BFMTV
Santé

Les "oubliés de la vaccination": les 65-74 ans dans le brouillard jusqu'au printemps

Un volontaire de la Croix Rouge prépare une dose du vaccin AstraZeneca, le 11 février 2021 à Rome

Un volontaire de la Croix Rouge prépare une dose du vaccin AstraZeneca, le 11 février 2021 à Rome - Tiziana FABI © 2019 AFP

Sous le seuil des 75 ans, on ne peut encore accéder aux vaccins fondés sur la technologie de l'ARN messager. Au-delà de 65 ans, on ne peut prétendre au produit d'AstraZeneca. Et les 65-74 ans en sont donc réduits à patienter dans un entre-deux qui pourrait durer jusqu'au mois d'avril.

Les vaccins Pfizer / BioNTech et Moderna sont accessibles aux personnes âgées de 75 ans et plus, aux soignants, aux aides à domicile et aux personnes souffrant de pathologies. Et à personne d'autre à ce stade. Le vaccin AstraZeneca est ouvert pour le moment aux soignants de moins de 65 ans, et s'apprête à l'être pour les individus âgés de 50 à 64 ans. Il n'a pas encore fourni assez de données pour démontrer à la fois son innocuité et son efficacité au-delà de cette classe d'âge.

Dans l'entre-deux de dix ans qui se dessine, on trouve 7,3 millions de personnes, selon le chiffrage livré ici par France Info: les personnes dont l'âge s'étale de 65 à 74 ans.

Le doute des pouvoirs publics

Ces séniors sont encore dans le brouillard le plus épais quant au lancement de leur vaccination. Les autorités multiplient les prises de parole ces derniers jours afin de montrer que cet angle mort de la politique sanitaire ne leur a pas échappé... sans pour autant être en mesure d'apporter une date précise.

Jeudi soir, face à la presse, Olivier Véran, ministre de la Santé, a développé: "Nous avons fait le choix de prioriser les plus fragiles, les plus âgés, ce qui a nécessité une logistique extrêmement complexe, notamment dans les premiers jours de la campagne vaccinale. L’âge moyen du Français vacciné est de 72 ans. (...) En février puis en mars, la vaccination des 75 ans et plus va se poursuivre." Il a assuré que la vaccination des 65-74 ans s'effectuerait entre "fin mars et la mi-avril, en fonction de l’adhésion des personnes âgées de 75 ans et plus".

Vers un "chevauchement"?

Le même jour, sur les ondes d'Europe 1, Alain Fischer, le coordinateur de la politique vaccinale, a esquissé le même horizon: "L’objectif, c’est de commencer la vaccination (des 65-74 ans, NDLR) début avril."

La veille déjà le ministère de la Santé expliquait à Libération: "On priorise parce que le critère de l’âge est majeur dans le risque de développement de formes graves du Covid. Il faut qu’on aille vraiment loin dans la vaccination des plus de 75 ans, qu’on concentre tous nos efforts là-dessus et ensuite on passera évidemment le plus vite possible à la tranche d’âge des 65-74 ans."

Toutefois, le processus pourrait s'enclencher parallèlement à la fin de l'inoculation de la seconde injection aux personnes âgées de 75 ans et plus. C'est ce qu'a précisé la rue de Ségur au quotidien:

"Nous pensons qu’avec la deuxième injection, il va y avoir un chevauchement des deux populations. Nous verrons quand nous en aurons terminé avec les premières injections. A ce moment-là, il y aura un chevauchement et une décision sera prise au plus haut niveau pour élargir la cible vaccinale."

Nouvelle étape

Christophe Rapp, infectiologue à l'Hôpital américain de Paris, a assuré ce vendredi matin sur BFMTV au sujet des 65-74 ans: "Cette tranche d’âge n’est pas oubliée mais on attend les vaccins ARN messager puisqu’en France on n’a pas validé le AstraZeneca chez les plus de 65 ans."

Ce vaccin est pourtant sur le point de voir son périmètre d'action s'étendre. "une nouvelle étape de la stratégie vaccinale va être initiée. Elle concerne les adultes de 50 à 64 ans en bonne santé, à compter de début mars (l'injection sera possible dès le 25 février au cas où ces individus seraient atteints de comorbidités, NDLR), ils pourront être vaccinés par les médecins généralistes et par les pharmaciens rapidement", a précisé le spécialiste.

Selon lui cependant, il n'est pas impossible que la limite d'âge imposée au vaccin AstraZeneca soit levée: "Ça pourrait être revu parce qu’il faut rappeler que les Anglais ont vacciné avec de l’AstraZeneca sans distinction d’âge donc c’est encore quelque chose qui pourrait être amené à évoluer."

Santé Publique France a détaillé les chiffres actuels et généraux de la campagne de vaccination dans notre pays. À ce jour, 2.472.808 personnes ont reçu une dose de l'un des trois vaccins autorisés en France et 1.040.773 ont reçu leurs deux doses.

Robin Verner
Robin Verner Journaliste BFMTV