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BélarusDeux journalistes condamnées à deux ans de prison

Daria Tchoultsova et Katerina Bakhvalova à Minsk le 18 février 2021.

Daria Tchoultsova et Katerina Bakhvalova, de la chaîne d’opposition Belsat qui a son siège en Pologne, avaient été arrêtées le 15 novembre dans un appartement d’où elles venaient de filmer la violente dispersion d’une manifestation organisée en hommage à un militant d’opposition, Roman Bondarenko, mort quelques jours plus tôt après une arrestation musclée.

Leur lourde condamnation est la première de journalistes depuis le début du mouvement de contestation, à l’été 2020, après la réélection controversée du président bélarusse en août. Le pouvoir «n’a pas réussi à les briser ou à les intimider», a réagi la cheffe de l’opposition réfugiée en Lituanie, Svetlana Tikhanovskaïa.

«Répression honteuse»

Les deux femmes, respectivement âgées de 23 et 27 ans, s’estiment victimes de la répression en cours. Pendant leur procès, souriantes et défiantes, de la cage en métal réservée aux détenus, l’accusation, elles ont brandi leurs doigts en V, un signe de ralliement des détracteurs d’Alexandre Loukachenko.

Le Parquet les a accusées d’avoir incité la population à manifester illégalement en rediffusant en direct le rassemblement à la mémoire de l’opposant tué, ce qui a «gravement porté atteinte à l’ordre public». «J’ai montré ces événements à l’antenne et on me jette en prison pour ça en fabriquant des accusations», avait déclaré mercredi soir Katerina Bakhvalova, dans sa dernière prise de parole devant le tribunal.

«C’est une situation absurde car les journalistes ne faisaient que couvrir une action de protestation», a déclaré à la presse jeudi son avocat, Sergueï Zikratski, après l’énoncé du verdict.

Aleksy Dzikawicki, le directeur adjoint de Belsat, a dénoncé sur Twitter une «terreur criminelle». L’ONG Human Rights Watch a, quant à elle, exhorté les autorités bélarusses à «arrêter de traiter les journalistes comme leurs ennemis» tandis que la présidence polonaise a appelé à une «amnistie».

L’Union européenne a «fermement condamné» la poursuite de la «répression honteuse des médias» au Bélarus, par la voix de Peter Stano, le porte-parole du chef de la diplomatie européenne Josep Borrell.

«Nous nous tenons au côté du courageux peuple bélarusse et soutenons son droit à des élections libres et justes», a renchéri le secrétaire d’État américain Antony Blinken dans un communiqué. Les États-Unis ont annoncé imposer des restrictions de visas à 43 nouveaux responsables et personnalités bélarusses impliqués dans la répression.

Le régime bélarusse a réprimé les contestataires, les réduisant largement au silence à force d’arrestations marquées par des violences policières, tandis que des témoignages concordants font état de recours à la torture.

Toutes les figures de l’opposition sont emprisonnées ou en exil et des milliers de manifestants ont été arrêtés. En outre, onze journalistes se trouvent actuellement en prison, poursuivis dans le cadre de diverses enquêtes en lien avec le mouvement de contestation, selon l’association des journalistes bélarusses.

Procès et perquisitions

Vendredi commencera le procès de la journaliste de Tut.by Katerina Borisévitch et du médecin Artiom Sorokine. Détenus depuis trois mois, ils sont accusés d’avoir «divulgué des secrets médicaux» en publiant un document montrant que Roman Bondarenko était sobre au moment de sa mort, contrairement à ce qu’affirment les autorités. Ils risquent trois ans de prison.

En outre, la justice juge depuis mercredi pour corruption l’opposant Viktor Babaryko, arrêté en juin, tandis qu’il émergeait en tant que principal rival d’Alexandre Loukachenko en vue de la présidentielle d’août.

Une série de perquisitions ont encore visé cette semaine une vingtaine de journalistes et de militants associatifs et syndicaux, dans le cadre d’une enquête sur le financement et l’organisation des manifestations de 2020. Cette répression, en cours depuis des mois, a été condamnée par les pays occidentaux, l’UE et les États-Unis ayant pris des sanctions contre des proches du président bélarusse. Alexandre Loukachenko est resté sourd à ces pressions et s’est félicité d’avoir vaincu le mouvement de contestation, le qualifiant de «Blitzkrieg» occidental.