fanatisme. Non, les universités ne sauraient être tenues pour complices du terrorisme", était-il affirmé dans un communiqué.
https://twitter.com/Hugo_Septier Hugo Septier Journaliste BFMTV