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Thomas Ngijol : "La France est devenue une bagarre de saloon générale"

Thomas Ngijol
Thomas Ngijol © Julien Faure / Paris Match
Clémence Duranton

L’acteur et humoriste revient sur Canal+ avec une émission piquante qui décrypte la société. Rencontre.

Il est connu pour ne pas être facile. Grande gueule, sans filtre… Et à peine arrivé dans le studio photo, il joue cartes sur table : « Je ne veux pas que vous pensiez que je suis un gros con, mais si je ne sens pas quelque chose, je ne le ferai pas. » Nous voilà prévenus. Après avoir ergoté autour de son incapacité à sourire à l’objectif et son refus d’être « le mec qui montre trop ses chaussettes », il se décrispe.

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Si Thomas Ngijol est là, c’est pour parler de son émission « Selon Thomas : deuxième vague ». Une première version avait marqué les esprits en 2018, le concept reste identique : une série de sketchs qui analysent la société, portés par l’écriture fine de Ngijol. D’emblée, il est clair que son expérience de père de famille nombreuse a laissé des traces. Se succèdent ainsi à l’image des parents tatillons, complotistes, paranos, exigeants – « Faut plus qu’elle mange de viande ! On préconise des graines. » « J’ai découvert le monde des parents d’élèves… Certains sont vraiment timbrés, considère l’humoriste. On a l’avenir entre nos mains, ce serait bien qu’on ne crée pas des petits cons. Les manifs, c’est bien beau, mais si on veut que demain soit meilleur, c’est d’abord dans nos foyers qu’on doit faire bouger les choses. » Il partage une anecdote sur une enfant qui a demandé à sa cadette : « Pourquoi tu es noire si tu es française ? » « J’ai cru naïvement que mes filles ne subiraient pas ce genre de réflexion. Je réalise que mes enfants vont, eux aussi, devoir se justifier. Ça fout le cafard. »

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Moi, je ne suis pas calme du tout, je suis un psychopathe qui gamberge en permanence !

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A travers ses sketchs, Ngijol pointe du doigt la schizophrénie d’une société qui accepte certains travers ordinaires mais condamne la première sortie de route. « Une maladresse et tu es raciste, homophobe, grossophobe… On a droit à l’erreur ! On ne change pas toute une société en deux ans. Au fin fond de la France, tu crois qu’ils comprennent #MeToo ? Bah non ! Et ce n’est pas grave. Il ne faut pas leur en vouloir de vivre dans une autre réalité et d’être d’une autre génération. » Jamais contente, la France ? « C’est devenu une bagarre de saloon générale. Les gens voient le mal partout. Va creuser un puits en Afrique, on dira qu’il n’y a pas assez de femmes dans l’équipe. »

Si l’homme a un avis tranché sur tout, ses sketchs subtils, sans méchanceté gratuite, arracheraient un sourire même aux plus sceptiques. Son interprétation du self-control avec trois vigiles de boîte de nuit en guise de conscience est exquise d’absurdité. « Un faux calme, c’est juste quelqu’un qui a suffisamment d’intelligence pour ne pas partir en vrille au moindre problème. Moi, je ne suis pas calme du tout, je suis un psychopathe qui gamberge en permanence ! » L’acteur s’est aussi amusé à parodier les créations originales de Canal avec Kad Merad ou à détourner les codes des émissions de décryptage de sport pour les appliquer à des scènes de la vie courante. 

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Je me rappelle encore Emmanuelle Béart avec les sans-papiers en 1996. Ça m’a marqué. C’était fort

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Bavard, il saute de sujet en sujet, fait des liens entre des idées improbables. Sans crier gare, il s’attaque aux réseaux sociaux, sourit de ces images postées en masse pour soutenir des causes dont « tout le monde aura oublié l’existence » quand le hashtag aura disparu. « C’est la prise d’otage de l’époque. Tu fais comme les autres pour ne pas passer pour le grand méchant du coin. Chacun se fait son trip à la Martin Luther King. » Il marque une pause pour rire de lui-même. « Je me suis quand même retrouvé sur le plateau de “Quotidien” quand j’ai posté le fameux carré noir pour Black Lives Matter ! » Malheur à celui qui l’appellera porte-parole de quoi que ce soit. En revanche, il refuse de « prétendre que tout va bien quand notre époque est catastrophique ». « Je me rappelle encore Emmanuelle Béart avec les sans-papiers en 1996. Ça m’a marqué. C’était fort. Je crois que les gens ont envie de ça, de vérité, de vibrer, que ça sente la sueur, les larmes… pas le post Instagram. »

A côté de lui dans le bureau où nous sommes installés, une pile de magazines, et, sur le dessus, le visage de Roselyne Bachelot. Il soupire en attrapant le canard. « Je ne sais pas quoi dire de cette histoire de “non essentiel”. Culture, pas culture, ce n’est pas la question. Je ne vais pas avoir plus d’empathie pour un jongleur que pour un restaurateur parce qu’il est artiste. La vie ne s’arrête pas à notre secteur. » Voilà qui est dit. Soyons rassurés, Thomas Ngijol est déjà vacciné... contre le politiquement correct.

« Selon Thomas : deuxième vague », le 19 février, à 21 heures, sur Canal+ puis sur MyCanal.

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